Genre : Horreur
Durée : 1h35
Interdit aux moins de 16 ans
Avec Jay Hernandez (Paxton), Derek Richardson (Josh), Eythor Gudjonsson (Oli), Barbara Nedeljakova (Natalya), Jan Vlasák (L’homme d’affaire néerlandais), Jana Kaderabkova (Svetlana), Jennifer Lim (Kana), Lubomir Bukovy (Alex), Jana Havlickova (Vala), Rick Hoffman (le client américain), Petr Janis (le chirurgien allemand), Takashi Miike
Deux jeunes beaufs américains venus parfaire, ou concrétiser, leurs expériences sexuelles, arpentent les boîtes de nuit des grandes villes de la vieille Europe. Au cours de leur voyage, ils se lient d’amitié avec un Islandais “Oli, le roi du swing”. Déçus par leur séjour à Amsterdam, où il faut payer pour baiser, les trois compères suivent les conseils d’une rencontre d’un soir. Le type leur explique, photos à l’appui, que pour les gonzesses, le top du top c’est plus à l’Est, à Bratislava. Et en effet, à peine arrivés en terre slovaque, les trois crétins se retrouvent à faire chambre commune avec deux petits canons aux mœurs totalement libérées. Sauna, bar, night-club, leur première nuit finit en apothéose. Mais, au réveil, le roi du swing a disparu dans laisser d’explications. A la recherche de leur pote, les deux Amerloques découvrent que le tourisme local repose sur des pratiques jusque-là inédites. La légendaire hospitalité slave n’est vraiment plus ce qu’elle était...
Après « Cabin Fever », un premier film d’horreur pour ados au ton et au style discutables, Eli Roth remet le couvert avec une nouvelle horreur, elle aussi à la saveur douteuse. Si l’on retrouve d’entrée l’humour “bite-sein-couille” du soi-disant nouveau prodige américain, il faut attendre une bonne demi-heure de non-film et de mauvaises blagues avant que les péripéties des trois apprentis queuteurs-de-fond pénètrent enfin leur sujet et que l’action s’emballe. Si, sur la Yozone, nous sommes pourtant des habitués du genre (Stéphane Pons était même parvenu à apprécier « Cabin Fever », c’est tout dire), l’humour à trois euros du scénariste-réalisateur, le climat glauquissime de la mise en image et surtout le propos particulièrement malsain du récit a eu tôt fait de nous agacer. Certes, si l’idée de punir sur grand écran les adeptes du tourisme sexuel aurait pu être amusante, il eût au moins fallu que les protagonistes soient de vrais coupables et non de vulgaires victimes à la recherche de quelques bons coups de baise consentants. De même, si l’idée d’un club de nantis prêts à tout pour mener leurs fantasmes de tortionnaires n’est pas inintéressante, ironiser, que dis-je, se gausser de la situation socio-économique de l’ancien bloc de l’Est pour n’accoucher que d’une farce tordue faisant l’apologie de la violence et du capitalisme fleurissant, est une tout autre affaire.
Là, franchement, on se pose de sérieuses questions quant aux motivations d’une telle production. Surtout quand elle est cautionnée par un cinéaste de la trempe de Quentin Tarentino. Espérons que ce dernier a accepté de prêter son nom à ce ... truc sans l’avoir vu, car il n’y a rien qui rattache « Hostel » au cinéma du réalisateur de « Pulp Fiction » ou de « Kill Bill ».
Il faut attendre les toutes dernières minutes du film pour qu’enfin une scène parvienne à dérider nos zygomatiques interdits (merci Rick Hoffman), sans que le caméo de Takashi Miike ne parvienne à relever la sauce. Pas drôle, pas intelligent, pas beau, et même pas effrayant, ce second film de Eli Roth contentera peut-être les adolescents pubères américains en mal de nichons et de corps éviscérés qui nourriront probablement quelques bonnes blagues sur la situation dans l’ex-Europe d’obédience communiste. C’est si comique !
Le plus drôle dans cette histoire c’est que le film a été tourné à Prague, un autre pays de l’ancien bloc soviétique dont les studios américains profitent pour tourner des films à moindre prix. Alors, à quand du snuff movie dans les salles de la Gaumont ou les multiplex UGC.
Bruno Paul
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« Hostel » ? Du cul et du sang.
Certes, voilà bien deux arguments incontournables de la nature humaine qui ont parfois donné quelques chef-d’œuvres. À condition que les créateurs s’appellent Appolinaire (cf. « Les Onze Mille Verges ») ou le Marquis de Sade (mention spéciale pour l’ensemble de ses écrits) mais il faut bien le reconnaître, se coltiner avec ces effets de manche sans se prendre la pelle en pleine poire est assez rare. Ne devient pas un grand maître de l’horreur n’importe qui et surtout n’importe comment... Argento ou Bava peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
Eli Roth ne déroge pas à la règle en livrant un film assez insupportable. La seule question à se poser étant de savoir si le résultat est accidentel ou volontaire.
De deux choses l’une. Soit c’est un accident et on ne comprend pas par quel miracle cet objet a franchi les barrages de la production, soit c’est volontaire et on pleure à chaudes larmes sur les intentions forcément malsaines qui ont permis à « Hostel » d’arriver tel quel sur nos écrans.
De film, il n’y en a point. Scénario vaseux (une vraie-fausse bonne idée mal exploitée), la réalisation est à jeter (mal filmé, mal cadré) et des sous-entendus bien glauques sont offerts en prime (un patchwork philosophico-politique à oublier). Passons donc très vite sur ces points déjà soulignés par mon vénéré Rédacteur en Chef, en y souscrivant personnellement totalement.
Eli Roth déjà auteur d’une bonne série B horrifique (« Cabin Fever ») qui, je persiste et signe, sans être géniale avait au moins le mérite de se tenir, exploite un filon à la mode sur nos écrans ces dernières années, confirmé par les succès de « Saw » et « Saw 2 » (d’autres erreurs cinéphiliques à oublier).
Fouiller les tréfonds de l’horreur, utiliser l’imagerie la plus réaliste possible avec comme seul objectif de casser la baraque à dollars. Bref, la situation est grave et le pronostic futur pas joyeux, joyeux.
Retrouver Quentin Tarantino derrière tout cela n’est pas une franche surprise. Un jour ou l’autre, on se rendra compte de l’ineptie d’une grande partie de ses précédentes réalisations (mis à part « Pulp Fiction » et « Jacky Brown ») et l’histoire remettra sans doute à sa juste place, ce réalisateur surmené et fatigant à l’extrême. Effets chics pour tickets chocs et après ?
Y a quand même des moments où il faut savoir mettre le frein à main et se concentrer un peu avant de s’exciter sur n’importe quoi. Et là, pour le coup, Tarantino a dérapé gravement.
On sort de « Hostel » la bave aux lèvres en se demandant ce que nous réserve le futur du cinéma d’horreur. Il est vrai qu’il reste encore quelques sujets tabous à traiter et que pour quelques dollars (ou euros) de plus, on trouvera bien un branque capable de le faire...
Penser que certains films X sont interdits au moins de 18 ans parce quelques adultes consentants se donnent du plaisir à la manière de papy Cromagnon et que l’on pourra aller voir ça à partir de 16 ans terrifie un peu.
Alors oui, nous manquons d’humour (ben voyons), nous sommes coincés (of course) et tout cela est génial (tu parles !).
En attendant, oublions cet « Hostel », Eli Roth et Quentin Tarantino, un douteux trio réuni pour le pire. Il faudra du temps, beaucoup de temps pour que s’exerce le pardon que tout homme charitable doit à son prochain.
Stéphane Pons
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Eli Roth
Scénario : Eli Roth
Producteurs : Chris Briggs, Mike Fleiss, Eli Roth
Coproducteurs : Daniel S. Frisch, Philip Waley
Producteurs exécutifs : Scott Spiegel, Boaz Yakin, Quentin Tarantino
Musique originale : Nathan Barr
Image : Milan Chadima, Shane Daly
Montage : George Folsey Jr.
Distribution des rôles : Ivan Vorlícek, Kelly Wagner
Création des décors : Franco-Giacomo Carbone
Direction artistique : David Baxa
Décorateur de plateau : Karel Vanásek
Création des costumes : Franco-Giacomo Carbone
Maquillage : Howard Berger, Gregory Nicotero, Sarah Graham, Kevin Wasner, Christopher Allen Nelson
Cascades : Pavel Voukan
Production : Hostel LLC, International Production Company, Raw Nerve
Distribution : Gaumont Columbia TriStar Films
Relation presse : Anne Lara, Nicolas Weiss
INTERNET
www.hostel-lefilm.com