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Metropolis (T3)
Serge Lehman, Stéphane De Caneva & Dimitris Martinos
Delcourt

La ville de Metropolis symbolise la paix régnant en Europe depuis 75 ans, mais cet équilibre est fragile. Ses dirigeants préfèrent ne pas ébruiter la découverte de trois cadavres de femmes suite à un attentat à la bombe. Se sachant sous la surveillance de ses puissants voisins français et allemands, ils ont confié l’enquête à Gabriel Faune, le citoyen numéro 1, et au commissaire Lohmann que le docteur Freud n’estime pas entièrement guéri.
La disparition de carburant au centre d’essais astronautiques leur donne une piste à suivre...



“Metropolis” nous offre un tableau uchronique de l’Europe. La guerre de 14-18 n’a pas eu lieu et cette cité est l’exemple parfait de la réconciliation franco-allemande, même si tout n’est pas rose et qu’il existe toujours des tensions.

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Dans le premier tome, Faune constatait des changements et s’étonnait d’être le seul à les remarquer. Il vivait en symbiose avec la ville jusqu’à ce que Freud le prenne comme patient et lui fasse perdre la part de magie qu’il percevait. Loulou, la compagne de Lohmann, lui a redonné ses visions merveilleuses, ramenant le soleil dans sa vie. À cette occasion, des cases éclatantes de couleurs pouvaient faire penser à Gustav Klimt.
Dans ce tome 3 se trouvent justement des références à ce peintre. Serge Lehman l’introduit de façon particulièrement astucieuse et originale à travers un article de R (Régis ?) Messac dans un numéro du magazine “Aventures Cosmiques” dont la couverture est signée Adolf Hitler.
L’enquête des deux hommes les conduit justement au domicile de ce peintre autrichien, mais ils n’y trouvent que mademoiselle Braun.

Cette série est d’une grande richesse, elle recèle de nombreuses références à notre passé, notamment par l’apparition de personnages réels ou de fiction croisés. La lecture mérite d’être attentive pour saisir toutes les subtilités de l’histoire. Il est d’ailleurs conseillé de relire les volets précédents avant de se plonger dans la présente bande dessinée, pour bien s’imprégner du récit et peut-être découvrir de nouveaux détails auparavant passés inaperçus. Il ne reste alors plus qu’à savourer une création originale, fascinante à tout point de vue, aussi bien par le contexte que par le déroulement.
En constante évolution, les principaux protagonistes affichent leurs zones d’ombre, chacun recèle un côté énigmatique très bien exploité. Ils participent pleinement à l’intérêt de “Metropolis”, d’autant que les rapports entre eux risquent de devenir mouvementés.

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Stéphane de Caneva offre une identité graphique à “Metropolis”, reconnaissable tout de suite. Il donne à la ville une dimension grandiose qui tend à écraser les protagonistes. Le lecteur est aussi bien oppressé par le cadre que par l’ambiance sombre, bien traduite par la colorisation de Dimitris Martinos. Le teint des personnages apparait souvent maladif, comme si leur existence n’était pas naturelle, car trop éloignée de notre trame temporelle.
Des révélations inattendues donnent d’ailleurs un éclairage nouveau à l’ensemble.

Ce cycle s’impose d’emblée par l’intelligence de l’intrigue. L’uchronie ici présentée, s’abreuvant à l’Entre-deux-guerres aussi bien politiquement que culturellement, ne cesse d’interpeller les lecteurs, d’attiser une légitime curiosité. Le graphisme appuie merveilleusement le propos et rend l’immersion des plus oppressantes. Chaque nouveau tome nous plonge un peu plus la tête dans Metropolis avec sa gigantesque et si mystérieuse horloge.

“Metropolis” n’est pas le genre de bande dessinée à prendre la poussière sur une étagère. Le lecteur reprendra souvent les albums du cycle à la recherche de clés et dans une volonté d’en décoder toutes les subtilités. Il ne reste plus qu’un tome à paraître au premier semestre 2016 pour découvrir le fin mot de cette histoire si intrigante.
Un cycle à ne pas manquer !


Metropolis (T3)
- Scénario : Serge Lehman
- Dessins : Stéphane De Caneva
- Couleurs : Dimitris Martinos
- Couverture : Benjamin Carré
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Machination
- Dépôt légal : 19 août 2015
- Pagination : 96 pages couleurs
- Dimensions (en cm) : 19 x 28,3
- ISBN : 978-2-7560-6380-5
- Prix public : 15,95 €



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Entretien Masqué avec Lehman & Créty : L’interview bilan de fin de premier cycle


Illustrations © Delcourt (2015)



François Schnebelen
9 février 2016




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