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Etherval n°14 - Intestat
Association des plumes de l’Imaginaire
Fanzine, n°14, science-fiction/fantastique/fantasy, nouvelles-articles-détente, avril 2019, 70 pages, 8€

Cette nouvelle livraison d’« Etherval » se penche sur la thématique de l’héritage. Le legs sera-t-il une bénédiction ou une malédiction pour celle ou celui qui le recevra ?



Pour Catherine Loiseau qui, avec “Un bon gobelin”, poursuit la peinture de son univers peuplé de gobelins, d’elfes ou de nains, l’héritage dont il est question a pour objet de mettre des bâtons dans les roues à un concurrent. Il s’agit en effet de compromettre la construction par les gobelins d’un ouvrage destiné aux nains et dont le marché a échappé aux elfes, manifestement mauvais perdants. Comme pour ses précédents textes, Catherine Loiseau soigne la construction de son histoire et même si cet univers de fantasy n’est pas ma tasse de thé, je dois en reconnaître la qualité.

“Le Legs du mage-verrier” de Vincent Ferrique, malgré l’effort réalisé pour proposer une intrigue cohérente souffre de quelques faiblesses qui révèlent un auteur débutant. Ce n’est pas une critique d’ailleurs, c’est le rôle de revues comme « Etherval » – et d’autres – que de permettre à de jeunes (ou moins jeunes) auteurs en herbe d’être publiés, et l’on commence rarement sa carrière par un chef-d’œuvre. Exemple d’invraisemblance relevé ici : imaginez-vous des policiers terrifiés par la nature de l’indice matériel d’un crime sonner à votre porte pour vous restituer l’indice en question ?

Changement de registre avec “La Vieille demeure indigne” de Régine Philippe, ou comment se glisser dans la « peau » d’une meulière délabrée, satisfaite de l’état d’abandon dans lequel elle se trouve et aspirant à la quiétude. Cependant, un obscur notaire va dénicher une héritière qui va entreprendre d’y emménager, perturbant ainsi la tranquillité de la bâtisse. C’est fort bien vu, et même si la fin est prévisible, on adhère totalement à l’histoire.

“Dessine-moi un poisson” de Charlotte Bona verse dans le post-apocalyptique et l’héritage en question est celui, laissé à nos enfants, d’un monde usé et pollué. Les habitants réfugiés dans des paradis artificiels sont déconnectés de la réalité extérieure, et la curiosité d’une fillette, possédée par le désir de voir un vrai poisson, va nous révéler toute l’étendue du désastre. C’est un beau texte assez prenant.

Retour en fantasy avec “Le Trésor de Verveine-Rose” de Gaëlle Douguet-Dinhut. Une vieille « gnomesse » trépasse et l’un de ses héritiers, manifestement cupide et prodigue n’a de cesse que de mettre la main sur l’or de la défunte. Mais celle-ci avait prévu le coup. Un texte agréable à lire.

On bascule dans le fantastique avec “À tombeau ouvert” de Hélène Duc. Un homme a jadis déshonoré sa famille en abandonnant sa promise en pleine cérémonie de mariage pour les bras d’une autre. L’action se passe en Louisiane. La tante qui a maudit son neveu décède et celui-ci hérite de sa plantation, qu’il va découvrir abandonnée et redoutée des habitants du village voisin. La suite dira s’il a eu raison d’accepter l’héritage de sa tante. Une histoire bien ficelée, qui distille graduellement une belle atmosphère d’angoisse puis de terreur.

Je ne sais pas où est la thématique de l’héritage dans “Cieux” de Elena Natrochvili qui met en scène un bestiaire original, sur une terre où règne une paix fragile. Une des créatures peuplant ce monde est appelée assez fermement à la rescousse d’une de ses anciennes connaissances pour mettre un terme aux débordements de sa fille. Même si parfois le style est un peu maniéré, l’atmosphère dans laquelle baigne cet univers m’a (allez savoir pourquoi) irrésistiblement fait penser à « Aux armes d’Ortog » du regretté Kurt Steiner.

“Prédiction” de Carole Frauli s’intéresse à la dérive d’applications numériques capables à partir d’une foule de données collectées tout au long de votre vie de prévoir la date exacte de votre mort, et même ses circonstances (mais qui ne sont pas dévoilées par souci d’éthique). Un traitement intéressant du thème de la revue.

“Les filles de sève” de Noémie Wiorek achève sur une note poétique cet ensemble de nouvelles traitant d’héritages. Sur un monde végétal, une enquêtrice doit examiner l’épave d’un vaisseau spatial et déterminer si les autochtones sont les légitimes descendants de l’équipage – ce qui reviendrait à reconnaître leur pleine propriété sur leur monde – ou s’il faut aller chercher ceux-ci ailleurs. Jolie peinture d’une symbiose entre jungle et rescapés.

Ce numéro s’achève sur une chronique BD consacrée à la série « L’héritage du Diable » de Jérôme Félix et Paul Gastine suivie d’une interview du premier ainsi que d’une autre de J Robin. Les “Missives” ne sont accessibles que dans la version numérique de la revue, en raison d’un manque de place semble-t-il. C’est fort dommage, « Etherval » sans les “Missives”, c’est comme une bière sans alcool.

Il reste à souligner tout le soin apporté à la confection de cette revue, agrémentée de nombreuses illustrations. Du beau travail.


Titre : Etherval
Numéro : 14
Éditeur : Association des Plumes de l’Imaginaire
Directrice de publication et rédactrice en chef : Andréa Deslacs
Couverture : Chabarb
Type : revue
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : Etherval ; le numéro 14
Dépôt légal : avril 2019
Périodicité : semestrielle
ISSN : 2260-6025
Dimensions (en cm) : 36 x 24
Pages : 70
Prix : 8 €



Didier Reboussin
30 juin 2019


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