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Architective (L’), tome 1 : Les Reliques Perdues
Mel Andoryss
Castelmore, roman (France), fantastique, 318 pages, juin 2016, 16,90€

Armand est un jeune lycéen qui a le pouvoir de sonder l’âme des bâtiments, comme son père. Mais son géniteur vit aux USA où il travaille pour une organisation secrète, et Armand grandit à Paris, avec sa mère d’une sévérité d’avocate intransigeante, qui l’emploie comme détective de temps en temps. Et ce matin de rentrée des classes, elle l’envoie, dans un hôtel particulier, à la recherche d’un testament pour clore une succession houleuse. Mais cette « plongée » dans les souvenirs de la maison ne se passe pas comme d’habitude, loin de là. Et la journée ne fait que commencer... Au lycée, après avoir retrouver son meilleur pote, Cédric, Armand croise une jolie rousse encore plus en retard que lui, Malaurie... et elle déforme les murs sur son passage, en plus de lui coller un furieux mal de crâne.
Deux incidents dont il parle à son père, dans son rapport par mail. Et le lendemain, les choses dérapent sérieusement ! Deux men in black viennent l’enlever au lycée, pour le forcer à replonger dans l’hôtel particulier. Armand vient de mettre le doigt dans un engrenage qui va le conduire à en découvrir davantage sur sa famille et ses liens avec un monde dont il n’imaginait pas l’étendue, ni le danger...



Qu’il est agréable de lire un « roman pour ados et jeunes adultes » qui ne les (et nous) prennent ni pour des guimauves ni pour des idiots ! Et comme par hasard, c’est français.
Avec son « Architective », Mel Andoryss nous plonge en plein Paris, dans le difficile quotidien d’un lycéen affublé d’un pouvoir fantastique, qu’il doit bien sûr garder secret, d’une mère irascible et d’un père absent. Tout pour se construire une identité d’adulte équilibré, quoi. Et le voilà mêlé à un complot dont il ne comprend que quelques bribes, à la mesure des gouttes de connaissances lentement distillées par ses parents.
Comme si la vie de lycéen n’était pas déjà assez lourde à gérer... Mel Andoryss ne fait de son héros ni une tête ni un cancre, mais un ado normal, et rien que cela c’est rafraichissant. Travailleur, un peu sportif, il ne rechigne pas à passer ses mercredis après-midis chez son ami Cédric à jouer en ligne. En fait, le sport, les études, tout est surtout bon pour échapper à sa mère, ou dissimuler son absence de la maison. La famille dysfonctionnelle d’Armand est en complète opposition avec les parents babas de Cédric, qui lui est pour le coup la tête pensante du duo, l’auteur des plans les plus audacieux... qui réussissent.
On s’en doute vite, malgré des tentatives d’approche qui rentreront dans les annales de la séduction masculine adolescente, Malaurie va se joindre à eux, car pour protéger son petit secret elle a besoin que les affreux qui leur tournent autour dégagent du paysage. Sa famille est pas mal gratinée elle aussi, au point de faire largement relativiser son sort à un Armand déboussolé.

Le roman est truffé de références geek-ado contemporaines, dénotant une grande connaissance (voire pratique) de la part de l’autrice, et non pas un simple placage de trucs dans l’air du temps. La langue des personnages comme le récit à la première personne sonnent juste, nous rappelant au passage que les lycéens sont loin d’être bêtes et dépourvus de vocabulaire, et que la maitrise d’internet n’empêche pas de se plonger dans une encyclopédie.
Le scénario mélange quant à lui magies modernes et anciennes, société secrètes et complot occulte. Armand ne fait que gratter de l’ongle un monde dont il fait partie mais ignore tout. Tout ce que ses parents lui ont caché, pour le protéger, et qu’il va devoir déduire et assimiler en peu de temps pour tirer son épingle d’un jeu d’adultes auquel il n’a pas été préparé. Une entrée comme une autre dans l’âge adulte, à coups de leçons brutales sur les conséquences de nos actes, le danger des secrets ou la soif de pouvoir. Qu’un grand pouvoir implique souvent un contre-coup, et qu’il ne connaisse pas le sien n’est pas une bonne nouvelle.

« L’Architective » me réconcilie totalement avec le thriller fantastique young adulte. C’est bien construit, dense mais sans fioritures inutiles, intelligent à tout moment, qu’il s’agisse de parler d’Histoire ou de traiter des rapports entre ados. L’écriture est assez visuelle, les décors aussi bien choisis qu’écrits, l’immersion (sans jeu de mots) est immédiate.
Du coup, on attend la suite, et pour patienter, on plongera dans les autres œuvres de Mel Andoryss avec « Les Enfants d’Evernight » (2 tomes chez Castelmore, un 3e bientôt) ou sa BD « Le Soufflevent », illustrée par Xavier Collette (3 tomes sur 4 prévus).


Titre : L’Architective, tome 1- Les reliques perdues
Auteur : Mel Andoryss
Couverture : Adèle Silly
Éditeur : Castelmore
Site Internet : fiche du roman
Pages : 318
Format (en cm) : 21 x 14 x 2,5
Dépôt légal : juin 2016
ISBN : 9782811219857
Prix : 16,90€



Nicolas Soffray
24 juillet 2016


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