Genre : Conte fantastique
Durée : 2h03
Avec Sally Hawkins (Elisa Esposito), Michael Shannon (Colonel Richard Strickland), Octavia Spencer (Zelda Fuller), Doug Jones (la créature), Richard Jenkins (Giles), Michael Stuhlbarg (Dr Robert Hoffstetler), Lauren Lee Smith (Elaine Strickland), Nick Searcy (Général Hoyt), David Hewlett (Fleming)...
L’histoire
Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence morne et solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette.
Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…
Par où commencer, il y a tellement de choses à écrire à propos de ce magnifique film de Guillermo Del Toro.
Avant tout, allez -y ! Allez découvrir cette magnifique histoire dans les salles obscures. La forme de l’eau est un film de cinéma pour les amoureux de Cinéma.
Guillermo Del Toro réinvente l’esthétique de la fin des années 50 et nous livre sa vision de Baltimore. L’héroïne Elisa vit au-dessus d’un cinéma et travaille dans les profondeurs de la terre dans un lieu secret du gouvernement. Entre rêve et réalité, la tête dans les nuages et les pieds dans la boue, Elisa a une vie bien millimétrée, jusqu’au jour où tout bascule.
Narré comme un conte, la forme de l’eau, dès les premières minutes, annonce un drame. L’histoire d’amour, qui se déroulera sous nos yeux, sera contrariée. Les personnages sont en place comme une pièce de théâtre tragique. Le film peut commencer.
Elisa, tout d’abord cette jeune femme muette, interprétée par la talentueuse Sally Hawkins est d’une incroyable fraîcheur. Touchante, elle porte sous ses fragiles épaules cette très belle histoire. Son langage corporel rythme le film, entre claquement et silence, sa « voix » se mêle à la musique d’Alexandre Desplat. Seule, isolée dans son univers, elle possède, néanmoins deux amis Zelda et Giles. Zelda, l’accompagne toujours, elle est sa collègue, sa partenaire, sa protectrice. Giles, son voisin, quant à lui, n’a qu’Elisa et ses chats. Dessinateur publicitaire, il souffre de l’avancée technologique. Son talent reste d’un autre temps, celui d’avant-guerre.
Deux personnages vont alors faire irruption dans la vie d’Elisa, deux personnes que tout oppose. L’opprimé et l’oppresseur, l’amour et la répression. L’arrivée du Colonel Richard Strickland donne le ton. Ce dernier sera le mal. La caméra arrive sur lui en contre-plongée et remonte doucement sur ce menton fier et ce regard déterminé. Il représente le gouvernement US, dans tout ce qu’il y a de plus cruel. Nous sommes dans les années de lutte pour les droits civiques, la cruauté exacerbée des personnels de l’ordre est représentée par ce Strickland. Grossier, imbu de sa personne, cruel, tout est réuni pour qu’on le déteste.
Puis, le fantastique pointe le bout de son nez. La créature, enfermée, emprisonnée, maltraitée, arrive. Cette dernière va se révéler être un homme amphibien. La monotonie de la vie d’Elisa va être chamboulée.
La forme de l’eau est un coup de maître, de génie même de Guillermo Del Toro.
Son film traite de sujet universel : l’amour, la solitude, le bien, le mal, la beauté, l’amitié, la cruauté, la peur, la vie en un mot.
Il arrive également à transformer l’eau, à la matérialiser, à la rendre solide. Elle devient un personnage, un fil conducteur. Sa photographie est somptueuse. Dès le premier plan, mon souffle a été coupé. La forme de l’eau est un grand film de cinéma. Il a cette âme, ce petit plus qui en fait un film qui vivra en moi pendant longtemps. Par sa fraîcheur, je le rapproche de The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson.
Je termine par une note de Guillermo Del Toro, pour vous convaincre, si besoin :
« L’eau prend la forme de son contenant, mais malgré son apparente inertie, il s’agit de la force la plus puissante et la plus malléable de l’univers. N’est-ce pas également le cas de l’amour ? Car quelle que soit la forme que prend l’objet de notre flamme – homme, femme ou créature –, l’amour s’y adapte. »
Belle séance !
FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Guillermo Del Toro
Scénario : Guillermo Del Toro & Vanessa Taylor
Sur une histoire de Guillermo Del Toro
Image : Dan Lausten, DFF
Décors : Paul Denham Austerberry
Montage : Sidney Wolinski, ACE
Musique : Alexandre Desplat
Costumes : Luis Sequeira
Production : Guillermo Del Toro p.g.a., J. MILES DALE, p.g.a.
Attaché de presse : Loïc Lehuraux
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