Le plan est simple, et satisfait tout le monde : avec le contenu du coffre, Fox pourra acheter sa bague, Cliff soutenir financièrement sa famille nombreuse (et éviter que ses 5 frères virent complètement voyous) et Arnie se venge d’un père froid et absent qui l’abandonne à lui-même.
Bon, là où ça commence à sentir mauvais, c’est que Todd, le bras droit de Craig, a tout entendu, et voit là une bonne occasion de remonter dans l’estime de sa brute de chef avec un coup bien au-dessus des petits rackets quotidiens.
Donc, tandis qu’Arnie sera en camp scout (parfait alibi), Fox et Cliff profiteront que l’alarme a été inopinément désactivée pour aller ouvrir le coffre avec sa combinaison aimablement fournie.
Sauf que... Vous vous doutez qu’il y a un « mais ».
Sauf que je vous dirais rien.
Jeremy Behm alterne les points de vue dans son thriller, nous glissant dans les pensées de ses ados, allant dans certains chapitres jusqu’à donner la parole au tueur en série (un malheureux incompris, qui cherche l’amour et ne tombe que sur des femmes frivoles, si c’est pas triste, tiens.) Ses ados sont ancrés dans leur époque, leur narration truffée de références contemporaines (films, jeux vidéo...) et de quelques classiques. L’auteur se met également à leur niveau intellectuel : si Fox et Cliff sont des « premiers de la classe », plutôt cultivés, ce n’est pas le cas de Craig (qui a été renvoyé) et encore moins de Todd, dont les passages sont truculents (il frappe à la « pomme des dents », entre autres). La douce Mia, en bonne ado travaillée par ses hormones, pique quelques petites crises sentimentales, passant de la fontaine de larmes à la jalouse psychopathe en quelques lignes de journal intime.
Le tout est très drôle, dans l’écriture comme dans les réactions des personnages. La promo du livre cite Tarantino, et c’est bien cet esprit qui flotte : une situation « sous contrôle » qui dérape dangereusement, d’un grand-guignol certain quand les masques tombent et qu’on se retrouve ligoté à une chaise.
La violence physique comme psychologique, de l’agression de Fox à la confrontation finale, me pousse à déconseiller le livre aux moins de 14 ans : c’est un vrai thriller, et même si les deux premiers tiers sont relativement tout publics, émois adolescents, plans sur la comète et tout ça, le dernier tiers se situe entre « Le Silence des Agneaux », « Dexter » et « Pulp Fiction ». Pas pour les gamins. Et évitez d’y puiser des idées d’activités de vacances : les barjos restent dans les livres, OK ?
On en appréciera d’autant plus la levée du mystère final, même si les plus attentifs auront flairé le rebondissement, et le retour à une certaine « normalité », même si bien sûr l’auteur ne nous laisse pas nous en tirer à si bon compte.
Un excellent thriller pour cet été, que ses petites 200 pages comme son style diablement prenant condamneront sans doute à vous tenir éveillé une longue soirée, avant de vous empêcher de dormir ! Lisez la journée, quand il fait trop chaud pour sortir. En plus, ça va vous coller des frissons, mieux que la clim’.
Pour ceux qui en redemanderaient (petits pervers psychopathes, tiens), on conseillera également la trilogie de Barry Lyga : « I Hunt Killers », « Game » et « Sang pour Sang ». Les plus âgés peuvent aller puiser dans les autres ouvrages de Jeremy Behm, publiés en Rivages/Noir.
Titre : Mon ami Arnie
Auteur : Jeremy Behm
Couverture : (photomontage)
Éditeur : Syros
Collection : hors collection
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 200
Format (en cm) : 22,5 x 15,5 x 1,8
Dépôt légal : juin 2016
ISBN : 9782748521269
Prix : 14,95 €