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Icare
Moebius & Taniguchi
Kana

« Icare » est une BD à accueillir comme un ovni. Mais non pas pour crier au génie de l’apparition dans un ciel étoilé des noms de Moebius et de Taniguchi, mais plutôt pour lui reprocher sa non-identification.



Naissance d’un enfant capable de voler

Le scénario d’Icare est né d’un projet qui germait dans l’esprit de Moebius depuis longtemps : un enfant naît dans une clinique et s’élève dans les airs devant les yeux médusés des accoucheurs. Etrange phénomène ! Et si un gouvernement se mettait à travailler sur ce prodige ?

Voilà, c’est parti, Moebius a en tête une fresque gigantesque qu’il conserve de côté jusqu’à ce que le Japon vienne lui proposer une collaboration, dans les années 89/90.
C’est Kodansha qui est sur le coup, le nom du dessinateur n’est pas encore défini. Avec le temps et l’aide de Jean Amnesty, Moebius imagine une histoire d’une dizaine de milliers de pages, une saga en quinze volumes que des Japonais n’auront pas peur de mettre en chantier.

Le dessinateur est choisi : Jiro Taniguchi

Après une nouvelle adaptation, cette fois décidée par les Japonais (ils trouvent l’histoire encore trop européenne), la parution d’Icare débute en 1997 dans l’hebdomadaire « Weekly Morning ».
L’histoire est surprenante, le dessin est somptueux, mais les résultats économiques s’annoncent vite médiocres. Une lame de fond sous forme de crise s’annonce dans le milieu manga et les projets avec des collaborateurs étrangers sont stoppés (à l’époque, Baru - l’excellent « L’autoroute sauvage » publié en France par Casterman - Baudouin et d’autres auteurs français eurent l’opportunité de travailler pour le Japon). L’aventure s’arrête pour Icare sur une version simplifiée et de toute façon inachevée.

Une seconde chance pour Icare

C’est dans une édition luxueuse, en album, qu’il reparaît en novembre 2000 chez Bijutsu. Un seul volume qui reprend tout ce qui était dans Morning. L’album marche bien au Japon, du coup, il est vite repéré par les éditeurs mondiaux à l’affût. Publié chez Kana dans la collection Made in, il sort dans un format plus grand que le poche habituel des mangas, sous un très bel écrin bleu azur. Icare interpelle, surprend par la finesse du trait, le caractère moebusien de l’histoire, les références qu’on ne manquera pas de relier au « Akira » d’Ottomo.

Mais le scénario contient de nombreuses portes qui sont malheureusement restées hermétiques contrairement aux idées très développées de Moebius, une multitude de pistes sont ignorées et beaucoup de questionnements sans réponse viennent frustrer le lecteur.

L’ambition est là, Icare est une petite perle graphique, mais l’inexploitation de son potentiel est criante, son final est vraiment conventionnel. Beau, mais trop décousu, esthétique mais vraiment trop limité.

A découvrir pour donner une nouvelle chance de démarrage à l’histoire complète imaginée par Moebius. Ce que peuvent laisser supposer cette fin très ouverte et le classement comme un tome 1 d’Icare dans la fiche album de Kana...

Toute l’histoire de cette collaboration franco-japonaise est décrite dans un entretien passionnant entre Moebius et Numa Sadoul à découvrir en fin d’album.

Fiche technique :
- Titre : Icare
- Scénario : Moebius
- Script-collaborator : Jean Annestay
- Dessin et adaptation : Jiro Taniguchi
- Editeur : Kana
- Collection : Made in
- Format : 17 x 24 cm
- Nombre de pages : 304
- Parution : 02 décembre 2005
- ISBN : 2871298661
- Prix : 18,00 euros

Dessins et croquis de Taniguchi sont à découvrir sur le site des éditions Kana, dans le dossier réservé à Icare
Droits photos et illustrations : Éditions Kana et ayant-droits originaux (2006).

Site Internet d’Achat proposé : Amazon - « Icare », cf. lien col. de gauche.



Fabrice Leduc
5 février 2006




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« Icare » vole chez Kana.



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« Icare », par Jiro Taniguchi



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Ses pouvoirs intéressent l’armée !



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Quand « Icare » comprend qu’on veut lui rogner les ailes...



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... sa quête de liberté devient sa seule obsession.



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