Le titre “Ceux qui vont mourir” donne le ton, les gladiateurs prononçaient, entre autres, ces mots dans l’arène avant de se battre. Néron règne sur l’empire romain et une drôle d’atmosphère règne sur la ville de Rome. Des meurtres sanglants de jeunes nobles troublent l’ordre et inquiètent les puissants. De plus, la gladiatrice Achillia est devenue au fil des années la favorite des femmes qui voient en elle une revanche sur l’homme, une manière de s’affirmer et il souffle comme un vent de révolte déplaisant fort à la gent masculine.
Sous la pression de certains sénateurs, Néron exige que les Vestales calment les Dieux qui semblent mécontents et le font savoir à force victimes. Pragmatique, la Vestale Rubria demande l’aide du déceleur Antonius Axa, héros de guerre, ce qui déplaît à Néron.
Antonius n’est autre qu’un enquêteur, devant naviguer entre les puissants de Rome. Il ne croit pas aux Dieux, pourtant il assiste à des événements le troublant. En remontant une piste, il rencontre la redoutable Achillia qui n’est plus qu’à deux combats de la liberté. Voilà cinq ans, cette ancienne esclave a tué son maître qui a voulu abuser d’elle et contre toute attente, elle a survécu au châtiment de l’arène, devenant un symbole pour les femmes romaines.
Lutte d’influence, jeux de pouvoir, influence des divinités, condition des esclaves, combats sanglants... émaillent cet album au scénario efficace. “Ceux qui vont mourir” laisse très peu de répit aux lecteurs dont la curiosité est sans cesse en éveil. Le contexte s’avère passionnant, les personnages plutôt fouillés et l’histoire en général ne manque pas d’intérêt.
Et visuellement, Juan José Ryp en met plein la vue. Le graphisme fait très réaliste, il est détaillé et le seul fait de feuilleter l’album procure déjà du plaisir. L’immersion se révèle totale et le lecteur comme Antonius peut douter de ce qu’il voit et imaginer les Dieux descendus sur terre pour se venger des hommes. Les Vestales affolent les sens, les nobles transpirent la suffisance, les combats remuent les tripes... Au diapason du scénario, le dessin constitue une des grandes forces de “Britannia”.
Si le premier tome révélait Antonius et son lien avec les Vestales, “Ceux qui vont mourir” ne nécessite pas de l’avoir lu pour la compréhension. Incontestablement cette série recèle bien du potentiel, car l’époque romaine est fertile en événements et l’équipe aux commandes sait pleinement l’exploiter. Un troisième tome est d’ailleurs annoncé pour 2019.
Un album à l’identité visuelle addictive et au scénario fouillé et dérangeant, ne mettant pas en avant des super-héros, mais des hommes et des femmes placés dans des conditions difficiles et ne devant leur survie qu’à leur courage et à leur force.
Remarquable !
(T2) Ceux qui vont mourir
Série : Britannia
Scénario : Peter Milligan
Dessin : Juan José Ryp
Couleurs : Frankie D’Armata
Couverture : Cary Nord
Traduction : Mathieu Auverdin / MAKMA
Éditeur : Bliss Comics
Dépôt légal : 31 août 2018
Format : 17,3 x 26,3 cm
Pagination : 112 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782375781289
Prix public : 15 €
Illustrations © Juan José Ryp, Frankie D’Armata et Bliss Comics (2018)