Je dois avouer que je ne suis vraiment pas amateur des écrits de Jean Ray et ce n’est pas faute d’avoir de ses livres. Je n’ai pas accroché à son roman « Malpertuis », jamais réussi à ouvrir « Les contes du whisky » et me suis vite lassé des enquêtes de Harry Dickson. Bref, ce n’est pas un dossier qui m’attirait particulièrement. Pourtant je dois reconnaître qu’il est très bien ficelé. L’écrivain est abordé aussi bien sous la facette de ses pseudos, avec notamment toute la légende qu’il a créée autour de Jean Ray, que celle de son existence réelle parsemée de bien des difficultés avec des passages de la gloire à l’oubli, l’obligeant à jongler entre ses alter egos littéraires.
Bien sûr, ses œuvres phares, comme « Malpertuis » et l’histoire étonnante du personnage Harry Dickson, sont aussi abordées dans des articles dédiés, avant les recensions de ses principaux écrits et une bibliographie simplifiée faute de place. L’ensemble s’avère aussi instructif que prenant.
La nouvelle “L’histoire de Marshall Grove” illustre le dossier et là, j’ai retrouvé tout ce que je n’aime pas chez cet auteur. Je trouve l’ensemble lourd, je me demande toujours où il veut en venir et, une fois fini, je me dis qu’il vaut décidément mieux que j’évite ses écrits. Il s’agit bien sûr d’un ressenti personnel.
“Avec ses yeux”, « Bifrost » publie sa première nouvelle traduite du chinois. Liu Cixin présente un texte empreint de sentiments, il s’étale sur les joies simples de la vie auxquelles on ne prend garde qu’une fois qu’on en est privé. Il n’y a pas de grands effets, mais le côté science-fictif est bien trouvé, il intrigue et donne un relief certain à l’ensemble.
Autre nouveauté, la première apparition de Dale Baley en France avec “La fin de la fin de tout”, un texte choc qui ne s’oublie pas. Le monde est en déliquescence, la ruine le gagne et malheur à celui qui y pénètre, elle le rongera comme tout. Certains nantis se réfugient dans leurs villas en bord de mer et, dans l’attente d’une mort qui se rapproche chaque jour, y organisent des fêtes, autant d’occasions d’en finir en rivalisant d’ingéniosité pour épater la galerie d’invités. Dale Baley n’explique rien, il expose les ravages de cette ruine, s’attardant sur la réaction des habitants condamnés. Scènes difficiles, attente de l’inéluctable, rapport d’une enfant face à un avenir qui n’existe pas... l’auteur a glissé une multitudes de choses dans cette nouvelle qui ne peut laisser indifférent. C’est fascinant et dérangeant. Très belle découverte !
“Scientifiction” revient sur le film « Premier contact » et le problème pour communiquer avec une espèce extra-terrestre. Pour l’occasion, c’est l’ensemble de l’équipe, à savoir Frédéric Landragin, J.-Sébastien Steyer et Roland Lehoucq, qui a été convoqué pour répondre à la question. C’est toujours aussi prenant
Ce numéro de « Bifrost » est grandement consacré à Jean Ray au travers d’un dossier très bien monté, mais ce qui m’a le plus marqué c’est la nouvelle de Dale Baley en début de revue.
Titre : Bifrost
Numéro : 87
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Philippe Foerster
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, nouvelles, entretien, etc.
Sites Internet : le numéro 87, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : juillet 2017
ISBN : 978-2-913039-84-1
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 196
Prix : 11€
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