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Bifrost n°94
Rédacteur en Chef : Olivier Girard
Revue, n°94, nouvelles - articles - entretiens - critiques, avril 2019, 196 pages, 11€

À l’évocation de John W. Campbell, ce qui vient peut-être en premier à l’esprit c’est sa mainmise sur « Astounding » et son influence sur ce qui est considéré comme l’Âge d’or de la SF avec le lancement d’auteurs tels Asimov, Heinlein, van Vogt... Il avait des idées bien arrêtées sur ce qu’est une bonne histoire de SF, il en parle dans l’article “La science de l’écriture de science-fiction”, prenant plus d’une fois comme exemple...lui-même sous le pseudo de Don A. Stuart. Grosso modo, il fallait développer un concept scientifique et tisser son récit autour. À ce titre, ses premières nouvelles sont symptomatiques et souffrent de cette conception, avant qu’il n’évolue comme le montre Philippe Boulier (“Le ciel est mort... ou presque”).



Francis Valéry présente le bonhomme sur pas loin de 30 pages. Un travail remarquable ! Le dossier s’appuie aussi sur un papier de Theodore Sturgeon, datant de 1954 et montrant son admiration pour John W. Campbell. Ce dernier écrivait de longues lettres à ses poulains, invitant, pour ne pas dire imposant, ses propres idées dans leur imaginaire. Quatre longs extraits exposent ses théories souvent fumeuses, voire nauséabondes, et j’ai trouvé leur lecture assez pénible.
Si son poste de rédacteur en chef d’« Astounding », entre autres, s’impose d’abord à nous, deux nouvelles se dégagent aussi : “Le ciel est mort” au sommaire du présent « Bifrost » et “La bête d’un autre monde” (1938) que Thomas Day développe à travers ses trois versions cinématographiques, dont le célèbre film « The Thing » de John Carpenter. La bibliographie de rigueur, œuvre d’Alain Sprauel, clôt l’imposant dossier.

Dans les nouvelles au sommaire figure bien sûr “Le ciel est mort” de John W. Campbell avec cet aviateur projeté dans un lointain futur et racontant à son retour ce qu’il a vu. Elle débute tambour battant avant de ralentir et devenir description d’un monde mort. Elle accuse son âge de 84 ans, mais constitue un bon exemple de la vision de l’auteur sur la SF.

Sam J. Miller, le même que celui de « La cité de l’orque », imagine une suite à « The Thing » de Carpenter, donc à la nouvelle de Campbell. Dans “Les choses à barbe”, personne n’a l’impression d’être infecté, chacun s’étonne juste d’absences. C’est bien vu et ne manque pas d’intérêt, même si c’est loin d’être mémorable.

Laurent Queyssi joue la carte nostalgie avec “Les nouvelles aventures de Flip-Flop”. Le créateur de ce célèbre personnage de BD est décédé et ses ayant-droits aimeraient bien relancer la machine à cash en poursuivant son œuvre. Pour ce faire, ils contactent un dessinateur pour qui cette reprise s’apparente à un cas de conscience. La manière dont il décide au final frise le ridicule et comme il s’agit de la conclusion, il m’est resté un désagréable sentiment. La manière de tourner autour du pot avec les nombreux clins d’œil au célèbre reporter d’Hergé est amusante, mais c’est trop léger.

Michael Rheyss décrit une rencontre à Paris entre le couple Asimov et un savant russe à la tête d’une organisation de l’ombre, s’appuyant sur de nombreux écrivains de science-fiction, afin de préparer le public au monde de demain. Cette organisation compte une multitude de sommités et le déroulement s’avère vraiment prenant. Bien sûr, il faut au Russe passer la brosse à reluire pour qu’Asimov aille dans son sens. “Le triangle de Lavrentiev” s’appuie sur l’Histoire, se glisse dans les interstices pour mieux développer son propos. Une photo vient même le renforcer. Une belle nouvelle pleine de sens !

Dans la partie rédactionnelle, on notera comme d’habitude l’important volet critique, l’entretien avec Philippe Gady qui nous régale régulièrement dans les pages de « Bifrost » et l’étonnant article sur la “Photografiction : la photographie dans les littératures de l’imaginaire” de Frédéric Landragin et Roland Lehoucq.

Ce numéro est consacré en grande partie à John W. Campbell, montrant son rôle prépondérant dans la SF, la manière dont il la voyait... Un retour à l’Âge d’or de la SF bien vu.


Titre : Bifrost
Numéro : 94
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Nicolas Sarter
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, nouvelles, entretien, etc.
Sites Internet : le numéro 94, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9782913039919
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 196
Prix : 11€



Pour contacter l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
4 juin 2019


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