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Fenêtres de bronze (Les)
Pascal Malosse
Malpertuis, Brouillards, roman (France), fantastique, novembre 2018, 184 pages, 15€

Théo est garçon de café, il n’a pas de grandes aspirations dans la vie. Un jour, alors qu’il se rend au travail, des feuilles volantes attirent son attention. La curiosité le pousse à regrouper toutes les feuilles, à les classer pour reconstituer un récit, celui d’Élisa qui est recluse dans une pièce dont les fenêtres sont obturées par des panneaux en bronze. Elle ne voit jamais personne, a grandi seule dans ce lieu clos. Sa seule distraction : une bibliothèque remplie d’ouvrages qui lui ont appris tout ce qu’elle sait. Lors d’une évasion réussie, le monde extérieur s’est révélé sans pitié pour elle, chaque personne croisée s’est effrayée à sa simple vue, avant qu’elle ne regagne sa prison.
Théo décide d’aider celle qui a su le toucher par ses mots. Où est-elle ? Comment la libérer ? Et puis à quoi ressemble-t-elle ?



Une ambiance étrange règne sur ce court roman. Il tourne autour de très peu de personnages : Théo, la mystérieuse Élisa, les membres d’une ancienne famille polonaise et un serviteur. Dans les feuillets lancés par la recluse comme une bouteille à la mer afin de partager sa condition et de trouver de l’aide, elle raconte l’histoire d’une lignée polonaise qui s’est élevée vers les positions dominantes du pays. Si cette incartade interpelle, elle prend tout son sens par la suite.
Le récit d’Élisa qui sert d’électrochoc dans la vie de Théo s’avère poignant, très touchant et sa détresse masque en partie certaines facilités. Elle a appris à lire seule, commençant par des imagiers, des abécédaires, mais en l’absence de référents comment est-elle parvenue à associer les mots avec les objets et leur fonction ? Même si elle disposait de tout son temps, appréhender la lecture, l’écriture et réussir à parler sans aucune aide extérieure tient de la gageure. Sur le coup, le lecteur n’y fait pas forcément attention.

Tel un chevalier servant, Théo ne réfléchit pas beaucoup et se lance à corps perdu à sa recherche. Il n’hésite pas à payer de sa personne dans tous les sens du terme pour sauver la belle qu’il imagine en haut de sa tour d’ivoire. De nombreux sentiments l’animent, mais peuvent-ils survivre à la réalité ? Pascal Malosse s’intéresse aux interactions entre les personnages de façon superficielle. Toutefois il distille les informations avec justesse et la tension monte petit-à-petit. Vers la fin, toute l’horreur de la situation atteint l’esprit de chacun. La condition d’Élisa et l’infortune de la famille polonaise prennent leurs racines dans le fantastique, dans des croyances ancestrales.
Qui est vraiment Élisa ? Pourquoi effraie-t-elle ceux qui la croisent ? Ce pan est particulièrement bien vu et donne du relief à l’ensemble.

Pascal Malosse a voulu « Les fenêtres de bronze » assez minimaliste avec peu de personnages, ce qui n’est pas un défaut. Cette caractéristique permet de se concentrer sur l’essentiel, de ne pas se disperser outre mesure, mais il aurait été bon de développer certains aspects comme l’apprentissage d’Élisa pour donner plus d’épaisseur à l’ensemble. Ce roman affiche de belles images comme ces feuilles volantes tombant du ciel et racontant toute la détresse d’Élisa. Son récit poignant et touchant éveille la curiosité de Théo comme celle des lecteurs qui ne peuvent échafauder que des théories, sans comprendre ce qui se cache derrière.
La situation étrange, l’atmosphère oppressante et vénéneuse sur certains points donnent du cachet à cet ouvrage au fantastique discret mais bien vu. Peut-il seulement y avoir un happy end alors que la compréhension se fait jour ?
En réponse, les dernières pages sont aussi belles que déprimantes.


Titre : Les fenêtres de Bronze
Auteur : Pascal Malosse
Couverture : Maxime Teppe
Éditeur : Malpertuis
Collection : Brouillards
Directeur de collection : Thomas Bauduret
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 184
Format (en cm) : 15,5 x 23,4
Dépôt légal : novembre 2018
ISBN : 9782917035641
Prix : 15 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
23 février 2019


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