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Cartographes (Les), tome 1 : La Sentence de Verre
S.E. Grove
Nthan, roman traduit de l’anglais (USA), aventure fantastique, 560 pages, octobre 2015, 17,90€

Fin XVIIIe siècle, le Grand Bouleversement fracture la Terre en ères temporelles variées. Certaines régions reculent dans le temps, d’autres avancent. On peut circuler de l’une à l’autre. Un siècle plus tard, à Boston, Shadrack Elli, le plus grand cartographe, capable de lire et de créer des cartes mémorielles, est enlevé, alors qu’il allait partir avec sa nièce Sophia à la recherche des parents de celle-ci.
Accompagnée de Theo, un ado des Terres Rases (l’Ouest américain), Sophia suit les consignes de son oncle pour retrouver Veressa, une ancienne camarade d’études. Il lui a également confié une étrange carte de verre, qui a la capacité de révéler les cartes cachées.
Bien entendu, c’est c’est carte que veulent les kidnappeurs de Shadrack, qui se lancent à la poursuite de la jeune fille.



Le roman de S.E. Grove est en apparence très alléchant. Hélas, il est si dense qu’il découragera la majorité des lecteurs. Moi-même j’ai peiné dessus, n’hésitant pas à l’abandonner un temps pour d’autres lectures. Quatre fois, même, au point de passer un mois sur ce premier tome des Cartographes.
Ce n’est pas pas un mauvais roman jeunesse, mais sa réponse à l’appétit de lecture des ados d’aujourd’hui est de nous assommer de détails superflus.
Le principe initial des « ères temporelles » juxtaposées est déjà quelque peu spécieux, et on peinera à lui trouver une utilité autre que visuelle, pour nous faire traverser des époques différentes, avec leur architecture, leurs modes vestimentaires, leurs technologie. Chaque ère semble solidement indépendante, ainsi la « modernité » des voisins ne les a-t-elle pas colonisé. En un siècle...
Venons-en à notre Héroïne, Sophia. Déterminée à retrouver les siens, courageuse avec quelques lambeaux de peur parce que quand même c’est une fille, elle est affublée d’un défaut : elle n’a pas d’horloge interne, et peut laisser ainsi filer le temps sans s’en rendre compte. Cela lui jouera quelques tours, mais rarement aux moments critiques, voire même de moins en moins ou sans conséquences à mesure que les pages défilent. Theo est bien sûr son opposé et son complément : roublard, débrouillarde, lâche mais pas trop parce que c’est un garçon, taiseux (il a un secret) et fidèle malgré tout parce que Sophia est plutôt jolie...
Les péripéties s’enchainent : Shadrack est enlevé, Sophia prend la route, ses poursuivants la menacent, elle leur échappe grâce à des pirates, ils traversent le pays, trouvent Veressa et son père, deux éminents savants de la cour Impériale, sont victimes d’un complot, s’enfuient dans un labyrinthe temporel, et enfin Sophia accomplit la prophétie. Oui, il y a aussi une prophétie, sous la forme d’une triple carte qui nécessite la carte de verre de Sophia pour être lue.
Venons-en à la méchante. Elle a bâti un empire trans-ères (la seule à y avoir pensé), s’est alliée à une secte qui annonce l’apocalypse, peut extraire les souvenirs des gens et créer des cartes mémorielles en verre, et partage bien sûr un lien avec la prophétie. Elle a enlevé Shadrack pour qu’il lui révèle l’emplacement de la Carta Major, la carte ultime, et elle espère le forcer à la réécrire pour changer le cours du temps et annuler le Grand Bouleversement... quitte à faire disparaître tous ceux qui sont nés ensuite. Et éventuellement empêcher un autre cataclysme, celui qui a ravagé sa civilisation, de s’abattre sur les Âges d’Amérique. Bref, elle n’est finalement pas si méchante que cela. Question de point de vue.

Donc, quand on additionne les personnages qui agrègent les stéréotypes et les éléments superflus, les multiples décors qui feraient super bien dans un film mais donnent ici le tournis, un univers tiré par les cheveux, une intrigue qui relève de la course à l’échalote, des factions à foison, des histoires locales variées, des anecdotes hautes en couleurs mais plutôt superflues...
C’est tout simplement trop. On pourrait facilement retrancher un quart du fond sans nuire à l’intrigue. Même si ces informations seront sans doute utiles pour la suite, les asséner à la suite dans ce premier volume ne fait que nous tourner la tête, davantage qu’à Sophia qui semble bien rapide à s’adapter.
La bonne nouvelle, c’est que ce premier tome se suffit à lui-même. La trame sur les parents de Sophia ne sert qu’à titiller, très artificiellement, notre envie de lire la suite. Encore quelque chose qui aurait pu être supprimé sans mal.

Bref, un roman jeunesse, c’est comme une recette de cuisine : il ne suffit pas de mettre tous les bons ingrédients qu’on aime et de bien mélanger.


Titre : La Sentence de Verre (Mapmakers book 1 : the glass sentence, 2014)
Série : Les Cartographes, tome 1
Auteur : S.E. Grove
Traduction de l’anglais (USA) : Sophie Dabat
Couverture :
Éditeur : Nathan
Collection : Romans grand format
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 560
Format (en cm) : 22,5 x 15,5 x 4
Dépôt légal : octobre 2015
ISBN : 9782092557204
Prix : 17,90 €



Nicolas Soffray
11 février 2016


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