Elle est forcément un peu bretonne ou je ne m’y connais plus guère. “Moi, ce que j’aime, c’est les monstres” est au sommet de la reconnaissance et c’est amplement mérité.
Et j’adore cette déclaration faite dans une interview du journal Libération : « J’ai l’impression d’avoir vécu toute ma vie dans un orphelinat et qu’un jour des gens sont venus pour m’adopter. » Tout est dit, non ?
C’est une œuvre très audacieuse qui reçoit le Prix Spécial du Jury puisque ce Fauve tombe dans les mains du Belge Brecht Evens pour “Les Rigoles” (Actes Sud BD). Un hommage à la fête et à la vie qui raconte les errances de trois noctambules dans une ville chimérique et sublime.
Brecht Evens, réputé pour sa maîtrise remarquable de la couleur et des transparences, l’éclatement des perspectives et le goût du détail, avait reçu le Prix de l’Audace par le Festival d’Angoulême pour son album “Les Noceurs”, en 2011. Un ouvrage suivi par « Amateurs » (2011) et « Panthère » (2014), tous publiés chez Actes Sud BD.
Le Fauve de la série est attribué à “Dansker”, du danois Halfdan Pisket. Fils d’émigré turco-arménien, il raconte l’histoire de son père qui a fui la Turquie en désertant l’armée avant d’émigrer au Danemark. Un récit sombre, particulièrement sombre même, sans concession, publié en trois tomes par les éditions Presque Lune. “Déserteur” (2017), “Cafard” (2018) et “Dansker” (2018).
Avec le troisième et dernier tome de cette trilogie magistrale où la poésie et la puissance narrative ne retombent jamais, Halfdan Pisket résout son histoire terriblement touchante en déclarant son amour à ce père extraordinaire (Citation éditions Presque Lune).
Julien Lambert reçoit le Fauve Polar SNCF pour “VilleVermine” (Sarbacane).
Jacques Peuplier, qui enquête sur la disparition de la fille de la reine des bas-fonds, affronte un savant fou et son armée d’hommes mouches. Mais il trouve un renfort inattendu du côté d’un petit garçon des rues (accompagné de son chat Mauvais-Poil)…
Un polar poisseux dans un monde post-apocalyptique bien déglingué ! Loupé sur la Yozone, on s’y précipite. Sarbacane est une des éditeurs qui monte, qui monte, avec des albums appétissants à souhait tant ils sont esthétiquement réussis. À l’image d’un catalogue Jeunesse où les albums illustrés sont de véritables bijoux.
“Ted, drôle de coco” rafle le Prix Découverte, enfin le Fauve Découverte, pour l’auteure Émilie Greason qui a surpris, elle aussi, avec ce récit inspiré par la vie de son propre frère, autiste Asperger.
C’est plein de vie, de couleurs, de vitalité, bourré d’humour sur un sujet extrêmement sensible et pas évident à aborder. Émilie Greason a su le faire et ce Prix doit être une énorme récompense. C’est chez Atrabile.
Le Fauve Patrimoine est attribué à l’ouvrage “Les Travaux d’Hercule” de Gustave Doré (1847), publié par les Éditions 2024.
À noter encore le Prix René Goscinny, remis dans le cadre du festival, qui a récompensé Pierre Christin, le créateur et scénariste de la série “Valérian”, pour l’ensemble de sa carrière. Cela tombe bien puisqu le T2 de la série Autour de Valérian, ou « L’Avenir est avancé » déboule du fond de l’univers pour le 1er février chez dargaud.
Et oui, maintenant, Angoulême récompense des scénaristes. Comment la bande dessinée a-t-elle pu faire si longtemps l’aveugle !
Liens utiles :
Site des éditions Monsieur Toussaint Louverture
Site des éditions Actes Sud BD
Site des éditions Presque Lune
Site des éditions Sarbacane
Site des éditions Atrabile
Site des éditions 2024
Valérian, chez Dargaud
Site officiel du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême
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