La courageuse maison d’édition Nuit d’Avril poursuit fort heureusement la réimpression de son catalogue de romans et nouvelles fantastiques, souvent d’inspiration gothique, avec un entrain communicatif.
Michelle Blessemaille illustre toujours les couvertures très agréablement et l’ensemble constitue un panorama particulièrement intéressant d’un genre pratiqué par des écrivains exigeants.
Ce petit conte fantastique, 95 pages, s’inscrit totalement dans le paysage culturel et rural hexagonal. En effet, qui n’est pas originaire d’un petit coin de France où émerge encore du décor une ruine dressant ses vieilles pierres face aux outrages du temps ? Qui n’a pas en mémoire une histoire de fantômes ou de Dame Blanche que de charmants autochtones racontent à l’envi aux premiers « estrangers » de passage ou aux gamins du coin avant qu’ils ne deviennent trop grands ?

À peu de choses près, nous en sommes tous là et cela dépasse rarement le stade du récit que l’on réserve à ses enfants afin de les endormir quand la TV ou la Playstation n’ont pas joué leur rôle de bergères calmantes et nocturnes.
Parfois, si l’auteur est bien luné, convenablement inspiré, cela donne aussi de charmants contes, propres à la rêverie adulte et au développement d’un imaginaire plus mature.
Céline Guillaume a visiblement décidé de se ranger dans la seconde catégorie en ancrant son texte dans un cadre réaliste et mélancolique. Réaliste car tout est logique ici, mélancolique car la mort a touché de près l’héroïne avant même le début de l’aventure.
Personnages en quête d’une destinée, passé et présent qui s’épaulent pour accoucher d’une vie future, la construction scénaristique de « La Perle d’Éternité » s’avère juste.
Le style employé a les charmes et les imperfections d’un ouvrage cent fois recommencé par un jeune écrivain qui n’a qu’une peur : décevoir ses futurs lecteurs. On sent le travail, la recherche du mot juste, la traque consciencieuse de la petite erreur. Le plaisir de bien écrire est lumineux et évident.
Partant, on a parfois envie que tout dérape un peu, que l’auteur se laisse envelopper par son intrigue et se lâche un tantinet.
Vision de femme, d’écrivain qui aurait décidé de procéder par petites touches sensuelles et douces, écrit presque féministe sur le fond, cette septième livraison des éditions Nuit d’Avril recèle bien des charmes dont le premier est sans aucun doute la sincérité.
Ceci dit, si quelques décideurs ouvraient d’autres livres que ceux des étals des grandes surfaces, ils se rendraient compte que ce texte ferait aussi un excellent scénario pour la TV ou pour un one-shot BD.

Céline Guillaume sait et aime écrire, cela se voit, s’entend. Elle peut maintenant transformer sa petite musique intérieure en une mélopée plus rugueuse et ne pas hésiter à hérisser de quelques chevaux de frise son champ (chant ?) narratif. Qu’elle ne s’inquiète pas, on la prend au sérieux.

Titre : La Perle d’Éternité
Deuxième édition revue et corrigée
Première édition : ISBN 2-9519741-8-3
Auteur : Céline Guillaume
Couverture : « La Dame du Dolmen », Michelle Blessemaille
Site internet Illustrateur : http://www.michelleblessemaille.com
Éditeur : Éditions Nuit d’Avril, 58700 Oulon
Site Internet : http://nuitdavril.com
Page Internet Auteur : Céline Guillaume (Nuit d’Avril)
Pages : 95
Format (en cm) : 15 x 0,6 x 21 (broché)
Dépôt légal : novembre 2005
Numéro d’Impression : 510093
EAN : 9 782350 720135
ISBN : 2-35072-013-6
Prix : 10,50 €

Entretien exclusif avec l’auteur : Céline Guillaume sur la Yozone