Comme il est maintenant bien établi depuis quelques numéros, Émilie Querbalec nous rapporte, en préambule, les derniers potins scientifiques de la planète. C’est toujours très bien fait et intéressant.
Petit changement dans l’ordonnancement de la revue, ce n’est pas le dossier qui est ensuite proposé, mais un entretien avec Samantha Bailly, qui anime la Ligue des Auteurs Professionnels. Il est de fait qu’en dehors d’un petit nombre d’auteurs à succès, vivre de sa plume, c’est accepter de plonger dans la précarité et de connaître, plus sûrement qu’une autre profession, les lendemains qui déchantent. Revisiter le pourcentage des droits versés aux auteurs est une priorité, et il faudra bien, pour cela, faire plier les éditeurs, les diffuseurs et les libraires qui empochent la plus grande partie des gains d’un livre.
On apprend ensuite que la revue est nominée pour le « ESFS Achievement Awards », prix d’excellence du meilleur fanzine européen. Allez PdE  !

Vous avez demandé le dossier ? Vous aurez d’abord une nouvelle, signée Vincent Ferrique, “Hélégie l’organique et les tamagotchis”. Dans un monde merveilleux, dominé par Google, où vous pourrez vivre en couple tout en résidant chacun sur deux continents différents, avoir des gosses virtuels conformes à vos souhaits, la confrontation avec la dure réalité risquera d’être surprenante. Généralement, la nouvelle qui est livrée dans chaque numéro de « PdE » casse rarement la baraque, mais là, nous avons un petit bijou de speculative fiction qui fait froid dans le dos.

Enfin, le dossier « Young Adult », concocté par Marie-Hélène Hochet et Sylvie Gagnère nous est donné à découvrir. Les thèmes abordés dans chaque numéro de « PdE » sont variés et traités avec, le plus souvent, une bonne approche du sujet. Ici, je dois reconnaître que c’est un des meilleurs dossiers que j’ai eu à lire dans cette revue. Le sujet est passionnant et comporte plusieurs facettes : il est d’actualité, il le sera toujours, et il concerne une tranche d’âge où se construit la personnalité de chaque individu. Les auteurs qui l’abordent ont une immense responsabilité, en raison des valeurs qu’il peuvent véhiculer. Les rédactrices de cet article décortiquent avec beaucoup de soin et de pédagogie cette littérature, segmentée en « jeunesse » et « jeune adulte » et qui couvre un spectre qui s’étend de 8 à 25 ans. Les éditeurs, qui ont depuis longtemps flairé le filon, proposent une large variété d’ouvrages destinés à ce public dont, bien sûr, pas mal de créations SFFF, où la fantasy semble avoir la part belle. Ce découpage n’est pas nouveau, il suffit de se remémorer la « bibliothèque rose » et « la bibliothèque verte » de nos tendres années. Mais l’offre s’est étoffée, adaptée aux préoccupations contemporaines, tout en apportant la nécessaire part de rêve dont ce public est friand. Ce dossier très complet est enrichi par des témoignages de lecteurs, d’auteurs et même d’un libraire. À cela s’ajoute une bibliographie choisie. Excellent !

Un passage en revue assez copieux de livres et de BD suit. Michèle Gagnère se penche sur les artbooks. Vincent Delrue, de son côté, propose de confronter un livre au film qu’il a inspiré. C’est une fort bonne idée, et il traite ici de « L’Âge de Cristal », de ses suites, du film et de la série qui en découlent. Très intéressant.
Ce numéro passionnant s’achève avec les rubriques habituelles consacrées aux vidéos et aux comics.

Un très bon « Présences d’Esprits », qui aborde avec minutie et clarté l’univers de la littérature « Young Adult ».

Titre : Présences d’Esprits
Numéro : 98
Couverture : Yuumei
Rédacteur en chef : Bénédicte Taffin
Directrice de publication : Evelyne Beuzit
Type : fanzine
Genres : SF, articles, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : automne 2019
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1291-2689
Format : 21 x 29,7 cm
Pages : 52
Prix : 5 €