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Fées et Automates (Imaginales 2016)
Jean-Claude Vantroyen (dir.)
Mnémos, Imaginales, anthologie (France), 220 pages, mai 2016, 18,50€

Thématique difficile cette année. Ne pas tomber dans le piège de la pâle copie de l’excellente BD « Fée et tendres automates » de Téhy/Jim et Béatrice Tillier. Opposer intelligemment le magique et le mécanique, le féérique et l’industriel, le passé et le futur...
Contrat rempli !



Saluons pour commencer la magnifique couverture d’Hélène Larbaigt, qui signait également l’affiche du festival.

Estelle Faye, primée cette année pour sa nouvelle parue dans « Légendes Abyssales » ouvre le bal avec “Smoke and mirrors”, vision désabusée du rêve américain au fil du XXe siècle et trois filles à la poursuite de leurs rêves dans l’univers du spectacle. La nouvelle est cruelle, la pirouette finale truculente.

Charlotte Bousquet, avec son “Rouet noir” nous ramène à Jadis, la ville-monde décrite à huit mains dans un magnifique album chez Mnémos. Une nouvelle au texte riche, qui flatte les cinq sens, presque un rien trop dense : difficile ensuite de ne pas vouloir en lire plus sur la ville infinie ! (on ne s’en privera donc pas.)

Idem pour Fabien Cerutti qui puise dans l’univers de son « Bâtard de Kosigan » dans “Le Crépuscule et l’aube”. Là encore la magie se coule dans un pantin, pour une subtile et nécessaire alliance des deux mondes. Une histoire empreinte d’humanité.

Le crépuscule de l’horloger” de Benoît Renneson fait initialement penser à un conte de fées, avec cet horloger appelé d’urgence du château seigneurial, au chevet d’une boîte à musique indispensable au maître des lieux, effrayant à souhait dans sa folie. Le tour délicat que prend le texte est aussi surprenant qu’appréciable. Une excellente découverte.

Adrien Tomas met dans “L’énergie du désespoir” assez de matière pour un roman. Les fées de son univers sont utilisées comme source d’alimentation des machines, et l’on suit une chasseuse professionnelle affublée d’un nobliau en stage découverte pour une chasse vitale à la cité. Échanges verts et petites humiliations sont au menu, retournement final succulent.

L’étalon” de Paul Beorn explore aussi la veine cruelle d’un enfant (?) élevé et/ou captif d’une fée. Là encore l’univers est dense et l’auteur ne soulève qu’un bout du rideau. La mécanisation et ses dangers, les le monde et ses apparences sont encore au cœur du récit.

Retour au contemporain avec “Magie de Noël” de Gabriel Katz, dans un Paris en plein couvre-feu où un père cherche une fée automate pour sa fille. C’est illégal. C’est dangereux. Le récit est tendu, on lit au rythme cardiaque du narrateur, et encore une fois c’est effroyablement cruel.

En fait, je vais arrêter de l’écrire, parce que tous les textes qui suivent sont d’une noirceur à vous faire culpabiliser d’aimer ça (et d’en redemander.)

Nabil Ouali quitte la fantasy de « La Voix de l’empereur » pour une scène de mise à sac d’une ville qu’on imagine en Afrique du Nord, et l’errance d’une petite fille. “Al’Ankabût” est aussi magnifiquement écrit qu’affreux à imaginer.

Le Tour de Vanderville” de Pierre Gaulon nous plonge en plein fantastique, lors d’une foire aux monstres, où le présentateur d’un numéro d’automates se laisse avoir au tour d’une fée. Moi qui n’ait que modérément accroché à son « Blizzard », j’applaudis ici, c’est simple, propre et diablement captivant.

L’“auTOMate” de Pierre Bordage plonge une fée dans notre vie réelle, en couple avec un homme qui, elle le découvre la première passion passée, mène une vie mécanique. Un point de vue très intéressant, comme l’auteur sait les mettre en lumière.

Jean-Claude Dunyach et Mike Resnick nous raconte à deux une histoire de robot joueur d’échecs. Un peu de mal à faire passer sa jeune propriétaire pour une fée, d’autant qu’elle occupe peu d’espace dans le texte, et la pirouette finale est assez prévisible. Agréable à lire mais sans plus.

Cindy Van Wilder, avec “Tsimoka”, se rapproche d’un brin du steampunk qu’on espérait avec une telle thématique. Son histoire emporte une jaune chamane loin de sa tribu, jusqu’à Paris. C’est magique, tragique, très dense et émouvant.

Terminons avec Lionel Davoust qui nous emporte en Evanégyre (« La Volonté du Dragon », « La Route de la Conquête », « Port d’âmes ») avec “Le Plateau des chimères”. Le pilote d’une armure de combat a fui la bataille et tente de plaider sa cause auprès d’un esprit issu des cristaux dont l’Empire a grandement besoin pour faire fonctionner ses machines de guerre. Manipulations, rapports de force et faux-semblants (j’adore, mais je ne suis pas objectif) pour conclure magnifiquement cette anthologie.

Une très bonne année, loin des choses attendues.


Titre : Fées et Automates
Série : Anthologie des Imaginales, 2016
Direction : Jean-Claude Vantroyen
Auteurs : Paul Beorn, Pierre Bordage, Charlotte Bousquet, Fabien Cerutti, Lionel Davoust, Jean-Claude Dunyach et Mike Resnick, Estelle Faye, Pierre Gaulon, Gabriel Katz, Nabil Ouali, Benoît Renneson, Adrien Tomas, Cindy Van Wilder
Couverture : Hélène Larbaigt
Éditeur : Mnémos
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 220
Format (en cm) :
Dépôt légal : mai 2016
ISBN : 9782354083571
Prix : 18,50 €



Nicolas Soffray
29 septembre 2016


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