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Pension Moreau ( La) (T1) Les enfants terribles
Benoît Broyart et Marc Lizano
Éditions de la Gouttière

Fatigués de ses fugues à répétition et de son mutisme, les parents d’Émile se débarrassent de lui en le confiant à la Pension Moreau. Moyennant une forte somme d’argent, le professeur Turoc, en charge de cet établissement, accepte de le prendre. Cet abandon est définitif, ils ne reverront jamais leur enfant, ce qui est le dernier souci de son père, bien heureux de ne plus subir cette présence gênante.
Émile est loin d’être le seul concerné par ce désintérêt parental et il partage sa cellule avec Paul qui a connu la même mésaventure et deux jumeaux, trouvés dans la rue dans leur cas.
Le début d’une nouvelle vie désespérante.



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Au scénario, Benoît Broyart plonge les lecteurs directement dans le vif du sujet : des enfants au travail pendant que le directeur écoute “La chasse à l’enfant”, un poème de Jacques Prévert. Les paroles sont dures, terribles, prémonitoires quant à la suite : « Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! ...  » Il pourrait être écrit au-dessus de la porte de la pension : enfant qui entre ici abandonne tout espoir ! Rejeté par les siens, Émile qui arrive juste en fait la triste expérience. Il aime dessiner et tient toujours un crayon pour griffonner sur un carnet, mais le professeur Turoc et les autres encadrants lui refusent ce plaisir, que seuls les autres enfants peuvent lui offrir.
Habilement, pour conserver une certaine distance, les enfants sont humains, contrairement aux quatre adultes s’occupant de la pension représentés par des animaux : un hibou pour Turoc, un renard pour le professeur... Pourtant, les plus abjects s’avèrent sans doute être les parents reniant leurs progénitures et ne désirant pas savoir ce qu’il leur arrivera.

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La première journée est terrible et donne le ton : beaucoup de travaux, de corvées et de brimades contre ce peu d’éducation aux allures de répression. Les chambres ne sont autres que des cachots dans lesquels les enfants peuvent se laisser aller loin de leurs gardiens. Entre les quatre de la chambrée naît tout de suite une belle amitié, mais Paul ne supporte pas cette situation et se rebelle, comme il l’a fait avec son père.
Au dessin, Marc Lizano transpose très bien le cadre. À l’intérieur, les murs sont gris, il fait sombre, alors que l’extérieur affiche une belle verdure. L’opposition prison - liberté s’impose sans coup férir. Les bouilles des enfants sont rondes, sympathiques, mais leurs tortionnaires font tout pour les avilir, rasant leurs cheveux pour qu’ils ressemblent davantage aux prisonniers qu’ils sont. Des parallèles de sinistre mémoire viendront à l’esprit des lecteurs adultes. D’ailleurs, la question est posée sur leur avenir dans cette institution...

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“Les enfants terribles” est un titre trompeur, car les lecteurs ne peuvent que se prendre d’amitié pour eux. Ce ne sont que de jeunes êtres à qui est refusée l’enfance. Aussi bien du point de vue scénaristique que graphique, la barre est tout de suite placée haute pour “La pension Moreau”, série prévue en trois tomes.
Quel que soit l’âge du lecteur, il tremblera pour ces quatre-là, peut-être pas pour les mêmes raisons, mais il vivra cette histoire dure à sa manière. L’ensemble se révèle poignant et donne des sujets sur lesquels méditer quant à l’éducation.

Il est à noter que les paroles du poème de Prévert sont loin d’être gratuites, elles reposent sur un fait réel datant de 1934 où a été menée une chasse à l’enfant, suite à un soulèvement dans un pénitencier pour mineurs délinquants. Une prime était même offerte pour tout fuyard ramené ! “La pension Moreau” s’en sert justement comme source d’inspiration.

Une belle réussite de plus à mettre au crédit des Éditions de la Gouttière !


(T1/3) Les enfants terribles
- Série : La pension Moreau
- Scénario : Benoît Broyart
- Dessin : Marc Lizano
- Couleur : Mathilda
- Éditeur : Éditions de la Gouttière
- Pagination : 48 pages couleurs
- Dimensions (en cm) : 20 x 28
- Dépôt légal : 17 février 2017
- ISBN : 979-10-92111-08-8
- Prix public : 14 €


Illustrations © Marc Lizano et Éditions de la Gouttière (2017)



François Schnebelen
20 février 2017




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