Déjà en mission pour faire face à une éventuelle invasion, Carroll a engagé des dépenses colossales pour muscler ses armées, développer des armements de pointe et imaginer un vaisseau capable d’aller explorer cette construction « alien ». Quand Blades accède au pouvoir, cela fait trois ans que le Clarke est parti, emportant neuf personnes à bord, quelques costauds des Forces Spéciales et des scientifiques. Aujourd’hui, sept années après la découverte, le secret est toujours gardé, mais comment ce nouveau président va-t-il réagir ?
C’est tout le sel de cette aventure qui navigue entre science-fiction et manigances politiciennes. Construite comme une série TV, elle évolue sans cesse sur plusieurs fils narratifs et multiplie ces grands moments de tension et d’interrogation à chaque fin d’épisode. Comment se passe la vie à bord du Clarke ? Qu’est donc cette construction extraterrestre ? Comment réagira Blades face aux menaces intérieures qui se multiplient ? Quid de l’avenir du monde quand tous connaîtront la menace ? Comment s’est déroulé le premier contact ? Toutes ces questions prennent place au sein des cinq premiers tomes parus de “Letter 44”, quatre s’articulant autour de l’intrigue générale, dévoilant sans baisse de rythme, de tension, ni d’intérêt, les menaces auxquelles fait face une humanité en grand péril.
Le cinquième, “Décalage vers le bleu”, propose une rupture avec la trame de la série et expose en courts récits le passé des personnages du Clarke, comme Charlotte ou Rowan, ainsi qu’un épisode fort intéressant sur les causes de la présence de ces aliens, les Constructeurs, à proximité de la Terre. Juste vertigineux et effarant pour l’humanité !
Mais si “Letter 44” est à saluer pour son scénario captivant, elle est beaucoup moins intéressante d’un point de vue graphique. Le dessin d’Alburquerque manque de finesse, de précision, de régularité notamment dans les proportions et ne s’encombre pas de détails. Dans un modèle américain qui privilégie la rapidité de production, il souffre sans doute d’un manque de temps mais aussi d’un peu de talent et n’est vraiment pas aidé par une colorisation sans génie.
Malgré ce qui peut paraître comme de gros écueils, si vous passez l’’idée de rejet que peut provoquer le premier coup d’œil (ce que j’ai fait d’ailleurs !), “Letter 44” s’impose alors comme une série passionnante, qui multiplie les questionnements, au-delà de la thématique de rencontre extraterrestre, et dont la lecture devient vite addictive. Un bon plan donc pour qui aime la science-fiction et les rapports au pouvoir.
(T1) Vitesse de libération, (T2) Décalage spectral, (T3) Matière négative, (T4) Le temps des sauveurs, (T5) Décalage vers le bleu
Série : Letter 44
Scénario : Charles Soule
Dessin : Alberto Jiménez Alburquerque (T1 à T4) et collectif (T5)
Couleurs : Dan Jackson, Sarah Stern
Éditeur : Glénat Comics
Pagination : 104 pages couleurs
Format : 17,3 x 26,5 cm
Dépôt légal : (T1) 9 juin et (T2) 18 novembre 2015, (T3) 13 avril et (T4) 26 octobre 2016, (T5) 10 janvier 2018
Numéro ISBN : (T1) 9782344008614, (T2) 9782344009376, (T3) 9782344014769, (T4) 9782344017623, (T5) 9782344022962
Prix public : 16,95 €
Illustrations © Alberto Jiménez Alburquerque et Éditions Glénat Comics (2017)