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Ils ont tué Leo Frank
Xavier Bétaucourt et Olivier Perret
Steinkis

Atlanta en 1913, la jeune Mary Phagan est retrouvée étranglée sur son lieu de travail. Pressée par les journaux et la mairie, la police désigne au plus vite un suspect : Leo Frank, le patron de l’usine qui est le dernier à l’avoir vue vivante…



Le récit débute le 17 août 1915 quand une foule d’hommes masqués enlève un prisonnier et le pend. Olivier Perret représente cet acte horrible presque sans une parole. Le lecteur est pris tout de suite et suit l’enquête pour comprendre comment on en est arrivé là. La réponse se trouve en 1982 quand deux journalistes viennent voir le vieillard Alonzo Mann. Il travaillait comme garçon de bureau pour Franck. Se sachant condamné, il veut délivrer sa conscience et livrer sa vérité.

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Dans ce scandale national, la presse a un rôle déterminant. L’affaire est révélée par un journaliste qui dormait dans la voiture des flics. Le grand patron de presse Randolf Hearst va alors publier jusqu’à huit éditions spéciales par jour. Chaque témoignage y est reporté suscitant le plus de rebondissements possibles.
Dès le lendemain des premiers articles, le maire fait pression sur les policiers. Les inspecteurs bâclent le travail, font l’impasse sur la prise des empreintes et mènent une enquête à charge contre Frank.
Juif, trop froid et silencieux, il est un coupable parfait. Le livre ne s’arrête pas à l’enquête. La mise en examen est le signal d’une course de vitesse entre défense et procureur. Alors que la presse a gravement perturbé le déroulement des investigations, c’est finalement par un soutien du New York Times, puis de l’article de 1982 que la vérité éclate.

En suivant Alonzo Mann, enfant dans les rues d’Atlanta, Xavier Bétaucourt présente le contexte de 1913 : de fortes inégalités sociales et des tensions entre Blancs et Noirs. Plus qu’une affaire judiciaire, cet événement local est symptomatique d’une situation sociale explosive. La moitié des enfants souffrent de malnutrition, d’anémie et de problèmes cardiaques. Les maisons closes fréquentées par les riches profitent de la pauvreté de leurs salariées. Elles ne peuvent obtenir d’aide car la police corrompue soutient les riches. Le racisme s’exprime au grand jour comme lors du Confederate Memorial Day célébrant la fierté sudiste.

Xavier Bétaucourt est par ailleurs journaliste ce qui se ressent dans la construction du récit. Il cherche à être le plus proche possible des faits. Olivier Perret, au dessin, opère le même travail de réalisme comme le démontrent les photos en fin d’ouvrage.

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« Ils ont tué Leo Frank » est une œuvre forte. Une enquête pour réhabiliter un innocent et sur le contexte des États-Unis au début du XXe siècle. La frontière entre le bien et le mal est souvent floue quand on perçoit dans les propos des avocats le racisme de la défense et l’antisémitisme de l’accusation. En dépit du refus des autorités d’admettre leurs erreurs, ce livre montre des hommes courageux luttant pour faire éclater la vérité.
Alors que les actes xénophobes et antisémites ne cessent d’augmenter, ce fait divers ancien résonne cruellement avec l’actualité et la fin du discours de Donald Trump à propos de la manifestation des suprématistes blancs à Charlottesville


Ils ont tué Leo Frank
- Scénario : Xavier Bétaucourt
- Dessin : Olivier Perret
- Couleurs : Olivier Perret
- Éditeur : Steinkis
- Pagination : 102 pages couleurs
- Format : 20 x 26 cm
- Dépôt légal : 20 février 2020
- Numéro ISBN : 9782368463734
- Prix public : 18 €


Illustrations © Olivier Perret et Steinkis (2020)



Corentin Grebert
30 juillet 2020




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