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Wendigo n°4
Richard D. Nolane (anthologiste)
Œil du Sphinx, revue, n°4, fantastique, 188 pages, août 2017, 16€

« Wendigo » nous revient avec de nouvelles ambitions puisque son rédacteur en chef, Richard D Nolane, a décidé d’étendre son champ d’action dans le temps jusqu’au milieu des années cinquante.



Cette décision bienvenue ouvre par conséquent la porte de la revue aux auteurs qui firent leurs débuts après-guerre et aux dernières publications des vétérans.
Disons-le clairement : la sélection des textes de ce n°4 est excellente ! Le panorama fantastique qui nous est offert permet de retrouver des atmosphères qui évoquent aussi bien l’univers d’un Abraham Merrit que celui d’un Lovecraft ou d’un W H Hogdson. La plupart des auteurs au sommaire sont, pour nous lecteurs contemporains, des inconnus, même si certains d’entre eux ont bénéficié des faveurs d’une publication souvent ancienne en France.

“La fille de Satan” qui est en couverture, nouvelle signée E. Hoffmann Price, supporte la comparaison avec les meilleurs textes d’Abraham Merrit. Cette histoire d’amour et de mort est tout à fait inspirée et nous transporte dans un monde qui disparaît sous nos yeux : celui des sites archéologiques fantastiques, des explorateurs solitaires, des sortilèges du désert.
“Le portrait du mort” de l’auteur italien D.O.Marrama distille plutôt une ambiance à la Jean Ray, avec une histoire de fantôme bienveillant racontée par un journaliste à ses amis dans la demi-obscurité d’une auberge, le tout autour d’une bonne bouteille. Très sympa.
“Un chevalier de grand chemin” de Richard Marsh est, de tous les textes présentés dans ce numéro de « Wendigo », celui qui accuse le plus son âge en raison des tournures de phrases, un rien désuètes, du comportement emprunté ou précieux des personnages et de leurs préoccupations reflétant bien le milieu du 18ème siècle.
“Le manoir” de Rog Phillips est une nouvelle assez angoissante, bien menée et porteuse d’images fortes. Cet auteur révélé jadis dans notre pays par le Fleuve Noir Anticipation est justement un de ceux que « Wendigo » peut désormais nous proposer en repoussant ses limites à l’immédiat après-guerre.
“L’enfant de la mort” de Guy Boothby raconte la malédiction qui pèse sur une enfant et les déboires qui s’ensuivent pour ceux qui la rencontrent, qu’ils soient bienveillants ou non à son égard. Un texte solide qui n’a pas pris une ride !
“Le vaisseau des hommes silencieux” de Philip Fisher Jr est un régal. Ce long texte décrit les aventures périlleuses d’un équipage soumis à un phénomène électrique surprenant, dont les effets sont terribles pour ceux qui les subissent de plein fouet. Leur steamer va porter secours à un navire frappé par cette foudre, et ils iront de surprise en surprise. Ce texte a fait resurgir dans ma mémoire des tas de souvenirs de lecture, depuis “La couleur tombée du ciel” de Lovecraft jusqu’à « L’invention de Morel » d’Adolfo Bioy Casares. Magnifique.
Changement de décor avec l’énigmatique “Marionnette” de John D. Swain. À la mort du ventriloque qui utilisait sa marionnette dans les foires, celle-ci va exprimer son ressentiment... Pas mal.
“Le dixième commandement” de Victor Rousseau nous plonge dans une énigme où le surnaturel a sa place, à la manière du Carnacki d’un W.H. Hogdson. L’histoire en elle-même n’est pas d’une grande originalité, on retiendra surtout le comportement du mari soupçonneux, les rapports d’une certaine bourgeoisie avec les domestiques, toutes choses qui illustrent la société du début du XXème siècle.

Ce numéro de « Wendigo » s’achève sur une histoire de zombies, “La marche des zombies” de Thorp McClusky. Nous sommes dans un coin de l’Amérique profonde où un pasteur apostat, ayant recueilli un peu malgré lui le secret permettant de faire travailler les morts (sans salaire bien sûr, sans nourriture et sans risque de grève, ce qui est supérieur à l’esclavagisme...) met en application ses pouvoirs dans une ferme où manquait de la main d’œuvre. C’est à la fois très classique et fort bien réussi.
Un très bon cru donc pour ce Wendigo n°4 qui comble l’amateur de fantastique en redonnant une seconde vie à des auteurs méconnus et/ou injustement oubliés.


Titre : Wendigo
Numérotation : 4
Éditeur : Éditions de l’Oeil du Sphinx
Rédacteur en chef : Richard D. Nolane
Format (en mm)  : 226 x 172
Pagination  : 188
Dépôt légal  : août 2017
N° ISBN : 979-10-91506-70-0
Prix public : 16 €


La revue Wendigo sur la Yozone :
- Wendigo n° 3
- Naissance de la revue Wendigo



Didier Reboussin
17 octobre 2017


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