Hawkwood se retrouve bien malgré lui au service du prince Edouard d’Angleterre. Son contrat est entre les mains de ce fou furieux. Les deux hommes ne s’apprécient guère et Edouard compte bien utiliser Hawkwood à son bénéfice et peu importe si lui ou ses hommes périssent durant les missions qu’il leur impose, comme de piller une réserve à blé d’où les éclaireurs anglais ne sont pas revenus. En fait, ce grenier est sous la protection des chevaliers de Saint Lo, une troupe de cavaliers à la charge inarrêtable. Mais Hawkwood ne compte pas se laisser piétiner, ni lui ni ses hommes. Face à un groupe compact de cavaliers, une seule méthode fonctionne : l’éparpillement. La force de ce groupe est justement sa masse, mais cela les rend également prévisible dans leur manœuvre et ce sera ce point faible qui amènera leur perte. Pendant ce temps, les vivres de la compagnie se retrouvent inutilisables après un pillage par des rats. Pour Hawkwood, il n’y a plus qu’une seule solution pour que ses hommes puissent manger à leur faim : piller les villages voisins. Mais pour cela, il doit demander son autorisation au prince. Cette familiarité commence à exaspérer au plus haut point les nobles anglais.

John Hawkwood a réellement existé. Engagé très jeune dans l’armée anglaise, il participe à de nombreuses batailles durant la guerre de succession de Bretagne puis entre au service d’Edouard III d’Angleterre durant la guerre de Cent Ans. Pendant l’accalmie en 1360, il part avec sa compagnie pour le sud de la France et l’Italie où il se fera une réputation de guerrier sans pitié, louant ses services à nombre de factions. Ce personnage avait donc toutes les qualités pour devenir un personnage de manga et c’est Tommy Ohtsuka qui en prend possession. Ohtsuka est un vétéran dans le monde du manga, connu en France par la série “Slayers, Knights of the Aqua Lord” ou encore par son travail pour Marvel sur “Marvel Mangaverse”. C’est en 2010 qu’il commence Hawkwood. Le mangaka s’est énormément documenté sur la guerre de Cent Ans pour être le plus crédible possible dans son adaptation de la vie de John Hawkwood.
Tommy Ohtsuka ne réalise pas une biographie du personnage mais s’intéresse uniquement à la période se déroulant durant la Guerre de Cent ans. Le mangaka va se permettre quelque digressions comme pour la manière avec laquelle Hawkwood va entrer au service du roi d’Angleterre. Hawkwood est présenté comme un stratège qui ne cherche qu’à devenir un personnage incontournable dans ce conflit, quitte à changer de camp sans le moindre scrupule. Si durant le premier tome, il se met au service de seigneurs français et combat l’envahisseur anglais pour protéger les populations, il n’hésite pas une seconde à massacrer cette même population en passant du côté des anglais. Pourtant, tout est fait pour que le lecteur est une forte sympathie pour Hawkwood, qu’il tue des anglais ou des français, un choix osé quand on s’adresse à un lectorat français qui aura du mal à ne pas pencher pour les chevaliers de Philippe VI. Toutefois, tous les adversaires de Hawkwood auront un design et des traits les rendant antipathiques, faisant pencher la balance inévitablement vers ce cher mercenaire, et cela réussit plutôt bien, ce qui n’était pas gagné.
Nous sommes au commencement de la guerre et l’avancée du roi d’Angleterre semble impossible à arrêter. Cette période est marquée par les victoires d’Edouard III, qui nous est présenté comme un lion sans pitié, accompagné de son fils Edouard de Woodstock, surnommé le prince noir. Selon la légende, ce surnom ne serait pas seulement dû à la couleur de son armure mais également à la noirceur de son âme, et le moins que l’on puisse dire est que Tommy Ohtsuka n’est pas tendre avec lui, le présentant comme un psychopathe assoiffé de sang. Le tome 2 sera basé sur cette opposition de style et de comportement. Mais surtout, si Hawkwood se présentait comme le sauveur des opprimés, gagnant avec très peu de perte dans sa compagnie dans le tome 1, il va énormément souffrir dans le tome 2, devant faire face à des adversaires convaincus de leur bon droit et n’ayant pas de pitié pour l’envahisseur. Mais surtout, il combat sans soutien car Edouard ne le voit que comme un pion pouvant être sacrifié sans la moindre hésitation. Est-ce une punition divine contre Hawkwood que lui décerne le mangaka ? Peu probable, mais on peut tout de même y voir une punition pour avoir quelque part bafouer les principes qu’il affichait dans le premier tome.
Graphiquement, les combats sont bien rendus et les avantages et inconvénients du port de l’armure bien mis en avant, comme lors de sa fuite où Hawkwood se retrouve obligé de quitter son armure pour échapper à la charge des français. Bon, certaines positions de cavaliers laissent dubitatif mais il faut également que l’action soit impressionnante quitte à perdre un peu de réalisme. Toutefois, cela ne diminue en rien le travail de Tommy Ohtsuka, demandant juste un peu de clémence sur certaines scènes, ce que l’on accorde sans la moindre difficulté.
Le Moyen-Age est une période idéale pour un mangaka qui souhaite sortir de son propre moyen-age et des samouraïs. Et Hawkwood apporte tous les éléments pour satisfaire un amateur de shonen qui souhaite également en savoir plus sur la guerre de Cent Ans.
Hawkwood, Mercenaire de la Guerre de Cent Ans (T1 et 2)
Auteur : Tommy Ohtsuka
Traducteur : Sébastien Ludmann
Éditeur français : Doki-Doki
Format : 127 x 180 mm, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 3 mars 2016
Numéro ISBN : 978-2-81893-554-5 ; 978-2-81893-555-2
Prix : 8,50 €
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