Il s’installe cette fois sur un de ces épisodes que les Américains aiment faire vivre autour d’une série majeure. Ici, Jeff Lemire, développe l’univers de “Black Hammer” (voir [“Black Hammer (T1) Origines Secrètes” et “Black Hammer (T2) L’Incident”->22114]) pour nous guider dans les pas de Lucy Weber, la fille du célèbre justicier au marteau, disparu tragiquement la nuit de l’affrontement contre l’Anti-Dieu. Même si la ville de Spiral City commémore régulièrement la mémoire de ses héros sacrifiés, Lucy n’a jamais cru en la mort de son père.
Alors, dix ans après, devenue journaliste d’investigation, elle tente de comprendre ce qui a pu arriver aux super-héros qui faisaient équipe avec son père en cette nuit terrifiante et commence à recueillir des indices. La découvert du Hammer Hall, le repère secret de son père, l’encourage encore plus en ce sens et, à défaut de retrouver des super-héros, pourquoi ne pas aller vers leurs supers-vilains... comme le pire de tous s’appelle Sherlock Frankenstein, autant commencer par retrouver trace du pire fléau de leur communauté. Ceux qui peuvent la mettre sur sa piste sont les plus grands ennemis de son père, tous enfermés dans l’asile de la ville. L’heure de rencontrer Metal Minotaur, Cthu-Lou, Concretestador ou Mectoplasm a sonné pour Lucy. S’il lui faudra vaincre ses peurs pour aborder cette enquête, la lumière forte sur nombre de zones d’ombre de cette nuit infernale et de certains combats de son père sera éblouissante et porteuse de vérités bien dissemblables de celles officiellement essaimées. Qui croire ? Que croire ?
Cette série complète admirablement l’univers imaginé par Jeff Lemire, construit en hommage et tout à fait parallèlement aux différentes grandes époques de l’histoire des comics américains. Il référence fortement son historique à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, créant son Escadron de la Liberté en écho à la Société de Justice d’Amérique de DC ou aux Envahisseurs de Marvel (en fait très inspirés par le All-Winner Squad qui les ont précédés chez Timely Comics). Comme Matt Kindt, il a laissé David Rubín traîner très librement dans son scénario et s’amuser à transformer, relooker et même amener les multiples personnages de cette Ligue du Mal. Une fois encore, son imaginaire régale, dans un découpage spectaculaire, souvent innovant (superbes doubles pages circulaires ramenant intelligemment au nom de la ville) et toujours d’une grande lisibilité. Trait affirmé, palette de couleurs ombrageuse se jouant des époques et s’imbibant des émotions et de la dramaturgie des épisodes, il se coule à merveille dans une aventure folle, au goût des Pulps et du Golden Age des comics.
Associer David Rubín au talent de Dean Ormston dans l’univers Black Hammer est une nouvelle bonne idée de Jeff Lemire. “Sherlock Frankenstein & La Ligue du Mal” est une petites pépite que vous apprécierez d’autant plus si vous êtes déjà fans de “Black Hammer”. Et si vous aimez les comics, la SF ou le fantastique très référencé avec de vrais morceaux de poulpe dedans ! !
Mike Mignola ne s’y trompe pas puisqu’il fournit la splendide couverture de l’album.
Black Hammer présente : Sherlock Frankenstein & La Ligue du Mal
Scénario : Jeff Lemire
Dessin et couleurs : David Rubín
Éditeur : Urban Comics
Éditeur US : Dark Horse Comics
Contenu vo : Sherlock Frankenstein and the Legion of Evil #1-4 + Black Hammer #12
Pagination : 144 pages couleurs
Format : 18,2 x 28,2 cm
Dépôt légal : 21 septembre 2018
Numéro ISBN : 9791026815129
Prix public : 15,50 €
À lire sur la Yozone :
Davíd Rubín - La même folie d’Ether à Sherlock Frankenstein & La Ligue du Mal
Black Hammer (T1) Origines Secrètes
Black Hammer (T2) L’Incident
Ether (T1) L’Assassinat de la Flamme d’Or
Illustrations © David Rubín et Éditions Urban Comics (2018)