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Tokyo Ghost (T2) Enfer digital
Rick Remender, Sean Murphy & Matt Hollingsworth
Urban Comics

Nichés en plein coeur des Jardins Préservés de Tokyo, Led Dent et Debbie Decay n’ont pas pu échapper longtemps à l’enfer technologique instauré par Flak Corporation. Le pirate Davey Trauma a pris le contrôle de l’esprit et du corps de Dent, qu’il pousse désormais à tuer et à détruire tout ce qui peut se trouver sur son passage. La ville de Tokyo a été la première à en payer le prix...



2089. Le virtuel fait loi. L’humanité a glissé, sous le jougs de sociétés de divertissements, dans un mode 100% technologique. Exit le monde réel, que vive l’abrutissement en des plaisirs sans fin et immédiats.

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C’est dans des flux continus d’infos, de jeux débiles et de pornographie qu’a glissé Teddy Dennis, pour oublier ce jour où pour se venger d’une humiliation adolescente, il est devenu l’agent Let Dent, une brute nano-dopée manipulée par le psychotique Davey Trauma. Ce dernier est la démente représentation d’un pouvoir fou et totalement technologique.
Mauvais génie prisonnier dans l’ombre de M. Flak, PDG de la société Flak Corporation qui gère tous les divertissements de la population, depuis que Let Dent a détruit Tokyo, le dernier paradis terrestre vierge de technologie (voir le tome 1), son nouveau projet dément est de pousser la population mondiale au suicide pour lui donner une seconde vie en toute virtualité !
Qui pour l’arrêter ? Debbie Decay a perdu celui qu’elle aimait dans un embrasement de fin de monde sous le feu atomique. Celui qui a grandi avec elle sur les îles de Los-Angeles et qu’elle a juré de protéger de son épouvantable addiction aux paradis artificiels semble définitivement avoir basculé dans une démence qui l’entraîne vers toujours plus de violences... si loin du monde réel. Elle semble épuisée par ce si grand échec et ne plus avoir la volonté d’aller sauver son amour de toujours.

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Dans ce second et dernier volet de “Tokyo Ghost”, Rick Remender renoue d’entrée de jeu avec la folie du duo Flack/Trauma. Le premier est fou d’argent, d’audimat et de pouvoir, pervers égocentrique prêt à tout pour aliéner et exploiter autrui. Le second est un narcissique à tendance psychotique, pire écho de ce que peut engendrer la dépendance technologique sur l’humain. Il voit le monde comme un jeu vidéo à taille réelle dont il veut contrôler tous les personnages. Dent est devenu sa marionnette, qu’il oblige à tuer, à massacrer, à se gorger de sang en même temps que de parasites irréels dont il noie son cerveau. Les premiers épisodes sont de vraies scènes de folie destructrice, pornographique, jouées dans un univers de parc d’attraction en pleine folie où l’humain est soumis ou dépecé selon le bon vouloir de leurs maîtres fous. Remender force les curseurs à l’extrême, mettant l’obscène en tête d’affiche de ce monde en passe de se virtualiser totalement, après un nettoyage qui passe par un suicide collectif. Suffisant pour faire monter au combat Debbie Decay, avec les dernières forces d’un monde presque anéanti dans les vestiges de Tokyo. Elle qui fût toujours la conscience de Dent, qui a axé toute sa vie sur la possibilité de le faire décrocher va devoir sauver le monde, et faire le deuil d’un rêve d’enfance à jamais détruit.

En forme de chronique désabusée, Remender pousse la dramaturgie de ces derniers épisodes en prenant fermement position contre un monde technologique qui déshumanise ses habitants, même si, en note finale, il laisse à penser que l’homme pourra toujours se laisser tenter par son génie scientifique, bon ou mauvais.
Le récit est assez linéaire, en forme de lutte entre le bien et le mal, de sauvetage impossible d’un être noyé dans ses addictions et de recherche d’un amour né dans le souvenir d’un serment d’adolescents. Oui, ce lien avec la construction dans l’enfance est toujours un axe privilégié des récits du scénariste.

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Le trait de Sean Murphy, à apprécier dans l’édition en N&B

Sean Murphy et Matt Hollingsworth font preuve d’une inventivité débridée dans leur approche artistique une fois de plus très complémentaire. Le dessin virtuose étale toutes ses qualités de dynamisme, d’expressivité, multipliant les tableaux spectaculaires, fortement soutenu par la formidable palette de couleurs qui habille ce monde en phase terminale.

Ce second tome, cet “Enfer digital”, est sans doute un poil en dessous du premier dans ce qu’il révèle. Il conclut une aventure que j’invite à lire d’un seul tenant, pour une lecture très fun dans un univers totalement dément qu’on pourrait mettre dans la même catégorie que le “Urban” de Luc Brunschwig et Roberto Ricci. Ce récit amène forcément à une réflexion sur l’individualisme forcené et l’addiction qui s’installent dans notre société depuis l’avènement d’internet et des smartphones et, visuellement, c’est véritablement réussi et impressionnant.


Comme pour le premier tome, Urban Comics a tout d’abord publié le volume 2 de “Tokyo Ghost” dans une version à tirage limité, en noir et blanc, avec couverture alternative. Histoire d’apprécier la performance graphique de Sean Murphy, avec quelques petits ajouts en touches finales tout à fait appréciables.


(T2) Enfer digital
- Série : Tokyo Ghost
- Scénario : Rick Remender
- Dessin : Sean Murphy
- Couleurs : Matt Hollingsworth
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Urban Indies
- Pagination : 136 pages couleurs
- Format : 21x27,5 cm
- Dépôt légal : 21 avril 2017
- Numéro ISBN : 9791026811145
- Prix public : 15 €


À lire sur la Yozone :
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Illustrations © Sean Murphy et Éditions Urban Comics (2017)



Fabrice Leduc
1er juillet 2017




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Tokyo Ghost (T2) Enfer digital



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Démentiel Davey Trauma



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Couverture Us #8 (Image Comics)



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“Tokyo Ghost (T2) Enfer digital”, dans son édition en N&B



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Tokyo Ghost (T1) Eden atomique



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