Genre : Drame
Durée : 1h52
Avec Sarah Polley (Hanna), Josef (Tim Robbins), Javier Camara (Simon),Sverre Anker Ousdal (Dimitri), Steven Mackintosh (Dr Sullitzer), Edie Marsan (Victor), Julie Christie (Inge), Daniel Mays (Martin), etc.
Hanna (Sarah Polley), jeune ouvrière sourde, est sommée par son directeur de fabrique de prendre enfin des congés... Chose qu’elle n’a jamais faite depuis qu’elle y travaille.
Aussitôt arrivée dans une station balnéaire paumée, elle obtient très vite un boulot d’infirmière pour partir s’occuper d’un blessé gravement brûlé sur une proche plateforme pétrolière.
Là, elle va s’occuper de Josef (Tim Robbins), qui sous des dehors bourrus va lui confier son sombre passé. Le temps s’écoule, rythmé par les confidences de l’ouvrier blessé et aveuglé mais malgré son insistance, Hanna ne dit rien, ne raconte rien de sa propre vie...
Et pourtant, elle semble bien cacher un étrange secret qui l’a totalement transformée.
Film difficile et complexe, « The Secret Life of Words » aborde un sujet quasi inédit, rarement évoqué par le cinéma. Un sujet dont nous ne pouvons vous parler sans enlever une part du mystère tragique que recèle ce film. Non qu’il s’agisse d’un suspense haletant, là n’est pas le propos du scénario un brin plus complexe, mais la clef d’une âme se trouve dans le terrible secret que l’on découvre à la fin.
Œuvre forte, dure et sans compromission, entièrement portée par un couple d’acteurs (Sarah Polley et Tim Robbins) totalement habités par leurs rôles respectifs, « The Secret Life of Words » n’est pas exempt de défauts. La première heure semble un peu longue et ne se justifie pas totalement par la volonté évidente d’Isabel Coixet (réalisatrice et scénariste) d’installer à tout prix un climat.
Scénaristiquement, on n’est pas obligatoirement convaincu par la nécessité d’accoler au personnage d’Hanna, un homme qui a dû lui aussi payer un lourd tribut à l’existence.
Cependant et justement, la réalisation joue quand même la sobriété. Alternant les plans dans la douceur, ponctuant chaque séquence d’intenses dialogues entre l’infirmière et son malade par de courtes scènes destinées à oxygéner une atmosphère passablement étouffante, à nul moment on ne se sent pris en flagrant délit de voyeurisme malsain.
Jusqu’au dénouement final, nous ne saurons rien du traumatisme caché par Hanna. Puis, la foudre s’abattra sans que jamais un pathos surdimensionné n’ait phagocyté le scénario. La tension est là, ne s’évanouit jamais mais n’envahit pas inutilement l’écran. Alors, le spectateur subit naturellement un flux et un reflux d’émotions très similaires à la houle qui environne la plateforme pétrolière. Un ressac de sentiments complexes, énigmatiques, tisse sa toile durant presque deux heures.
On ressort de « The Secret Life of Words » totalement bouleversé par une œuvre qui n’est pas sans rappeler les meilleurs films d’Ingmar Bergman.
Pour ceux qui s’en souviennent, il y a dans cet art de parler du pire tout en touchant à l’intime, une maîtrise absolue de l’art cinématographique.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : La Vida Secreta de las Palabras
Réalisation : Isabel Coixet
Scénario : Isabel Coixet
Producteur : Esther Garcia
Producteurs exécutifs : Augustin & Pedro Almodovar, Jaume Roures
Son : Aitor Berenquer
Photographie : Jean-Claude Larrieu
Décors : Pierre-François Limbosch
Costumes : Tatiana Hernandez
Montage : Irene Blueca
Casting : Shaheen Baiq
Production : El Deseo S.A. (Espagne), MediaPro (Pays-Bas), Television Espanola (Espagne)
Distribution : Diaphana Film (France)
Presse : Vanessa Jerrom, Vanessa Frocen - Claire Vorger (Paris)