Plus de deux ans et demi que « Rouille » est sorti chez Scrineo, a raflé quelques prix (Imaginales des Lycéens, ActuSF - Uchronie...) et reparu en poche chez Pocket, toujours sous la très belle couverture d’Aurélien Police. Je me souviens l’avoir lu, dévoré même, dans la brume matinale des Imaginales 2018. Et je me souviens, un peu moins maintenant, des vifs échanges avec d’autres lecteurs, qui m’ont poussé à le laisser reposer un peu.
Floriane Soulas s’est fait connaître comme blogueuse et booktubeuse, et avec le recul, je lui reconnais sans mal aucun une solide expérience de lectrice : « Rouille » en porte toutes les marques, les bonnes et les mauvaises.
Les détails de l’histoire se sont un peu estompés dans ma mémoire, mais je me souviens avoir apprécié que les « héros » de cette histoire soient entre autres les truands de Paris, tandis que le Méchant est, sans surprise aucune, le riche industriel qui s’apprête à accroitre sa fortune en vendant des robots-molosses à la Police. On était dans la lignée de Sue, un petit côté Vidocq, du steampunk qui s’attache d’abord aux bas-fond avant de nous montrer ses ors.
Cependant, me reviennent aussi toutes les facilités, pour ne pas écrire les clichés. Le petit doigt en orfèvrerie de Violante, pur collage cosmétique glamourisant, loin des échos très clairs à Jules Verne cités plus haut. Alors que les autres filles couchent, Violante/Duchesse reste relativement vierge, cantonnée à un rôle de chaste dominatrice à la « Miss pas touche » d’Hubert et Kerascoët (une série BD hautement conseillée). Le rebondissement autour de son frère était aussi grotesque que superflu. J’ai oublié le reste.
En fait, tout cela tient un seul reproche : « Rouille » est fortement calibré ado-jeunes adultes, et repose sur une trame sans surprise, largement éprouvée, et tous ses passages obligés.
Mais est-ce un mal ? Après avoir longtemps hésité, relu quelques passages pour peser la plume de Floriane Soulas, j’en suis revenu à mon constat de cette matinée aux Imaginales : c’est léger, bien (trop ?) construit, avec de bonnes idées et quelques choix intéressants.
Bref, un exercice parfaitement réussi, en suivant les consignes des écoles d’écriture créative, sans prise de risque, très visuel, avec une pointe de charme, des explosions... quasi un divertissement hollywoodien.
La formule gagnante du best-seller. Cela se lit tout seul. Et sans le battage autour, honnêtement, je l’aurai oublié à peu près aussi vite...
Comme je l’ai ressenti également pour le récent « Steam Sailors », les plus jeunes lecteurs ont besoin d’ouvrages qui leur donnent des bases dans le genre, des références à partir desquelles ils pourront se construire leur culture littéraire. De bons livres, comme « Rouille », qui leur ouvriront les portes d’univers merveilleux.
Terminons par l’annonce des Imaginales : Floriane Soulas est le “Coup de Cœur” de l’édition 2021 du festival. Cela me laisse encore un peu de marge pour ouvrir son second roman, un pavé, « Les Noces de la Renarde ».
Titre : Rouille
Auteur : Floriane Soulas
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Scrineo
Collection : Imaginaire
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 380
Format (en cm) :
Dépôt légal : mai 2018
ISBN : 9782367406060
Prix : 16,90 €
Éditeur : Pocket
Collection : SF
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 432
Format (en cm) : 18 x 11
Dépôt légal : mars 2020
ISBN : 9782266306638
Prix : 8,40 €