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Pensionnat de Mademoiselle Géraldine (Le), tome 1 : Etiquette et Espionnage
Gail Carriger
Orbit/Le livre de poche, roman traduit de l’anglais (USA), steampunk, 353 pages, 2015, 16,90€/6,90€

La jeune mademoiselle Sophronia Temminick fait le malheur de sa mère, à grimper aux arbres, s’intéresser aux mécaniques ou espionner les gens via le monte-plats. Sur le conseil d’une amie, elle l’envoie donc au pensionnat de Mademoiselle Géraldine pour jeunes dames de qualité, dont l’enseignement lui sera profitable et fera d’elle une jeune femme du monde.
C’est un petit peu éloigné de la réalité, comme Sophronia le découvre dès la voiture qui l’emporte loin de chez elle, au contact de Dimity et de son frère Polliver. La dame qui les accompagne n’est pas Melle Géraldine, elle porte perruque et contrefaisait sa voix. Ensuite, tandis qu’ils roulent vers Dartmoor, ils sont attaqués par des bandits de haut vol, en ballon, qui en veulent à un mystérieux prototype. Le sang-froid et le manque de manières de Sophronia les tireront de ce mauvais pas.
La jeune fille découvre bientôt que le pensionnat est un gigantesque dirigeable qui dérive au-dessus de la lande. A son bord, les jeunes filles apprennent certes à se comporter en société, mais certaines leçons, comme l’usage des poisons, l’espionnage ou le combat au couteau dénotent un certain... progressisme. Deux des professeurs sont même des surnaturels !
Le quotidien de Sophronia est chamboulé : il lui faut devenir une dame, une espionne, pour rester dans cet univers qu’elle apprécie davantage chaque jour, et déjouer les pièges des professeurs, surmonter la jalousie de ses camarades, dont la revancharde Monique de Pelouse, qu’elle soupçonne d’avoir volé le fameux et mystérieux prototype.



Après les 5 volumes du « Protectorat de l’Ombrelle », Gail Carriger nous offre une sorte de prequel. On aura le plaisir d’y retrouver, pré-ados, certains personnages marquants, comme Geneviève Lefoux ou Lady Kingair. Mais... il se passe un truc étrange, qui peut déstabiliser le lecteur : le début de ce XIXe siècle alternatif est peuplé de « mécaniques », des automates domestiques, souvent sur rails, déjà assez ordinaires pour équiper la grande bourgeoisie de province comme les Temminick. Et quelque 30 ans plus tard, dans les aventures d’Alexia Tarabotti, tout cela a disparu sans aucune explication (à l’exception de quelques allusions trèèès elliptiques dans « Sans Coeur »). Pour le lecteur, ce sera donc un premier mystère.

Le second changement concerne l’âge des héroïnes. Alexia était une « vieille fille » de 26 ans, Sophronia est encore une gamine de 13-14 ans. Les problèmes de puberté et de premiers émois remplacent donc les jeux de séduction, d’autant que Sophronia, au caractère bien trempé et à l’attitude assurée, n’a pas conscience du charme qu’elle dégage (mais n’anticipons pas sur le second volume), incomparable aux beautés de ses camarades de classe.
Certes, l’école est étrange, les cours dispensés également, renouvelant grandement la forme d’aventures scolaires développée par J.K. Rowling et son petit sorcier, et plusieurs strates de mystères se superposent : Mlle Géraldine semble inconsciente du double apprentissage que suivent ses élèves sous la direction de la sulfureuse Lady Linette, et Monique joue un double jeu dangereux. Sophronia est persuadée qu’elle a volé le prototype, et va chercher à la confondre, d’autant qu’elle a un compte à régler avec la jeune femme qui l’a prise en grippe.

Que les fans se rassurent : les mésaventures de l’héroïne sont toujours rocambolesques, la contrainte de porter une tenue décente avec plusieurs jupons ne facilite pas forcément certaines acrobaties... on savourera à juste titre l’usage d’armes très féminines, enseigné au pensionnat, comme le battement de cils ou le lâcher de mouchoir, redoutable. Loin de Mata-Hari, les élèves du pensionnat sont amenées à devenir des femmes fatales parfaitement intégrées à la bonne société londonienne, plus subtiles et plus mortelles qu’un quelconque homologue masculin.

La politique en toile de font promet de bonnes choses, avec les Vinaigriers, la montée en puissance des surnaturels dans la société... Certains points s’éclairent, d’autres s’esquissent...

Beaucoup moins « sexy », davantage « young adult » voire « jeunesse », « Étiquette et espionnage » n’en est pas moins truculent à lire à tout âge. Son intrigue moins dense (pour l’instant) fait la part belle à la découverte, par Sophronia, d’un para-monde bien plus amusant que ce qu’elle attendait de l’âge adulte, même si par petites touches l’autrice instille un peu de maturité chez son héroïne.

Un nouvel univers captivant, un humour toujours décapant, une jeune femme mal à l’aise dans les conventions de son époque, et plusieurs mystères à résoudre. Que demander de plus ? Une excellente traduction, toujours signée Sylvie Denis ? C’est le cas. Ne pas attendre la suite ? Les quatre volumes sont parus, le dernier paraîtra en poche ce mois-ci, et les couvertures, fort agréables, demeurent inchangées.
A suivre très vite avec « Corsets et complots » !


Titre : Étiquette et Espionnage (Etiquette & Espionage, 2013)
Série : Le Pensionnat de Mademoiselle Géraldine, tome 1/4
Auteur : Gail Carriger
Traduction de l’anglais (USA) : Sylvie Denis
Couverture : Carrie Schechter
- Grand format :
Éditeur : Orbit
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 353
Format (en cm) : 21,5 x 14,5 x 2,5
Dépôt légal : mars 2014
ISBN : 9782360510764
Prix : 16,90 €
- Edition de poche :
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Orbit
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 384
Format (en cm) : 18 x 11 x 2,5
Dépôt légal : avril 2015
ISBN : 9782253183525
Prix : 6,90 €


Le Pensionnat de Mademoiselle Géraldine sur la Yozone
- 1 : Étiquette et Espionnage
- 2 : Corsets et Complots
- 3 : Jupons et Poisons
- 4 : Artifices et Arbalètes

Voir aussi :
Le Protectorat de l’Ombrelle :
- 1. Sans âme
- 2. Sans forme
- 3. Sans honte
- 4. Sans cœur
- 5. Sans âge
Le Protocole de la Crème anglaise
1/2 : Prudence


Nicolas Soffray
17 mars 2017


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