La première des sept nouvelles au sommaire, “Le mariage de Mademoiselle Albertine” de Marion Destraz, allie humour et fantôme. Pour développer sa ville, le maire est prêt à tout pour obtenir le droit de raser une maison. Plutôt étonnant et le ton est bien vu.
Jean-Louis Trudel nous convie à un tour sur la plage pour observer “La sirène au mufle de bœuf”. Tiraillé entre la profession de sabotier de son père et celle de graveur, Enzo échappe à son quotidien en fuyant sur la plage où, un jour de brouillard, il aperçoit une sirène. Il n’a de cesse alors de la revoir. Beau texte intrigant, car l’auteur l’émaille de détails en faisant tout le charme comme l’origine d’Enzo et ce qui se dit autour des Selvates.
“Avez-vous bien dormi ?” m’a fait penser à la série télé « Real Humans » où des androïdes sont pourchassés par l’homme. Reclus dans la forêt, les rares survivants qui ne font de mal à personne périclitent et une expédition doit être montée pour obtenir des pièces de rechange. Même si c’est bien tourné, Stéphanie Sylvain n’innove pas et le déroulement s’avère attendu.
“Comment disparaître” de Michel Lamontagne donne les grandes lignes du manuel de la décroissance. Cela ressemble à un court exercice de style, reste froid et n’imprime pas beaucoup les mémoires.
La partie de chasse entre un père et un fils tourne mal. Ce que le lecteur imagine très bien finir en une simple histoire de vengeance prend un tour inattendu. Éric Simard surprend dans le bon sens et l’intérêt d’“Orau” monte crescendo jusqu’au final.
“Nos instincts prédateurs” ne m’a guère convaincu. Vivien Esnault prend à parti le lecteur à travers l’utilisation de la seconde personne du singulier. Veut-il choquer en plaçant chacun face à ce qu’il a de plus vil en lui ? Et une bonne dose d’absurde réside aussi dans ce texte dont la ligne n’est vraiment pas claire.
Aticia décide de servir la mort en se faisant enterrer vivante. Voilà déjà de quoi déstabiliser ! Sous terre, elle découvre toute une société muette et inerte dont elle prend soin. La nouvelle “Reine des morts” est glaçante sur bien des points, Aticia évolue en marge, entre le vivant et la mort. Elle se dévoue sans compter jusqu’au point de non retour. Dans une ambiance feutrée, Gaël Marchand livre une nouvelle passionnante et malsaine à souhait. L’univers abordé mérite d’être développé, ce qu’il fait à travers la rédaction d’un roman.
Sur une vingtaine de pages, les chroniques d’ouvrages sont poussées comme à l’accoutumée.
Le début d’un article prenant et la plupart des nouvelles offrant de bons moments de lecture avec une mention pour “Reine des morts” nous donnent un agréable numéro de « Brins d’Éternité » qui contentera ses lecteurs.
Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 52
Éditeurs : Guillaume Voisine, Ariane Gélinas, Alamo St-Jean
Couverture : Sandara
Illustrations intérieures : Marie-Josée Roy
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretien
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : hiver 2019
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 9782924585115
Dimensions (en cm) : 14,1 x 21,6
Pages : 128
Prix : 10 $ CAD
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