Étrange volume que ce tome 2. Autant « Le Joyau des Valoris » se suffisait à lui-même, autant « Le Serment du Skande » est frustrant. La nouvelle introductive, “Une promesse est une promesse”, si elle est très agréable (comme le reste), ne sert finalement qu’à combler les 40 pages qui manqueraient sinon pour atteindre les 250.
Ce « Serment... » ne fait donc que 200 pages, et le serment en question arrive pile au milieu.
Si dans le volume précédent on appréciait de ne pas tout savoir, ici on avance en plein brouillard. L’intrigue est bien embrouillée - puisque les différents éléments se mettent en place - et les acteurs pas tous présents, si bien que ce que nous en laisse à voir l’auteur via la bande d’Iryän est bien loin de nous éclairer.
Les éléments superflus, de pur habillage, sont aussi nombreux : le sauvetage de l’enfant, l’évasion de Svern, la traversée des souterrains et l’étrange rencontre qui y est faite sont si anecdotiques pour l’intrigue qu’on aurait pu s’en passer. On a la très nette impression que Pierre Pevel nous balade plus avant dans son univers des 7 Cités, certes avec talent mais sans réel intérêt scénaristique.
Et comme l’enquête s’arrête en gros dès qu’elle commence, on reste grandement sur sa faim, plein de questions sans réponse dans la tête et le sentiment d’avoir été un peu mené en bateau. L’auteur ne respecte pas ici le contrat implicite avec le lecteur, de lui offrir une histoire avec un début, un milieu et une fin (si imparfaite soit-elle, et appelant une autre histoire). Au contraire, on a plein de débuts et un semblant de milieu. Frustrant comme une fin de saison de série télé avec des héros qui ont le couteau sous la gorge... Un effet de mode dont la littérature se passerait bien.
Heureusement que les 3 volumes des « Sept Cités » sont parus simultanément, sinon de nombreux lecteurs auraient sorti torches numériques et fourches sociales pour lyncher quelqu’un...
Ce volume intermédiaire est donc paradoxal. La plume de Pierre Pevel est toujours fabuleuse, on se laisse porter avec grand plaisir dans des scènes comme on aimerait en voir plus souvent au cinéma, bien construites et bien menées, avec des rebondissements aussi logiques que tragiques, et pas parachutés pour faire rebondir l’histoire... mais voilà, cette histoire-ci ne mène pas loin, et s’avère finalement une longue introduction à « La Basilique d’Ombre », où les choses installées prennent véritablement de l’ampleur.
La frustration vient donc de l’éditeur et sa stratégie éditoriale. Une fois refermé « Le Serment du Skande », on n’a qu’une envie, et même un besoin : lire « La Basilique d’Ombre », et on s’interroge donc sur la raison de ce saucissonnage. Un seul pavé eût parfaitement convenu, voire un diptyque en accolant la nouvelle à la fin du « Joyau des Valoris » et en évacuant le superflu de celui-ci.
Certes, les couvertures de Xavier Collette sont magnifiques, mais cela justifie-t-il une « trilogie » à 53,70 € ? Je ne crois pas. Bragelonne nous a déjà vendu des pavés bien plus denses à moitié prix.
Bref, enchainons avec « La Basilique d’Ombre ».
Titre : Le Serment du Skande
Série : Haut-Royaume - Les Sept Cités, tome 2/3
Auteur : Pierre Pevel
Couverture : Xavier Collette
Éditeur : Bragelonne
Collection : fantasy
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 248
Format (en cm) : 21 x 14 x 2
Dépôt légal : mai 2016
ISBN : 9791028100612
Prix : 17,90 €
Le Joyau des Valoris
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La Basilique d’Ombre