Comment s’est-il retrouvé avec ce gamin sur les bras ? En tout cas, le môme ne le lâche plus, souhaitant qu’il l’emmène dans la cité de Juhron. Il se dit être le prince du royaume, le jeune Imun. Franchement, qui pourrait croire ce morveux ? Voyant qu’il ne parvient pas à convaincre le brigand, Imun décide de l’attaquer sur son point faible : s’il l’emmène à Juhron, Imun lui fera donner 50 pièces d’or. Bon, certes, ce n’est qu’un morveux, mais cela serait stupide de passer à côté d’une telle somme. Alors soit, le brigand accepte de l’emmener là-bas, mais sur leur chemin, ils tombent sur un village qui semble abandonné. Toutefois, en fouillant les maisons, le brigand découvre de nombreux corps. Mais quelque chose cloche, son instinct le pousse à fuir ce village. Pendant ce temps, Imun rencontre une petite fille qui lui propose de venir chez elle pour dîner, avant que la nuit tombe. Seulement, la soupe que lui sert le père de la jeune fille est loin d’être habituelle car faite à partir de morceaux humains. Affolé, Imun tente de s’enfuir, loin de ces cannibales.
Nous avions laissé Yang Kyung-II alors qu’il finissait de dessiner “Area D”. Nous le retrouvons ici pour un one shot composé de deux histoires complètes : “Burning Hell” et “Kingdom of Gods”. Complètes, certes, mais dont la fin laisse bien des possibilités et surtout pourrait pour chacune s’ouvrir sur une série longue durée. Si l’on doit comparer l’atmosphère des deux nouvelles, ce serait plus avec “Le Nouvel Angyo Onshi”, avec cet univers mélangeant le Japon médiéval avec le fantastique. D’ailleurs, Youn In-Wan est scénariste et coordonnateur pour ce manga. Il signera même le scénario de “Burning Hell”, la première histoire de ce tome.
L’histoire de “Burning Hell” est exactement ce que l’on adore ! Deux salauds finis unissent leurs forces pour prendre possession d’un trésor de pirates. Ils se retrouvent exilés sur une île destinée aux pires criminels existant au Japon et en Corée. Bon, Ju est cannibale et Han écorche vif ses victimes pour en faire des « œuvres d’art ». L’arrivée des pirates va stopper le combat sans fin que les deux hommes se livraient sur l’île. Rien ne vaut un ennemi commun pour unir des forces contraires et les obliger à travailler de concert... Bon, je vous offre une vision idéalisée car évidemment, cela ne va pas se passer aussi facilement que cela. Ce qui est intéressant dans ce récit est de voir ces deux pourritures devenir les héros de l’histoire et surtout, pendant un bref instant, ils vont nous montrer une bribe d’humanité quand ils découvrent la nature du fameux trésor. Les pirates ne seront pas non plus de simples pilleurs des mers, en particulier leur capitaine, membres d’une étrange secte mystique aux pouvoirs surnaturels. La part belle sera donnée aux combats qui représentent plus des trois-quarts des planches. Yang Kyung-Il s’en est donné à cœur-joie, même s’il aura tendance à devenir un peu brouillon sur certaines planches. Comme je le précisais ci-dessus, il n’y aura pas vraiment de fin à cette histoire bien au contraire, mais on se dit également que les possibilités de développement seraient réduites, sauf à étoffer un peu le scénario qui s’est laissé largement dévorer par le dessin.
“Kingdom of Gods” est écrit par Kim Hun-Hee, sous la coordination de Youn In-Wan. L’histoire est bien plus développée que pour la première nouvelle de ce one shot. Nous suivons les pérégrinations d’un jeune prince et d’un général devenu brigand, se retrouvant dans un royaume dont les habitants sont dévorés par une maladie les transformant en zombies affamés de chair humaine. Pour comble de malheur, le prince est poursuivi par un groupe d’assassins, des ninjas sans pitié. La psychologie des personnages est bien développée et l’on s’attache rapidement à ce duo atypique plongé dans un terrible cauchemar. Toutefois, au fil de l’histoire, le prince Imun s’avère bien plus mature qu’il n’y paraît. Certes, il a des réactions d’enfant devant la peur, mais il peut également soudainement se comporter en suzerain qu’il est. Le contexte de son enlèvement est aussi assez mystérieux et complexe. Cette histoire mériterait largement plus que cette nouvelle. Il y a facilement matière à en faire une série digne de ce nom. Kim Hun-Hee pose intelligemment les bases d’une véritable série. Certes, il faudrait plus exploiter les assassins qui restent en retrait de l’histoire, simples figurants tout comme les zombies. L’origine du mal nous est donné et fera écho avec la première histoire : le cannibalisme. Kim Hun-Hee n’aura aucun tabou mais surtout montrera les ravages d’une tyrannie sur son peuple et comment la nature finit par se venger, en tout cas, c’est l’impression que le mangaka donne à travers l’histoire du prince.
Yang Kyung-Il met aussi tout son talent de dessinateur dans cette histoire, prenant plus de soin sur ses planches, moins axées sur les combats. Il nous crée des zombies très réalistes et parfaitement mis en images. Il est plus convainquant sur “Kingdom of Gods”, peut-être également par ce scénario plus complexe et qui le pousse plus dans ses retranchements.
Ce one-shot est une excellente façon de continuer l’expérience Yang Kyung-Il, surtout à travers “Kingdom of Gods” qui mérite bien plus que cette simple nouvelle.
Burning Hell & Kingdom of Gods
Scénario : Kim Hun-Hee
Scénario/Coordination : Youn In-Wan
Dessins : Yang Kyung-Il
Traducteur : Julien Favereau
Éditeur français : Pika
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 288 pages
Date de parution : 16 novembre 2016
Numéro IBSN : 9782811631840
Prix : 8,05 €
A lire sur la Yozone :
Area D (T1 et 2)
Area D (T3 et 4)
Area D (T5 et 6)
Area D (T7 et 8)
Area D (T9 et 10)
Area D (T11 et 12)
BURNING HELL KAMI NO KUNI by Youn In-wan, Kim Eun-hee, Yang Kyung-il © SHOGAKUKAN.
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