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Solaris n°215
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°215, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – article - critiques, été 2020, 162 pages, 13,95$ CAD

Au vu du contexte récent avec le coronavirus qui poursuit ses ravages sur les habitants de notre planète, Mario Tessier nous offre un article de circonstance : “La pandémie en littérature, en images et en musique, ou la peste en 10 repères choisis”. Le premier encadré fait froid dans le dos avec le bilan des principales pandémies. Des références récentes et d’autres bien plus anciennes étayent cet article intéressant. L’homme a toujours aimé se faire peur et il y a de quoi !



Avec “Les Épinettes à corneilles”, Josée Bérubé a remporté le Prix Solaris 2020. Une planète est exploitée pour ce qui ressemble à des arbres dorés. Serge, un bûcheron augmenté, n’obéit pas aux principes de précaution, ce qui lui permet d’appréhender le tragique de ces coupes. Cette nouvelle est dans la lignée écolo avec l’exploitation aveugle des ressources où les décideurs raisonnent avant tout en terme de profit et non d’éthique. La fin est drôlement tournée et l’ensemble a beau délivrer un message plein de bon sens et ne pas être dénué d’une certaine beauté, ce qui a du toucher le jury, le texte lauréat n’est de loin pas inoubliable.

Le constat est le même pour “Solitude” d’Alain Ducharme avec un vaisseau qui s’est posé sur une planète retirée et la demande d’aide de son pilote à une habitante. Si cette nouvelle s’inscrivait dans un cycle, complétant un point précis d’un roman par exemple, je comprendrais son intérêt, mais en l’état j’ai du mal à la cerner. Une fois achevée plane la question : « et... ? », ce qui n’est jamais bon.

Michèle Laframboise nous redonne le sourire avec “Dernières Vacances de la femme-termite”, un texte réjouissant et bien tourné. Une mineure a remporté à la loterie une retraite anticipée qui commence par un séjour dans un hôtel particulier. Elle n’a pas la langue dans la poche, voit ce qui se passe autour d’elle et est loin d’être naïve. Cela ressemble à un séjour idyllique, mais à bien y regarder la réalité transparait derrière les apparences. Il s’agit d’une femme de conviction qui a longtemps vécu à la dure, alors elle n’est pas du genre à se défiler !
Vraiment très agréable et original, aussi bien par le ton que par le déroulement.

Démineur, mais dans quel but ? Un gars qui a survécu jusqu’à présent, alors que tous ses coéquipiers y ont laissé la peau, à part le dernier qui lui tape sur le système, évite de se poser la question. Soit-disant que le paradis est au bout ! Il se contente de faire son boulot, ce qui n’est pas facile avec un tel abruti avec lui...
L’atmosphère est bien rendue avec ce côté répétitif et fataliste de la tâche, cette carotte agitée au loin et qui n’est peut-être pas si éloignée que ça. Quoique... Gabriel Veilleux ne part pas dans tous les sens, mais mène avec efficacité l’idée de départ de “Presque le paradis” à son terme.

“L’Effet quantocorticoïde” ne se manifeste que chez les enfants d’un certain âge. Pour obliger sa glande surrénale à générer des quantocorticoïdes, il faut une vive émotion. Maxim saute à chaque fois dans le vide pour lui permettre de voyager Outrepart. Les points d’arrivée se suivent mais ne se ressemblent pas. Le monde aquatique de Galmalwa a séduit Maxim qui y est devenu un héros et il est prêt à tout pour y retourner.
Claude Lalumière signe là une splendide nouvelle avec un effet permettant le voyage instantané vers un ailleurs plus ou moins exotique. Le concept est excellent et offre de très belles possibilités, ce que l’auteur démontre à merveille. Il y règne une ambiance bon enfant du fait de l’âge des personnages et les lecteurs ne peuvent que rêver à travers les aventures de Maxim. Une réussite !

Marcus se laisse toujours entraîner dans les plans foireux de Joseph. Sa femme l’a pourtant bien prévenu : « Laisse-le pas te fourrer encore. ». Marcus ressasse souvent cet avertissement plein de bon sens, mais ils ont déjà traversé le lac pour dévaliser les maisons évacuées par leurs propriétaires du fait d’une éruption. Avec “Gris”, on nage dans un nuage de cendres, tout est gris comme l’esprit de Marcus assailli par les doutes, d’autant que Joseph semble péter les plombs. Pas morale pour un sou, choc du début à la fin, cette nouvelle ressemble à un coup de poing, car elle tape dur.
Par contre, Dave Côté use à bon escient de l’argot de la langue locale adapté au contexte et pour un Français, ce n’est pas toujours facile à suivre, mais cela ne gâche rien. L’auteur nous en met plein la vie avec l’art et la manière. Il n’y a plus qu’à profiter d’un langage fleuri dans l’attente de l’inévitable clash.

La partie Nouvelles démarre doucement avec notamment un Prix Solaris dont j’attendais plus, mais à partir de la troisième nouvelle, c’est l’envolée pour le plus grand plaisir des lecteurs. Mario Tessier nous rappelle que la situation actuelle n’est finalement pas nouvelle mais le lot de l’humanité. Et n’oublions pas les trente pages de chroniques parfois très longues qui concluent ce numéro.

Un « Solaris » plaisant avec de très belles nouvelles au sommaire et inquiétant avec l’article de Mario Tessier rebondissant sur notre quotidien.


Titre : Solaris
Numéro : 215
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Grégory Fromenteau
Illustrations intérieures : Émilie Léger, Laurine Spehner, Sagana Squale et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 215
Période : été 2020
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625576
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
14 août 2020


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