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Monstres et les Critiques et Autres Essais (Les)
Tolkien
Bourgois

Avec ce nouvel ouvrage paru sous la houlette de Christopher Tolkien, il s’agit de se plonger dans l’univers personnel de Tolkien, dans ce qui était la base de sa vie : la langue. Ou mieux, son amour de la langue, car ce qui transparaît au fil des pages est la passion que Tolkien entretenait pour les langues.



Le professeur à Oxford était, bien qu’il s’en défende (trop souvent) à longueur de pages, un spécialiste en son domaine, un philologue hors pair. Vieil-angais, gallois, finnois, latin, grec,... toutes ces langues semblent n’avoir aucun secret pour lui.
Point n’est besoin cependant d’être un expert pour goûter aux propos de l’auteur car il s’agit pour la plupart de textes de conférences abordables pour le néophyte. En dehors de quelques pages consacrées à l’évolution des sons en vieil anglais, l’ensemble est accessible pour tout amateur de l’univers du Seigneur des Anneaux, univers qui n’apparaît jamais dans les sept articles présentés.

Tolkien aborde le problème de la traduction au travers de deux textes, Beowulf : les monstres et les critiques et Traduire Beowulf. Loin de rejeter ce « bon compagnon » lorsque la traduction est bien faite, il considère que l’exercice est nécessaire pour ceux qui n’ont pas la possibilité de lire un texte en version originale. Pour cela, un traducteur ne doit pas rajeunir ou vieillir le vocabulaire, doit connaître la structure des deux langues qu’il emploie et s’attacher au jeu des sons, d’où Tolkien tire son amour pour une langue. Ceci implique également de connaître l’histoire du pays de l’auteur et l’histoire de sa langue. La traduction est un exercice bien difficile, mais elle est utile même si, comme l’écrit Tolkien, un étudiant d’anglais ne peut s’en contenter pour étudier Beowulf.

Le gallois tient une place à part dans la vie et l’œuvre de Tolkien, ce que l’on constate dans Anglais et gallois. Ce texte est édifiant sur l’amour que Tolkien portait aux langues. Il traite donc du breton, cette langue bien plus ancienne que l’anglais, du choc des langues suite aux chocs militaires et culturels, des liens et de l’interactivité des langues lorsqu’elles coexistent sur un même territoire. Tolkien rappelle aussi l’indispensable connaissance du gallois pour l’étude du vieil-anglais.
Bien évidemment, Tolkien est avant tout attiré par les textes anciens, comme Beowulf ou Sire Gauvain et le chevalier vert. Il consacre un texte à chaque œuvre et décortique quelques points principaux. Tolkien affirme que la grandeur d’un sujet ne lui est pas inhérente, et que Beowulf n’est pas un texte historique mais un poème. Le sujet de Beowulf est simple, mais sa qualité poétique extraordinaire, sa valeur artistique, lui donnent une dimension supérieure.
Dans Sire Gauvain et le chevalier vert (inédit), Tolkien s’attache à l’analyse du combat moral de Gauvain entre ses obligations de chevalier courtois et son respect de la vertu chrétienne. Il en profite pour égratigner certains de ses collègues pour leur analyse erronée, notamment sur le passage de la confession de Gauvain, qui ne peut en aucun cas être fausse. L’enthousiasme de Tolkien donne envie de lire ce poème qui n’a d’égal, d’après lui, que le Troïlus et Cressida de Chaucer.

Vice secret (inédit) est le texte d’une conférence où Tolkien parle des langages inventés par les enfants, et où il aborde sa propre réalisation dans le domaine. Il détaille les différentes étapes vécues jusqu’à l’aboutissement qu’il présente alors. C’était la première révélation publique (1931) de ce travail essentiel pour le reste de son œuvre, et on y retrouve déjà un nom bien connu, Luthien.
Plus connu est l’essai sur les contes de fées, où Tolkien revient sur les origines et les éléments qui composent ce genre de récit, qui a un rôle évident pour lui : fuir la Mort. A noter que ce texte est proposé dans une nouvelle traduction.

L’ensemble des textes prouve d’une part que les conférences de Tolkien devaient être fort denses et rudes à suivre pour l’auditoire, et d’autre part que Tolkien n’était pas avare de coups de patte, envers les étudiants superficiels, les critiques ou professeurs paresseux, et même l’école d’Oxford (son employeur) qu’il n’épargne pas dans son discours d’adieu de 1959.
Au final, à qui s’adresse ce recueil ? A tous ceux qui veulent découvrir un peu plus l’homme Tolkien, à tous ceux qui se sont passionnés pour l’œuvre du Professeur, mais aussi à ceux qui aiment manier la langue.

Fiche technique :
- Titre : Les monstres et les critiques et autres essais
- Auteur : J.R.R. Tolkien
- Traduction : De l’anglais par Christine Laferrière
- Couverture : J.R.R. Tolkien
- Nombre de pages : 300
- Éditeur : Bourgois
- Site Internet de l’Éditeur : www.christianbourgois-editeur.fr-Dépôt légal : mai 2006
- Format : 15,3 * 24
- ISBN : 2-267-01820-9
- EAN : 9-78226701202
- Prix : 22 €


26 juin 2006


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