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Galaxies n°61 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°61, SF - nouvelles - articles - critiques, septembre 2019, 192 pages, 11€

Ce « Galaxies » nous offre un panorama de la science-fiction francophone au Canada, notamment grâce à l’important article de Jean-Louis Trudel décrivant les quatre époques charnières de la montée en puissance de la production locale de SF. À l’aide de graphiques, la démonstration n’en est que plus parlante. Démographie, auteurs émergeant qui ont tiré le genre vers le haut (Elisabeth Vonarburg au premier chef)... Jean-Louis Trudel explique très bien le phénomène.



Quelques questions sont posées à Yves Meynard, l’auteur du remarquable « Livre des chevaliers », mais il s’agit de fantasy. Pour l’anecdote, sous le pseudo de Laurent McAllister, Jean-Louis Trudel et lui ont signé quelques ouvrages (« Suprématie » chez Bragelonne entre autres). Détail intéressant : Yves Meynard écrit aussi bien en anglais qu’en français, cela dépend finalement du support pour lequel est prévu le texte.
Notons d’ailleurs qu’il y a des auteurs canadiens francophones qui n’écrivent qu’en anglais. Les lecteurs de « Galaxies » penseront bien sûr à Aliette de Bodard et ceux de « Solaris » à Claude Lalumière.

Deux nouvelles accompagnent ce dossier.
Humour pour Dave Côté avec “Les olives de 4H3SSO-L24A”. Bien des extra terrestres bravent l’administration pour une incursion sur Terre, afin de pouvoir goûter le met des mets : l’olive. Attention toutefois au malentendu ! Petit air de Godzilla pour un texte qui ne se prend pas au sérieux.
Michèle Laframboise nous envoie sur Mars dans une sorte de serre où des “Tinkerbelles” assurent la pollinisation des plantes du jardin. Le succès entraîne des jalousies qui peuvent aller jusqu’au sabotage. Un personnage central remarquable, un déroulement prenant, de l’humanité... une très belle réussite.

Au dossier figure aussi un article “La traduction des textes de science-fiction : le cas de Rich Larson” dans lequel Émilie Laramée explique toutes les difficultés de l’exercice, les choix à effectuer... Et suivant le public, Français ou Canadiens francophones, elle ne traduira pas de la même manière, appuyant sa démonstration sur la nouvelle “Décrassage” de Rich Larson au présent sommaire. Lisant régulièrement l’auteur dans « Solaris », je ne suis pas forcément convaincu par cette façon de faire.
D’ailleurs, ce texte relève-t-il de la SF ? On peut se poser la question, même si le discours est d’actualité et soulève bien des interrogations sur le cas de conscience posé. Néanmoins, Rich Larson sait toujours déranger le lecteur.
Le dossier injustement nommé SF au Québec s’avère de très bonne facture et, pour conclure, j’incite les lecteurs à se pencher sur les deux très bonnes revues « Solaris » et « Brins d’Éternité », vitrines remarquables de la production francophone au Canada.

Seconde du Prix Alain le Bussy 2019 avec “Cristal”, Betty Biedermann n’est pas sans évoquer le roman « La forêt de cristal » de Ballard. Une substance gagne du terrain, englobant tout dans une gangue cristalline. Tout le monde ne consent pas à fuir. Il s’agit d’un texte assez intimiste, bien écrit, empreint de tristesse et de beauté, qui fait son effet.

Ken Liu dénonce l’exploitation des peuplades isolées, la gentillesse que l’on peut qualifier de naïveté avec laquelle elles partagent leurs connaissances avec les étrangers, et tout ça pour le seul profit de ces derniers. “Nouer des liens” ne peut que faire réagir et prendre fait et cause pour les gens qui se font abuser par des requins sans scrupules. Et puis l’idée de départ, l’écriture à base de nœuds, est développée de manière inattendue et efficace. C’est toujours une belle expérience de lire Ken Liu.

Antoine Lencou nous régale d’un imaginaire minimaliste mais très bien mis en scène. Dans “Baignade en eau vive”, les machines font tout, les hommes sont tous identifiés, sauf quelques uns en marge et qui évoluent sous les radars. C’est ainsi qu’une petite fille fait la conversation avec une piscine dans un complexe dangereux sécurisé. Elle aimerait bien se baigner, ce qui est interdit et pour cause... Même les logiciels ont leurs humeurs et peuvent s’énerver ici. Une idée très originale comme point de départ et un régal au final.

La nature périclite, qu’importe, remplaçons-la par des créations artificielles. “Futurisme” de Marc Elder étire ce concept jusqu’à l’absurde. Précisons que ce texte date de 1931, ce qui ne fait que renforcer sa puissance d’évocation.

“Le grand jeu” est un autre échantillon des 18 nouvelles ésotériques signées Paul Hanost. Comme la fois précédente, je me dis qu’il faut être initié pour en comprendre la finalité ou que les 18 nouvelles forment un tout éclairant chacune de ses parties qui, prises individuellement, restent obscures.

Du côté des articles, “Musique et SF” s’attarde sur John Serrie qui écrivait des morceaux pour les planétariums. Étonnant !
Impliqué dans la publication de « Perry Rhodan » en France, Jean-Michel Archaimbault raconte cette vaste épopée, véritable phénomène éditorial outre-Rhin et que les éditions Fleuve noir n’ont pas su aborder à sa juste mesure et exploiter. En 2020, une fois le cycle en cours « L’armada infinie » achevé, exit « Perry Rhodan » en français. Un beau gâchis...
Pierre Stolze nous présente à chaque fois des livres à petits tirages, des publications sans l’étiquette imaginaire mais en relevant... bref, ce qui peut facilement échapper à l’amateur d’imaginaire. Par contre, je ne comprends pas pourquoi il s’étend sur des titres qu’il déconseille au final : « On ignorera superbement les trois autres ». C’était bien la peine de couvrir presque 4 pages avec ! Se consacrer à de vraies pistes de lecture serait plus constructif.
Et le numéro s’achèvent par son traditionnel lot de chroniques livres et BD.

Des nouvelles pour la majorité très prenantes, un dossier instructif sur la SF francophone au Canada, un article sur la chronique de la mort annoncée de « Perry Rhodan » en version française nous donnent un « Galaxies » grand cru.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 61 (103 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Grégory Fromenteau
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : septembre 2019
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376250838
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
16 novembre 2019


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