Genre : drame
Durée : 1h37

Avec Hande Kodja (Nina), Céline Sallette (Lizzy), Gianni Giardinelli (Yann), Anais de Courson (Hélène), Isabelle Caubère (Madame Jobert), Shafik Ahmad (Malik) Martin Grandperret (le jeune homme sur la jonque)

La vingtaine, Lizzy et Nina sont des jeunes filles paumées. L’une, après une tentative de suicide, se retrouve dans un hôpital de repos. Descendue de Paris à La Rochelle grâce à une amie de sa cousine, Nina trouve un travail dans un golf. Mais son passé la rattrape. Elle est à son tour internée et copine avec Lizzy. Les jeunes filles décident, un soir, de faire le mur pour sortir faire la fête. Le périple commence.

Dédié à Maurice Pialat, « Meurtrières » est filmé par Patrick Grandperret, un de ses anciens collaborateurs. Le maître s’était passionné pour un fait divers des années 70, en avait commencé le film qu’il laissa inachevé, faute d’argent. « Meurtrières » pourrait être un film de Pialat. On y retrouve les thèmes et les ambiances proches du cinéaste mort en 2003. La cruauté, l’abandon, le sexe et l’argent, la dérive. On pense à « A nos amours », avec Sandrine Bonnaire ou « Sous le soleil de Satan », avec Depardieu.

« Meurtrières » est un film qui ne laisse pas indifférent le spectateur. Il assiste, impuissant, à la lente dérive de ces jeunes femmes abandonnées par les autres et par la chance. Elles se retrouvent à errer sur les routes désertes de l’Île de Ré, croisant des âmes peu scrupuleuses qui soit ne veulent pas les aider, soit ne les comprennent pas. La communication est bloquée. Elles plongent inexorablement vers la violence et rien ne peut les arrêter.

« Meurtrières » est le récit d’une histoire tragique, porté par des actrices sublimes. Hande Kodja, qui joue Nina, est d’une sensualité rare, quand son regard se perd, elle devient froide et absente, elle crée un malaise qui traduit toute son impuissance. Céline Sallette, elle, joue avec le regard et la voix. Quand elle parle avec les yeux, pas besoin de mots, et quand les mots sortent, elle sublime la scène. Ces actrices sont deux grandes de demain.

Filmé en Charente-Maritime, « Meurtrières » est dérangeant, triste et au style épuré. Le mal-être des héroïnes ballotées au gré des envies des personnes qu’elles rencontrent donne froid dans le dos. On a envie de leur tendre la main. On a envie de les bousculer pour qu’elles se réveillent et osent enfin demander de l’aide. Mais elles n’écoutent pas et continuent leur dérive meurtrière. Un film étrange mais un grand film de Patrick Grandperret. Pour spectateurs avertis.

FICHE TECHNIQUE

Réalisateur : Patrick Grandperret
Scénario : Frédérique Moreau, Patrick Grandperret, d’après une idée originale de Maurice Pialat

Productrice : Sylvie Danton
Producteur : Patrick Grandperret, Mathieu Bompoint

Musique originale : Silth
Directeur de la photographie : Pascal Caubère
Ingénieur du son : Jean-Louis Ughetto
Monteur : Dominique Gallieni

Production : Les Films du Worso, Studio Canal, Rectangle Productions

Distribution : Pan-Européenne