Pour le plus grand désespoir de sa mère, notre héros ne sait rien faire de ses dix doigts. En fait, il n’a plus rien fait depuis sa sortie de l’école, ratant l’examen pour devenir Bringer et quand sa mère lui trouve un travail, il est incapable de le garder, il faut dire que se retrouver chez un marchand vendant des monstres et leurs attributs quand on a une peur maladive de ces créatures n’aide pas. Et puis, ses rapports avec les femmes sont des plus compliqués. Il faut dire qu’avoir comme seule expérience les jeux de drague, cela n’aide pas à séduire les femmes dans le monde réel, surtout en soulevant les jupes d’une princesse guerrière. Mais pourquoi gâche-t-il sa vie à ne rien faire ? Pourquoi est-il devenu une honte pour sa mère, elle qui fait tout pour le remettre dans le droit chemin, celui du travail ? La rencontre avec un jeune génie Bringer, à la puissance phénoménale, semblait avoir déclenché une prise de confiance chez lui car seul le travail et le don de soi permet d’atteindre ses rêves quels qu’ils soient... mais notre héros s’en fout complètement car finalement, glander est bel et bien son style de vie préférée.
“Monster x Monster” est le premier titre publié en France de Nikiichi Tobita. Le mangaka s’est fait un nom dans l’univers du webcomic. Reconnu pour un humour déjanté, il fallait donc s’attendre à ce que sa série en soit bien repeinte. Toutefois, l’introduction et le titre était trompeur et pouvait laisser penser que nous avions affaire à une nouvelle déclinaison de la fameuse série et jeu vidéo “Monster Hunter”. Il faut dire que tout collait dans l’univers créé par le mangaka : des monstres chassés par les humains qui utilise leur cadavre comme matière première pour leur armement. Mais en réalité, ce monde est bien plus évolué qu’il n’y paraît et surtout, Nikiichi Tobita recrée des éléments de notre société tout simplement à partir de combinaisons de monstres, comme la console de jeu de son héros. C’est d’ailleurs assez surprenant, Nikiichi Tobita ne nous préparant pas une seule seconde à cette transition, même si la couverture nous avait quelque peu averti.
Son héros est en fait un fainéant de première qui va rencontrer au fil des chapitres des chasseurs hors pairs qui vont tous tenter de le motiver et le forcer à s’interroger sur sa vie qu’il est en train de gâcher. Il faut bien avouer que le schéma des chapitres, tous très similaires, s’avère au bout du tome très voire trop répétitif. Si le côté « glandeur qui prend conscience de sa nature pour finalement se complaire dans sa nullité » est assez amusant une fois, un peu moins la deuxième, cela devient ensuite franchement lassant. Certes, les personnages qu’il rencontre sont charismatiques mais ils ne font que passer et le lecteur n’a pas vraiment le temps de s’y attacher. Ce côté trop superficiel enlève rapidement ce fameux humour déjanté car l’histoire n’avance pas une seule seconde jusqu’aux dernières pages qui nous laissent soudainement avec un cliffhanger totalement inattendu.
Ce qui sauve ce premier tome et aussi ce qui a fait la renommée de Nikiichi Tobita, c’est l’incroyable qualité de son dessin. Réaliste, bourré de détails, certaines pages sont tout simplement de véritables petits bijoux. En particulier, ses monstres, aux origines principalement reptiliennes. Son style est d’ailleurs éloigné du manga et du shonen, plus proche de certains comics américains. Un mélange qui s’avère très concluant et qui pourrait même séduire les plus réfractaires au dessin classique du manga. Les épées ont la forme de la matière les ayant conçues et ne sont donc pas de belles lames droites. On savoure les scènes de combat, très claires mais également très courtes car les chasseurs ne perdent guère de temps dans des combats dangereux s’ils traînent en longueur. D’un autre côté, vu le peu de combats, il y a de quoi se demander si cette série est en fait du mode baston, ou si les affrontements avec les monstres ne sont que pour faire joli, car ce fameux anti-héros n’est guère chaud pour devenir un Bringer, en tout cas pas dans ce tome. De nombreux gros plans le montrant se curant le nez closent les chapitres, mais ce bon vieil humour de répétition un peu pipi-caca ne marche pas vraiment (ou j’y suis peut-être totalement hermétique).
“Monster x Monster” est loin d’être convainquant. Mais avec une qualité de dessin exceptionnelle et une fin de tome qui pourrait lancer la série, donnons lui une seconde chance avec le deuxième tome.
Monster x Monster (T1)
Auteur : Nikiichi Tobita
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 176 pages
Date de parution : 23 février 2017
Numéro ISBN : 978-2-35592-983-0
Prix : 7,65 €
MONSTER × MONSTER © 2014 Nikiichi TOBITA / SHOGAKUKAN
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