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Yesterday’s gone : aux frontières du possible
Sean Platt et David Wright
Fleuve, Outre Fleuve, traduit de l’anglais (États-Unis), science-fiction / fantastique feuilletonesque, 204 pages, mars 2016, 11,90€

Six saisons déjà en langue originale, soit un nombre considérable d’épisodes pour la série « Yesterday’s gone » de Sean Platt et David Wright, deux auteurs œuvrant au sein du collectif Inkwell, dédié à la résurrection du feuilleton littéraire nourri aux ingrédients dits « addictifs » du feuilleton télévisé. Des épisodes d’une centaine de pages (chaque volume de l’édition française en regroupant deux) et découpés chacun en une douzaine de chapitres, initialement publiés sur le réseau, mais avec également une version papier. Ci-après, le point sur le second volume, qui comprend les épisodes 3 et 4 de la « Saison 1 »



On retrouve donc les personnages de « Yesterday’s gone : le jour où le monde se réveilla désert » pour ces épisodes 3 et 4 de la saison 1, qu’il est difficile d’aborder sans un bref résumé des deux premiers épisodes de cette série. L’action se passe aux Etats-Unis (on ignore ce qui se passe ailleurs, et à vrai dire aucun des personnages ne s’en préoccupe), de nos jours. Un beau matin, la quasi-totalité de la population a disparu. Encore ne serait-ce rien si quelques-unes des personnes toujours présentes n’étaient confrontées à de singulières anomalies, poétiques, épouvantables, ou simplement incompréhensibles. Parmi les pires : d’immondes créatures humanoïdes, à la dentition délirante, qui attaquent les humains. Parmi les plus étranges, des lieux qui semblent s’être subtilement modifiés et ce mystérieux « Club de deux heures quinze », un petit groupe d’individus qui depuis longtemps faisaient des rêves prémonitoires, et savaient, au moins en partie, ce qui allait arriver. Ce qui, hélas, ne semble aucunement les mettre à l’abri des singularités qui déciment les survivants.

« Je me déconnecte de la situation. Je traque toute trace de réaction affective, de doutes qui pourraient subsister, tout sentiment de culpabilité. Je fourre tout çà dans un baril, je soude le couvercle et je jette le tout dans l’océan de mon âme, là où il est le plus profond. »

Ces survivants, qui sont-ils ? Ceux du premier épisode, plus quelques personnages supplémentaires. Nous retrouvons ainsi Mary Olson et sa fille Paola, le jeune Charlie Wilkens et son beau-père pas très fréquentable, Brent Foster, dont la femme et le fils ont disparu, en compagnie d’un survivant du « Club de deux heures quinze », Boricio Wolfe, tueur en série victime de prédateurs humains qui avec lui se sont peut-être attaqués à une proie trop grosse, Edward Keenan, un ex-agent spécial (au sujet duquel le lecteur découvrira quelque chose de réellement inattendu, un joli coup de la part des auteurs), en compagnie d’une jeune fille enceinte, et l’enfant bizarroïde Luca Harding, en compagnie d’un individu non moins bizarroïde rencontré au cours de son odyssée sur les routes.

Avec tous ces individus, et dans la grande lignée feuilletonesque, nous suivons en même temps la découverte de ce monde bien connu mais qui est aussi nouveau, avec ses surprises, ses transformations, ses menaces, et la manière dont les uns et les autres réagissent, l’appréhendent, le subissent, ou encore l’explorent. Cet éventail de personnages choisis par Sean Platt et David Wright leur permet de faire découvrir au lecteur ce monde en même temps étrange et familier à travers une série de regards différents qui se complètent, et ceci d’autant plus que les singularités présentées par ce nouveau monde diffèrent en fonction des lieux. De plus, les aventures vécues par les uns et les autres différent elles aussi sensiblement : ainsi les péripéties imagées, proches du conte pour enfants, vécues par le jeune Luca Harding, viennent-elles faire contrepoids à la violence des épisodes mettant en scène Boricio Wolfe.

« C’était noir et blanc, fait de terre et de lumière. Une espèce d’épouvantail crasseux qui m’a fichu une frousse terrible. Et pourtant, j’ai travaillé dans un abattoir durant plus de deux ans. »

Des mystères des révélations, des réponses ? Certes, mais en bon feuilletonistes Platt et Wright non seulement distillent ces révélations à petites doses, mais aussi prennent soin de remettre le couvert en instillant ici et là de nouvelles énigmes qui relancent sans cesse l’intérêt du lecteur. Solutions incomplètes, nouvelles voies à explorer, l’on sent bien, à chaque nouvelles surprise, à chaque nouveau chapitre, qu’il ne s’agit là que d’une étape supplémentaire conduisant perpétuellement vers l’inconnu. Il est vrai que les cliffhangers sont de taille, sont en nombre, et qu’ils semblent eux aussi perpétuellement efficaces.

Une autre énigme qu’au vu du nombre d’épisodes à venir le lecteur n’est pas près de résoudre, c’est de savoir si les auteurs ont ou non méticuleusement programmé leur narration ou se sont contentés d’accumuler les mystères, encore et encore, se lançant à eux-mêmes le délicat défi de les résoudre un par un et, à la longue, de solutionner le tout en un tableau que l’on espère cohérent. Une raison de plus pour continuer la série qui, jusqu’à présent, atteint son but : donner envie au lecteur d’accompagner encore un moment différents personnages qui ont eux-mêmes furieusement envie d’en savoir plus.

Titre : Yesterday’s gone : aux frontières du possible (Yesterday’s gone – season 1 – episodes 3 & 4, 2013)
Série : Yesterday’s gone (Yesterday’s gone), Saison 1, épisodes 3 & 4
Auteur : Sean Platt et David Wright
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Hélène Collon
Couverture : Laurent Besson
Éditeur : Fleuve
Collection : Outre fleuve
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 204
Format (en cm) : 13,8 x 20,8
Dépôt légal : mars 2016
ISBN : 978226116207
Prix : 11,90 €



Sean Platt et David Wright sur la Yozone :

- « Yesterday’s gone : le jour où le monde se réveilla désert »


Hilaire Alrune
21 mai 2016


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