Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Galaxies n°57 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°57, SF - nouvelles - articles - critiques, janvier 2019, 192 pages, 11€

Sous l’impulsion de Ludivine Picot, les zombies s’invitent dans ce « Galaxies / Mercury ». Non sans humour, elle traite le sujet à travers trois articles et un entretien. Figure somme toute assez récente et lancée par Romero dans le film « La nuit des morts-vivants », le zombie d’aujourd’hui tranche avec l’esclave sous l’emprise d’une drogue du vaudou. « Walking Dead », le comics mais surtout la série, ont assis sa présence. Les jeux vidéos se sont aussi emparés du phénomène. Les Zombies Walk montrent comment cette métaphore de l’homme s’est imposée dans l’imaginaire populaire.
La partie “Le zombie à portée de main” aurait mérité, à mon sens, d’être plus développée, notamment pour le pan littérature. Mais suivant les lectures de chacun les ajouts divergent sûrement...



Deux nouvelles complètent le dossier. “Zombi de lait” de Mémoire-du-Temps n’apporte pas grand-chose. La supernova Gliese entraîne la résurrection de quelques morts pris en charge par les autorités et retrouvant pour certains une vie normale. Fibre maternelle qui se réveille, zombie qui devient l’enfant... Lisse et peu stimulant.
Bruno Pochesci envoie les “Zombies en Beaujolais”. Lors d’une manifestation de fantasy, les stands d’obscures maisons d’éditions sont soudain pris d’assaut par des zombies. Chaque mordu rejoint aussi vite leurs rangs. Bruno Pochesci œuvre dans l’autodérision avec un personnage auteur transalpin non épargné par la critique à cause de ses calembours et autres jeux de mots qui parsèment ses écrits. Si je n’avais pas lu « Hammour », je dirais qu’il force le trait, en rajoute dans l’humour, mais cette caractéristique est assez familière de ses dernières nouvelles. Sur fond de crise des gilets jaunes qui a tourné de manière inattendue, son héros trouve l’amour et peut-être aussi une maîtrise littéraire qui lui faisait auparavant défaut.
Comme d’habitude, l’auteur nous sert une bonne tranche de rigolade avec un style qui lui est propre, mais peut-être à canaliser pour ne pas en faire de trop.
Le zombie est une drôle de figure, effrayante par certains points mais aussi ridicule par d’autres, comme le montre ce dossier entre gravité et humour.

Cinq nouvelles figurent au sommaire, plus deux autres dans la version numérique.
Jerry souffre de “Diplopie”, c’est-à-dire dispose d’une double-vue, ouverture sur l’espace et le temps, ce qui lui joue de mauvais tours. Philippe Curval le transforme en curiosité, mais pas forcément pour ceux que l’on imagine ! J’aurai aimé qu’il se lâche plus...
Le Prix Le Bussy 2018 semble un vivier de textes à publier dans « Galaxies », car “Lupihaques” a fini à la troisième place. Anna est aveugle, un handicap contrebalancé par un procédé révolutionnaire : une vue numérique lorsque les lieux sont enregistrés. Elle aime les oiseaux et refuse la perte de Lupihaques, un parc qui leur est dédié, à cause d’une mise-à-jour. Avec ses moyens limités, elle tente de les sauver. Léa Fizzala signe une agréable nouvelle avec une héroïne courageuse n’écoutant que son cœur. Elle l’émaille de petites choses, de détails qui la rendent attrayante.

Jean-Jouis Trudel nous envoie “Dans la nécropole troyenne” en compagnie de deux sœurs : Khadidja et Houda. Elles pensent avoir trouvé l’Arche, l’astéroïde dans lequel ont été conservés les génomes des animaux de la Terre. Bien sûr, cette découverte excite la convoitise d’un concurrent qui les traque pour s’arroger tous les mérites sans considérations pour les lieux.
Presque trente pages de haute volée qui embarquent les lecteurs sans coup férir dans une nécropole avec en toile de fond le désastre écologique sur Terre. Passionnant, intelligent. Du grand Jean-Louis Trudel !

Dans la foulée, retour sur notre planète et plus précisément dans un immeuble de Thionville où emménagent un colosse au drôle de nom et son chien Rex. Sous la douche, il chante de toute sa voix un passage du « Requiem » de Mozart : “Rex tremendae majestatis”. Passe encore en pleine journée, mais quand le mélomane sidérurgiste travaille du matin, il réveille tous ses voisins à 3 heures.
Une nouvelle de Pierre Stolze magnifiquement écrite, maitrisée tout du long, très prenante et une petite touche d’étrangeté finale la rattache au fantastique. Un bonheur de lecture !

Dès 1928, l’Académicien André Maurois (1885-1967) a compris l’importance des médias, leur capacité à influencer le cours des événements. “Guerre contre la Lune” montre l’entente de cinq directeurs de journaux pour éviter une nouvelle guerre après celle de 1947. Il s’agit d’une belle curiosité, d’autant que bien des faits troublants l’émaillent.

Pour finir, Franck (Zaïtchick) Jammes présente le comics « Midnight Nation », Jean-Guillaume Lanuque “Musique de films SF” et Jean-Pierre Andrevon décrypte six mois de films relevant de l’imaginaire.

Comme l’illustre la couverture de Pierre le Pivain, ce numéro fait la part belle aux zombies, mais je retiens surtout les nouvelles de Jean-Louis Trudel et Pierre Stolze, deux temps-forts de ce « Galaxies ».


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 57 (99 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédacteur en chef délégué : Jean-Pierre Andrevon
Couverture et illustrations intérieures : Philippe le Pivain
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : janvier 2019
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376250654
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
4 avril 2019


JPEG - 37 ko



Chargement...
WebAnalytics