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MPD Psycho (T1)
Eiji Otsuka et Sho-U Tajima
Pika

Pourquoi, quand le juge déclare l’inspecteur Yosuke Kobayashi coupable de meurtre dans l’exercice de ses fonctions, ce dernier déclare ne pas être Kobayashi mais un certain Kazuhiko Amamiya ? Pour comprendre cette scène stupéfiante, il convient de revenir en arrière, alors que l’inspecteur était en charge d’une enquête sur des cadavres démembrés. Il faisait alors équipe avec Sasayama, censé être le profiler de l’équipe, et Toguchi, un reporter free lance. Si seulement il n’y avait eu que ces cauchemars où il semblait prendre du plaisir avec ces meurtres, mais le jour où le serial killer livra lui-même la petite amie de Yosuke les membres tranchés dans un frigo, la personnalité de Yosuke mourut et laissa la place au terrible Nishizono Shinji, le tueur psychopathe, qui n’hésita pas une seule seconde à se venger... puis laisser la place à Amamiya pour le procès. Mais Shinji n’est jamais très loin, dans le côté obscur de l’esprit définitivement perturbé de celui se faisant appeler Kazuhiko Amamiya.



Et c’est bien Amamiya que l’inspectrice Isono Machi venait consulter en prison pour obtenir des profilages de crimes toujours plus atroces, plus pervers. Mais Amamiya a fait son temps et si Machi l’attend à sa sortie de prison, ce n’est plus pour le questionner bénévolement. Elle lui propose de travailler avec elle dans la compagnie de détectives privés qu’elle vient de monter, et mettre ses dons au service de la police mais moyennant dorénavant finances. Il n’y a plus de raison pour que Sasayama bénéficie de toute la gloire des déduction d’Amamiya. Elle connaît tout de la schizophrénie de Amamiya. Toguchi lui a tout montré, lui qui fut témoin de toute la scène, cette terrible nuit où ils avaient retrouvé le tueur ayant torturé la petite amie de Kobayashi. Toguchi a alors filmé la mort mentale de Yosuke et l’apparition de Amamiya. Le tueur était certain que Kobayashi cachait en lui les mêmes pulsions meurtrières que les siennes, mais il n’imaginait pas à quel point il avait raison. Oui, Kobayashi était quelque part un tueur, mais à travers une autre personnalité : Shinji. Ce dernier n’éprouve aucun remord, aucun sentiment pour ses victimes. Au contraire, il prend un vrai plaisir à tuer...

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Avec la sortie sur grand écran de Split de M. Night Shyamalan, il convenait de rappeler que Eiji Otsuka avait déjà créé un personnage aux multiples personnalités et loin d’être toutes bien sympathiques bien des années plus tôt. Car c’est en 1997 que paraissait le premier tome de “MPD Psycho”. 20 ans plus tard, les éditions Pika fêtent dignement cet anniversaire en rééditant le premier tome non seulement sous un format exceptionnel, proche d’un album classique, avec couverture cartonnée mais surtout une édition en couleur. Un véritable objet de collection pour les fans de cet incroyable thriller horrifique mêlant personnalités multiples et serial killers pré-programmés. Profitons donc de cette réédition pour nous attaquer à cette oeuvre monumentale du duo Eiji Otsuka et Sho-U Tajima.

“MPD Psycho” est en fait la première véritable série de Eiji Otsuka qui s’était auparavant seulement attaqué à deux mini-séries. Et le choix scénaristique du mangaka est des plus osés car non seulement il explore l’univers des serial killers, mais ses tueurs sont d’une perversité sans bornes et comble de l’audace, c’est dans un magazine pour adolescent que Eiji Otsuka fait publier son manga. A côté de “MPD Psycho”, même “Dexter” fait doucement rigoler. Et le mangaka ne va à aucun moment épargner ses lecteurs. Il les met immédiatement dans le contexte de la schizophrénie multiple de son personnage principal : Amamiya. Ou plutôt Kobayashi. Attention, il va falloir être très vigilant car notre héros va exprimer dans ce seul premier tome pas moins de trois personnalités. Chacune représente un trait de caractère de ce dernier, poussé à l’extrême : du gentil flic au tueur psychopathe en passant par le profiler de génie. Eh oui, “Dexter” n’a strictement rien inventé, bien au contraire. Tous les personnages de la série apparaissent franchement dérangés ou possèdent quelque part une forme de monstruosité qui les traumatise. Même Machi n’est pas une simple flic au sang froid, elle a perdu deux doigts qu’elle remplace par des prothèses. Tous ont une part de ténèbres cachée, mais heureusement, tous n’ont pas ce terrible code barre sur le blanc de l’œil, symbole de ce mystérieux groupe de serial killers. Pour le moment, Eiji Otsuka lance de-ci de-là des bribes d’informations qui prendront peu à peu une importance capitale, comme Lucy Monostone et son groupe terroriste.

Comme l’explique Eiji Ostuka en conclusion de ce premier tome, le défi de la représentation des corps mutilés était de taille, mais c’était aussi un élément crucial pour la réussite de la série. A une époque (pas si lointaine) où la violence adolescente et des jeunes adultes était rejetée sur les BD, les mangas, les films, les jeux vidéos, tenter des dessins hyper réalistes et souvent gore n’était pas chose facile. Mais comment représenter le monde des serial killers sans montrer de cadavres et surtout ce qu’ils en font : entre le démembreur de corps, la cannibale et le cultivateur de cerveau, Eiji Otsuka explore une perversion sans limite et il faut avouer que le travail de Sho-U Tajima est tout simplement prodigieux, fascinant par son insanité, faisant ressortir notre côté malsain, notre fascination pour la mort sous bien des aspects. Oui, on ne sort pas indemne d’un tome de “MPD Psycho” et son interdiction au moins de 16 ans est parfaitement justifiée, mais quand vous avez apprécié “Dexter” ou “Hannibal”, autant remonter à des formats plus anciens (je parle de la série TV et non de “Dragon Rouge” qui date de 1981). Sho-U Tajima retrouvait avec cette série Eiji Otsuka avec qui il avait travaillé sur la mini-série “Madara”. Il allait avec “MPD Psycho” changer d’univers, créant une atmosphère des plus étranges, entre un côté aseptisé d’hôpital psychiatrique et la folie dévastatrice des serial killers. La mise en couleur de ses planches par Keita Taniguchi est tout en finesse, jouant sur des chromatiques différentes pour chaque typologie d’action, de scènes, allant évidemment sur des déclinaisons de rouge dans les moments de grande violence. Cette colorisation apporte un plus évident à cette série, qui ne cherche pourtant pas à appuyer le côté gore, plus à accompagner l’action et les personnages.

“MPD Psycho” est une oeuvre incontournable et cette édition grand format couleur est indispensable. Attention toutefois au prix qui sort lui aussi de l’ordinaire, mais cette édition vaut bien ses 20 euros.


à partir de 16 ans

MPD Psycho (T1)
- Scénario : Eiji Otsuka
- Dessin : Sho-U Tajima
- Couleur : Keita Taniguchi
- Traducteur  : Sylvain Chollet
- Éditeur français : Pika
- Format : 185 x 263, couleur - sens de lecture original
- Pagination  : 192 pages
- Date de parution : 11 janvier 2017
- Numéro IBSN : 9782811626426
- Prix : 20 €


TAJÛJINKAKU TANTEI PSYCHO © 1997 Eiji ÔTSUKA © 1997 Sho-U TAJIMA / KADOKAWA SHOTEN
© Edition Pika - Tous droits réservés




Frédéric Leray
6 mars 2017




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