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In Vino Veritas, tome 5 : Le Ventoux pour témoin
Robert Reumont
Corsaire Éditions, Pavillon Noir, roman (Belgique), polar, 350 pages, mai 2017, 14€

Au pied du Mont Ventoux, le corps sans vie de Bruno Moustiès, fils d’un grand propriétaire viticole, est trouvé à côté du mur de la peste. Le soleil tape dur quand le commissaire Boistôt arrive en compagnie de Wyvine et Joseph Marnay. Le commissaire Roustagnou les accueille sur place et leur présente l’affaire. Pour la police locale, les coupables sont tout désignés : les frères de Faïqa, la petite amie de Bruno, voyaient cette fréquentation d’un mauvais œil et le plus jeune est déjà connu des forces de l’ordre.
Reste à la fine équipe à faire toute la lumière sur ce meurtre, sans céder aux pressions exercées.



Robert Reumont est un universitaire belge agrégé de philosophie romane. Il est né à Charleroi et habite Fleurus. Avec la série « In Vino Veritas », dont « Le Ventoux pour témoin » constitue le sixième tome, il met en avant le terroir français, aussi bien par sa gastronomie que par son secteur viticole.
Pour ce faire, il a constitué une fine équipe : Placide Boistôt, bon vivant, Wyvine, une femme sculpturale aimant le soleil et s’affichant dans des tenues faisant tourner les têtes, et Joseph, toujours prêt à rendre service mais aussi décrit comme un champion en orthogaffe. Dès qu’une affaire touche au domaine du vin, l’OENO (Office des enquêtes nationales Œnologiques) est appelé, chacun de ses membres sait apprécier les plaisirs de la vie autour d’un bonne table et ils ne se définissent pas comme des collègues mais comme des amis. Voilà le genre d’enquêteurs auxquels les lecteurs sont rarement confrontés.

Ces trois-là ne font rien comme les autres et, une fois en Provence, ils ne logent pas à l’hôtel mais chez une connaissance de Placide, Marina, qui les accueille les bras ouverts et s’active devant les fourneaux pour les régaler. Chaque repas chez elle ressemble à un plaisir des sens que les trois savent apprécier à leur juste valeur. « Le Ventoux pour témoin » est ainsi jalonné d’étapes culinaires, gustatives... à contenter les plus grands épicuriens. En plus du soleil provençal qui tape dur et incite à la sieste journalière, l’humour est aussi de la partie. Joseph répare tout ce qui ne fonctionne pas bien mais les résultats ne sont pas forcément à la hauteur. Wyvine n’a pas la langue ni les mains dans les poches quand on lui manque de respect. Elle est bien loin de la bimbo que beaucoup voient en elle. Et Placide semble dans son monde ponctué de son juron « Vin dieu, divin vin ». Lors d’une mission de confiance en compagnie de Roustagnou, ils montrent toute leur capacité à la remplir. Et bien sûr, l’accent du coin et le parler des jeunes rebelles apportent un relief certain aux dialogues et une part de dérision.

Pour un œil extérieur, les trois s’apparentent presque à une équipe de bras cassés, mais ils n’en ont cure. Qu’importent les apparences, du moment que la vérité éclate. Là, ils vont contre vents et marées, les préjugés sont tenaces et les frères de Faïqa du fait de leurs origines maghrébines font de parfaits coupables. Pourquoi chercher plus loin, alors que tout les accuse ? Parce que Placide, Wyvine et Joseph qui suit le mouvement obéissent à leurs intuitions et n’hésitent pas à insister lourdement. Ils n’aiment pas l’intolérance et Placide s’insurge plus d’une fois contre celle des religions. Il est attaché à la culture française, la défend à sa manière un peu exubérante, devant parfois être recadré par Wyvine, d’un naturel très ouvert.
L’enquête semble stagner et quand les fils se dénouent, sa résolution s’accélère et apporte une lumière pour le moins inquiétante et inattendue. Les non-dits, les mystères ont indiqué à Placide la voie et lui ont donné des sujets de réflexion mais l’horrible réalité s’est petit-à-petit révélée. J’avoue que je ne m’attendais pas à une conclusion aussi bien vue, comme quoi Robert Reumont trompe son monde comme le trio de policiers.

Toutefois « Le Ventoux pour témoin » n’est pas exempt de menus défauts. Il y a quelques fautes grossières dans le texte (par ex : « Après » écrit « À près ») jusqu’au dos du livre arborant le titre « Le Ventous pour témoin » ! Et puis il y a une bizarrerie qui m’a dérangé à chaque fois que je l’ai rencontrée : l’utilisation du « je » pour Placide, alors que mettre tout le monde sur le même plan aurait été plus logique. Cela ne se remarque pas toujours, car le récit n’est pas forcément raconté du point de vue de Placide, comme aurait pu le laisser supposer l’emploi de la première personne. Il faut un temps d’adaptation pour assimiler ce fait.

« Le Ventoux pour témoin » offre aux lecteurs un voyage en très agréable compagnie. Une belle occasion de découvrir cet endroit de Provence et ses spécialités, tout en évoquant Camus, Rabelais... L’humour côtoie une épouvantable réalité, la méfiance et les préjugés prennent en général le pas sur la tolérance, les apparences sont souvent trompeuses...
Robert Reumont signe là une série aux enquêteurs des plus sympathiques, de bons vivants avec qui il est agréable de partager une tablée. De plus, ils sont efficaces à leur manière et il fallait de la subtilité, de l’observation et de la culture, mais aussi de l’indépendance pour ne pas dire de la désobéissance, pour trouver les coupables du meurtre de Bruno Moustiès.
Une belle surprise !


Titre : Le Ventoux pour témoin
Série : In Vino Veritas, tome 5
Auteur : Robert Reumont
Couverture : © Fotolia et Wikipedia
Éditeur : Corsaire Éditions
Collection : Pavillon Noir
Site Internet : Roman (site éditeur) 
Pages : 350
Format (en cm) : 12 x 20
Dépôt légal : mai 2017
ISBN : 978-2-917843-31-4
Prix : 14 €


Autres livres de la collection :
- « Les tigres ne crachent pas le morceau » de Michel Maisonneuve
- « De sucre et de sang » de Pascal Grand

Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
9 juin 2017


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