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Galaxies n°62 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°62, SF - nouvelles - articles - critiques, décembre 2019, 192 pages, 11€

En charge de ce numéro de « Galaxies » / « Mercury », Jean-Pierre Andrevon annonce qu’il ne réitèrera pas son rôle de rédacteur en chef, car il estime avoir fait le tour de ce dont il désirait parler.
Pour cette dernière, il a choisi de rendre deux hommages, un à René Barjavel à travers le dossier “Barjavel et l’écologie” et l’autre à Daniel Walther dans “Le service des affaires classées”.



Le dossier se compose d’un long article présentant René Barjavel, son œuvre et n’occulte rien de son passé avec des choix malheureux, son manque d’engagement. Un regard lucide est porté sur ses écrits, notamment les derniers. Les 20 pages sont passionnantes et instructives. Un essai de bibliographie précède la brève nouvelle “Colomb de la Lune” qui a donné naissance au roman éponyme et qui en étonnera plus d’un par la façon dont elle est menée.

Jean-Pierre Andrevon estime que Daniel Walther, décédé le 3 mars 2018, est l’auteur le plus oublié parmi ceux qui ont marqué le fantastique entre 1960 et 2000. 44 ouvrages (romans et recueils) publiés, plus de 160 nouvelles écrites, et pourtant l’Alsacien est tombé dans un certain oubli totalement immérité. Une longue introduction lui rend justice, avant l’intemporel “Flinguez-moi tout ça”, datant de novembre 1968. Le colonel ne semble avoir que ces mots en bouche, comme s’ils exprimaient la seule solution pour la colonisation d’une planète. Un texte sans concession qui n’a rien perdu de sa force pour dénoncer l’expansionnisme forcené et l’obéissance aveugle aux ordres.

Ce numéro 62 de « Galaxies » contient dix nouvelles en tout.
Céline Maltère trouble comme à son habitude le lecteur, le sortant de sa zone de confort avec une histoire d’homme reclus avec sa famille. La neige change tout et une vieille femme se présente à lui comme l’unique chance de l’humanité. Avec ses différents niveaux de lecture, “Les météorites” s’avère dérangeant.

Traduit du suédois, “Le vainqueur” de Patrick Centerwall ne laisse pas une trace impérissable dans les mémoires. Un messie aux allures d’Elvis Presley surgit soudain, détruisant des monuments emblématiques, annonçant que Dieu est mort et qu’il ne doit en rester qu’un, celui qu’il faudra alors adorer. Celui qui gagne ce challenge (!) le fait de manière sournoise. Même si en mai 2020, ce texte trouve de sinistres échos dans l’actualité, il est tiré par les cheveux.

“Le chœur malade” de Noé Gaillard et Richard Canal se révèle d’un autre niveau. Le Guide suprême est agressé, le chœur qui le protégeait a failli, une note fatale a pu le franchir. Un détective doit mener une enquête parallèle. L’idée d’une protection musicale, d’une protection rapprochée de femmes chantant ne manque pas de saveur et donne un ensemble très agréable.

Jeanne A. Debats réussit aussi parfaitement son coup. “Les anges rêvent-iels de Lamashires ?” nous plonge dans une société future très cloisonnée où la liberté n’est plus ce qu’elle était. Alors qu’elle a loupé son transport, une femme (?) décide de boire un verre en terrasse, le temps que l’appart partagé se libère. Pour payer, elle a le choix entre divers travaux, elle opte pour le rat à attraper dans la cave. Il y a de l’humour, de l’inventivité, des surprises de taille et le résultat est vraiment plaisant, aussi bien dans la forme que dans le fond.

Bruno Pochesci est resté sobre avec une voyageuse temporelle envoyant des lettres d’avertissement à un collabo, avant de lui apparaître. L’auteur n’en fait pas trop et mène “C’est pour demain” jusqu’à la conclusion sans faillir. Et l’explication de cette intervention ne manque pas d’élégance. Je trouve que ce registre va bien à l’auteur.

Fabienne Leloup a écrit une étonnante nouvelle, malsaine par bien des côtés. La religion s’est visiblement recyclée dans le traitement du sang, exploitant pour quelques sous ses ouailles en les siphonnant littéralement de ce précieux et lucratif fluide vital. “Vice pur” donne froid dans le dos et crée un certain malaise.

Philippe Astier délivre tout un florilège de textes sous le titre “Le festin des amnésiques”. Le processus créatif y est décrypté, une planète demande à être comprise, des apparitions expliquées... Le style est assez lourd, mais les textes ne manquent pas d’imagination.

Comment comprendre “Le ciel au-dessus” de Dominique Douay ? Je pensais qu’il s’agissait de gens sortant de stase dans un vaisseau ou dans un complexe fermé, mais ne peut-il s’agir de sorte de zombies ? Le manque d’explications permettant de saisir le contexte laisse un sentiment mitigé. Pas facile de cerner cette nouvelle.

Dans la partie rédactionnelle, Franck (Zaïtchick) Jammes décrit un héros de comics dont je n’avais jamais entendu parler : Loi martiale ! mais il a l’art et la manière de le présenter. Jean-Pierre Fontana s’attarde sur « Homunculus » (1916), un film d’Otto Rippert en 6 parties, avant que Jean-Pierre Andrevon ne chronique les films de l’imaginaire sortis du 1er mars au 31 août 2019.

Ce dernier « Galaxies » / « Mercury » sous la direction de Jean-Pierre Andrevon présente de belles choses au sommaire : deux vibrants hommages et des nouvelles plaisantes pour l’essentiel.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 62 (104 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédacteur en chef délégué : Jean-Pierre Andrevon
Couverture : Jean-Pierre Andrevon
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : décembre 2019
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376250876
Dimensions (en cm) : 13,5 x 21,1
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
24 mai 2020


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