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Portes de la délivrance (Les)
Peter F. Hamilton
Bragelonne, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), science-fiction, pages, octobre 2018, 25€

Tout comme dans « La grande route du Nord », Peter F. Hamilton nous emmène dans un monde futur qui n’est pas celui du Commonwealth, mais qui en est néanmoins proche dans ses grandes lignes. Un univers auquel l’auteur parvient à donner substance et dans lequel il multiplie les intrigues.



« Salvation », ce sont plusieurs trames narratives emmêlées et deux époques distinctes. Dans un futur lointain, en 588 AA (c’est-à-dire Après l’Arrivée), l’Humanité, tout comme une espèce extra-terrestre dont on ne sait pas grand-chose, les Néanas, est traquée par une autre espèce extra-terrestre encore, dont la nature ne nous est pas révélée. Sur la planète Juloss, Dellian, Yrella et d’autres enfant sont entraînés, avec chacun leur cohorte de créatures familières, les moncs, en vue non seulement de la survie, mais de la reconquête. Ils veulent devenir des héros, comme ces personnages du passé qu’ils révèrent, tout particulièrement Callum Hepburn et Yuri Alster.

« Juste au moment où vous croyiez enfin comprendre les Olyix, l’univers basculait à quatre-vingt-dix degrés et vous échappait complètement.  »

Callum Hepburn et Yuri Alster, deux experts en sécurité qui, en 2204, font partie d’une expédition vers un astéroïde sur lequel on a détecté un vaisseau extraterrestre échoué depuis plusieurs décennies et contenant des corps humains maintenus en stase. Une expédition organisée par Feriton Kayne, lui-même expert en sécurité, et qui comprend également la mercenaire Kandara Martinez et l’inquiétant agent du FBI Alik Monday. Le voyage est long : chacun va raconter sa propre histoire. Plusieurs histoires particulièrement mouvementées qui se déroulent à une époque où la planète Terre est encore gouvernée par le Lobby général, rémanence très américanoïde d’un pouvoir n’ayant d’autre idée que de pérenniser et d’imposer le système capitaliste, où une branche de l’humanité, les Utopiaux, commence à créer des sociétés parallèles (qui prêchent la tolérance mais imposent des modifications physiologiques, notamment la perte du genre traduite par l’utilisation du pronom « ile »), où l’existence a été métamorphosée par l’invention des portails à intrication quantique, universels et égalitaires, qui a fait la fortune de Connection Corp (disparition de tout autre moyen de transport, mais qui ne simplifie pas vraiment les choses quand il faut enquêter sur un crime commis dans une demeure dont chaque pièce donne sur un monde différent), et où, enfin, l’humanité est peu à peu augmentée grâce aux « cellules K », généreusement troquées contre des ressource énergétiques par les Olyix, espèce extra-terrestre menant un étrange pèlerinage aux confins de l’univers. Une époque où les choses vont donc plutôt bien, et où l’on se défait des criminels et de gêneurs grâce au processus de « rendition », en les balançant, via un portail à intrication quantique, sur Zagreus, planète maudite sur laquelle il n’est possible de survivre qu’en quelques endroits peu accueillants, poches d’oxygène au fond de vallées profondes de plusieurs kilomètres, l’atmosphère étant partout ailleurs trop toxique pour que l’on puisse s’y aventurer.

«  La section centrale comporte un cœur de support-vie dans lequel on installe le cerveau du monc une fois qu’il a été retiré de son corps. Les unités de propulsion fonctionnent grâce à la manipulation gravitonique de matière exotique. Le tout est alimenté par des triples chambres de fusion aneutronique. Ils restent en communication avec leur maître via l’intrication quantique.  »

On ne se laissera pas abuser par les aspects pseudo-scientifiques, caricature volontaire de hard-science, mais plutôt entraîner par les points de vue multiples et par les péripéties. On connaît le talent de feuilletonniste et de conteur de Peter F. Hamilton, qui fait que chacune de ses sous-intrigues fonctionne. Si les chapitres consacrés à l’entraînement et à la maturation de Dellian et de ses camarades font un peu, par nature, littérature jeunesse, ils permettent, en distillant les informations sur la situation future de l’humanité, de porter un éclairage commun sur les autres trames narratives situées dans le passé. Ainsi le récit de l’infiltration par la narrateur principal dans le vaisseau des Olyix positionné sur un point de Lagrange de l’autre côté du soleil, l’investigation et la poursuite menées par Kandara Martinez suite aux très discrets sabotages opérés chez les Utopiaux de Nebesa, l’action désespérée menée par Callum Hepburn pour récupérer sa fiancée sur Zagreus, l’enquête menée par Alik suite à un assassinat multiple et un hackage de systèmes gouvernementaux, l’autre enquête et l’assaut menés par Yuri, suite à la disparition d’un jeune homme à tel point dénué d’importance qu’elle en paraît suffisamment suspecte pour renforcer des rumeurs insensées happent-elles suffisamment le lecteur pour le conduite à tourner les pages jusqu’aux révélations finales qui n’étaient pas toutes prévisibles.

« Stéphane Marsan, l’élégant officier de liaison auprès des extra-terrestres, l’attendait à l’intérieur. »

On avait vu le traducteur Jean Daniel Brèque devenu personnage dans un récit de Lucius Shepard, voilà une apparition de Stéphane Marsan, éditeur français de Peter F. Hamilton, en tant qu’officier de liaison. Caméo direct à laquelle vient faire écho une référence à l’artiste contemporain Jim Burns, dont les Olyix apprécient particulièrement les représentations de l’espace. En sus de quelques amusantes références, on retrouve dans « Salvation », une fois de plus, les ingrédients habituels de Peter F. Hamilton, qui, comme bien des auteurs de polars, semble avoir trouvé une formule qui marche et s’y tenir : les femmes fortes (Cancer, Kandara Martinez, Jessika), les éléments venant contre tout attente confirmer les convictions les plus délirantes des adeptes de la théorie du complot, le mélange space-opéra, policier, thriller, aventures et cyberpunk, les humanités augmentées à des degrés divers, et enfin les civilisations extra-terrestres. Comme souvent, également, on trouvera des parentés avec l’univers du Commonwealth, notamment grâce aux portails d’intrication quantique qui jouent un rôle analogue à celui des « trous de ver » de ses autres romans. Pas de surprise fondamentale, donc, mais une belle série d’aventures pour ce premier volume d’une nouvelle trilogie dans laquelle les adeptes de Peter F. Hamilton retrouveront tous les éléments qui ont fait son succès.


Titre : Les Portes de la délivrance (Salvation, 2018)
Auteur : Peter F. Hamilton
Série : Salvation (The Salvation sequence) tome 1
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Nenad Savic
Couverture : Anna Kochman / Agsandrew / Shutterstock
Éditeur : Bragelonne
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 523
Format (en cm) : 15,2 x 23,6 x 3,3
Dépôt légal : octobre 2018
ISBN : 9791093835334
Prix : 25 €



Peter F. Hamilton sur la Yozone :
« Dragon déchu »
- La grande route du Nord
« La grande route du Nord Tome I »
« La grande route du Nord Tome II »
- Les Naufragés du Commonwealth
tome II « Une nuit sans étoiles »
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tome I « Vide qui songe »
tome III « Vide en évolution »
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tome I « Pandore Abusée »
tome II « Pandore menacée »
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- La trilogie Greg Mandel
tome I « Mindstar »
tome II « Quantum »
tome III « Nano »
- Un volume de nouvelles
« Manhattan à l’envers »



Hilaire Alrune
17 janvier 2019


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