Ce premier tome est réjouissant. Remarquablement soigné et illustré, c’est l’ouverture parfaite d’une série qui s’annonce plaisante.
On sent que Joëlle Jones a pris beaucoup de soin à agencer ses cases et créer ses personnages. Et, de fait, on a beaucoup de plaisir à les regarder. Josie, femme au foyer impeccable aux tenues variées, est une superbe pin-up aux yeux verts d’eau. Peck a des airs de dandy qu’il est bon de regarder, et toute la flopée de personnages secondaires est très bien exécutée, différenciée, caractérisée, que ce soit la belle-mère allemande ou le petit couple de la cage d’escalier. Ça sent bon l’album qu’on a aimé faire et dont on est fier.
Cette réussite graphique, à placer dans le haut du panier du style comics, fait excuser le scénario un peu classique. La trame du tueur à gage traqué par son propre patron est en effet assez vue, seuls l’époque et le contexte amenant la petite touche de fantaisie. Les auteurs ne se privent pas de quelques autres facilités qui font tiquer. L’ensemble est néanmoins bien mené, les auteurs ayant trouvé le bon dosage entre présentation de l’univers et des protagonistes et scènes d’actions. On retrouve dans tout l’album le joli contraste de la couverture : celui d’une violence explicite, crue, côtoyant un raffinement maniéré. C’est léger, sexy, facile et jubilatoire.
Maintenant que l’histoire est bien amorcée et le contexte posé, on a hâte de voir sur quelle voie les scénaristes vont nous amener. En espérant que la suite contienne autant de bonnes surprises que de belles planches et un scénario plus aiguisé. Une chose est néanmoins sûre : on re-signe avec plaisir !
“Lady Killer” a reçu en 2016 le Prix Will Eisner de la meilleure série. Joëlle Jones, pour sa part, a reçu les Prix pour le meilleur dessin et encrage et pour la meilleure artiste de couverture. Pour rappel, les Eisner Awards sont les prix les plus représentatifs de la bande dessinée américaine, ils sont autant couru que les prix décernés au festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Ils portent d’ailleurs le nom de ce monstre sacré qu’est Will Eisner, salué cette année par une Exposition à Angoulême...
(T1) À couteaux tirés
Série : Lady Killer
Scénario : Joëlle Jones et Jamie S. Rich
Dessins et couleurs : Joëlle Jones
Éditeur : Glénat BD
Collection : Comics
Format : 18,5 x 28,3 cm
Pagination : 144 pages couleurs
Dépôt légal : 1er juin 2016
Numéro ISBN : 978-2-344-01199-7
Prix public : 15,95 €
Illustrations © Joëlle Jones et Jamie S.Rich. Dark horse Books (2015-2016), Glénat (2016)