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Sommeil blanc
Emelie Schepp
Harper Collins, Noir, roman traduit du suédois, policier, 416 pages, janvier 2018, 19,90€

Une jeune Thaïlandaise meurt d’une overdose dans un train juste avant Norrköping, l’autopsie révèle qu’elle avait avalé une grande quantité de petits sacs de drogue pour la faire passer illégalement dans le pays. À qui était-elle destinée ? La rumeur fait état d’un nom, le Vieux qui tirerait les ficelles de ce marché juteux.
La police locale s’empare de cette affaire et cherche une autre jeune Thaïlandaise en fuite qui pourrait peut-être les éclairer sur cette sombre histoire. La procureure Jana Berzelius s’implique aussi dans cette recherche qui devient vite épineuse pour elle quand ressort le nom de Danilo, une ancienne connaissance.



La première enquête de Jana Berzelius, « Marquée à vie », a été autoéditée par la Suédoise Emelie Schepp. Cette initiative couronnée de succès a débouché sur une édition traditionnelle, 29 traductions et près d’un million de ventes.
Harper Collins s’est emparé du phénomène en France et le second tome de ce qui est présenté comme une trilogie, « Sommeil blanc », est paru en même temps que la reprise en poche de « Marquée à vie ».

Même si Emelie Schepp ne néglige aucun des personnages du roman, c’est Jana Berzelius qui reste dans les mémoires. Tel Janus, elle arbore deux visages : l’un public avec sa position de procureure et l’autre bien plus sombre en rapport avec son enfance. Au grand jour, cette belle femme présente tous les aspects de la réussite : grosse voiture, habits de marque... mais aussi compétences dans son travail. Cette façade de respectabilité, voilà ce que ses collègues voient en elle. Rares sont ceux à connaître son enfance dont elle conserve toujours une marque dans le cou : des scarifications formant trois lettres K. E. R. comme la déesse de la mort. Voilà qui donne le ton ! Jana est affûtée comme un rasoir et malheur à ceux qui la défient !
Dès le début, elle renoue avec ce passé et se bat contre Danilo qui a connu la même enfance. L’entame surprend avec cette lutte à mains nues, cette mise à mal de la belle image renvoyée par Jana. Même si la description ne correspond pas, je me suis toujours représenté Jana comme l’auteure Emelie Schepp, ce qui fait d’autant plus forte impression quand on peut mettre un visage sur cette femme meurtrie par le passé. Des passages s’avèrent très marquants, notamment quand elle évoque ses rapports avec son père, un homme des plus respectables dans la société.
Cette héroïne très forte détonne dans le monde du polar scandinave. D’une, il s’agit d’une femme ; de deux, elle affiche deux visages très différents ; de trois, elle se place des deux côtés de la justice, même si elle œuvre pour le bien et de quatre, elle se lance dans la bagarre tête baissée quand il le faut. Dans l’esprit des lecteurs, elle éveille des sentiments contradictoires, on éprouve l’envie de la protéger, alors que l’on sait très bien qu’elle en est parfaitement capable toute seule. Quel personnage magnifique !

Bien sûr, les autres participent de même à l’intérêt de « Sommeil blanc », Emelie Schepp distille des passages forts les mettant en scène. Il suffit de voir la relation d’un soir de l’inspectrice Mia Bolander ! Des collègues mènent des relations compliqués voire ambiguës, aussi bien personnelles que professionnelles. Rien n’est simple, les apparences sont trompeuses, chacun possède une face cachée. L’auteure développe très bien toutes les interactions entre les protagonistes, elle décrit des personnalités intéressantes, car loin d’être lisses.
Quant à l’enquête, elle ne force pas le trait avec une succession de scènes chocs et sanglantes comme certains pourraient le faire. Elle n’en a pas besoin, les réminiscences du passé suffisent à suggérer l’horreur.
Cette maîtrise du récit, et avec style, pousse les lecteurs à rester plongés dans le roman, rien que pour suivre ses acteurs, tant ils se révèlent riches. Et puis la présence de Jana suffit à fasciner.

« Sommeil blanc » surprend à plus d’un titre. Tout d’abord par son héroïne complexe Jana Berzelius, tiraillée entre le présent et le passé dont elle porte les stigmates dans sa chair. Aussi belle que redoutable, elle conquiert l’attention des lecteurs et marque les esprits. Emelie Schepp fait très fort avec cette trilogie qui sort des sentiers battus du polar scandinave en général. C’est souvent malsain, les gentils ne le sont pas forcément, les brebis galeuses sont partout...
Fascinant par bien des aspects et passionnant, « Sommeil blanc » place Emelie Schepp dans le gotha des auteurs scandinaves. Quelle belle découverte !


Titre : Sommeil blanc (Vita Spår, 2015)
Auteur : Emelie Schepp
Série : les enquêtes de Jana Berzelius, tome 2
Traduction du suédois : Rémi Cassaigne
Couverture : © hej !jeanne
Éditeur : Harper Collins
Collection : Noir
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 416
Format (en cm) : 14 x 22,5
Dépôt légal : janvier 2018
ISBN : 9791033900764
Prix : 19,90 €


Pour contacter l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
19 mars 2018


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