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Danse avec le taureau
Philippe Ward
Éditions Wartberg, Zones Noires, roman (France), polar, 168 pages, septembre 2015, 10,90€

En poste à Lille, Amaia Aguerre est la première profiler française. Pendant ses vacances, elle aime retrouver sa région natale, le pays basque. C’est lors d’une de ces périodes en compagnie de sa famille à Itxassou qu’elle est contactée par un juge de Bayonne. Un serial killer semble sévir et s’attaquer à des aficionados de tauromachie. Pour l’instant, deux victimes sont à déplorer, toutes les deux ayant subi le même rituel macabre.
Un peu avant les fêtes de Bayonne, ce fait a de quoi inquiéter, alors Amaia mène l’enquête en compagnie de deux policiers locaux.



Pour mémoire, la collection Zones Noires des Éditions Wartberg nous présente des polars régionaux, chacun de ses ouvrages centré sur un coin de France.
Le sujet de la tauromachie divise, il ne laisse personne indifférent, certains crient au scandale, d’autres s’extasient devant les virevoltes du toréador dans ses habits de lumière. Les gens sont pour le moins partagés sur ces spectacles. Philippe Ward a choisi cet univers si particulier pour y installer son intrigue, car les victimes sont toutes des aficionados de tauromachie : la première victime est le directeur de publication d’une revue sur ce milieu, la seconde, agent de toréadors... Connaissant les passions qu’elle déchaîne les suspects évidents figurent bien sûr au rang des fervents opposants.

Amaia est une perle rare : belle, attachée à sa région natale et unique profiler français. Elle est presque trop gentille pour ce métier... mais sait gagner l’approbation de ses deux collègues du coin, n’appréciant pas au début de voir un autre agent s’immiscer dans leur enquête. Il est clair que le lecteur se prend très vite de sympathie pour elle, surtout que Philippe Ward nous la présente aussi dans le cadre familial, n’hésitant pas à rentrer dans son intimité.

Rien n’est gratuit dans le récit. L’entame semble longtemps inutile, avant qu’un détail final n’apporte une explication. Comme le roman est très court, l’auteur doit être efficace dans son traitement. Ce qui est une qualité peut aussi se révéler une faiblesse, car les différents intervenants jouent tous un rôle dans l’histoire et donc le lecteur peut en tirer ses propres conclusions et deviner le coupable assez vite.
Amaia est invitée dans l’enquête en qualité de profiler, sinon elle n’aurait jamais été contactée, car appartenant à une autre division. Toutefois, peut-être déformé par les séries américaines, je m’attendais à un portrait psychologique du coupable, dressé d’après les scènes de crime, mais elle ne cesse de tâtonner, d’échafauder des hypothèses assez basiques, avant d’avoir la révélation assez tardivement par la force des choses. Le distinguo avec un policier normal reste longtemps des plus minces. Son rôle de profiler apparaît plus comme un artifice qu’une réalité et mériterait d’être plus développé.

Intelligemment, Philippe Ward introduit une dimension ésotérique avec un culte secret. Le second chapitre de « Danse avec le taureau » présente son origine tragique. Ce fait s’avère des plus intrigant, il s’agit d’une belle trouvaille, entre réalité et légende urbaine, sur laquelle asseoir le récit.
L’ensemble se révèle passionnant, le serial killer laisse transparaître une imagination perverse à travers son rituel de mise à mort, propice à l’atmosphère désirée. Même si la tauromachie se situe au centre du roman, l’auteur ne juge pas, n’émet pas d’avis, restant neutre sur le débat entre les pour et les contre. Libre à chacun d’avoir sa propre opinion.
« Danse avec le taureau » se déroule à Bayonne et ses environs. Pour ceux qui y ont déjà fait un tour, des réminiscences resurgissent au détour d’un page, ils revoient des lieux, revivent des ambiances. L’auteur réussit parfaitement à partager la culture basque : Amaia écoute de la musique locale, sa sœur apprécie la tauromachie, alors qu’elle préfère la cesta punta... autant de petits détails qui nous transportent au pays basque.

« Danse avec le taureau » se révèle un polar aux accents ésotériques très efficace. Aussi bien par les lieux que par l’histoire, il nous pousse à l’immersion. Les 160 pages ne pèsent pas lourd face à l’appétit du lecteur, avide de sensationnel et curieux de voir comment Amaia va se tirer de cette première enquête en tant que profiler, surtout qu’elle va prendre un tour plus personnel.
Après lecture, on ne peut que souhaiter retrouver Amaia, ainsi que le pays basque mis de la sorte en scène. On notera aussi le nom de famille d’Amaia, Aguerre, clin d’œil de l’auteur à son propre nom à une lettre près.


Titre : Danse avec le taureau
Sous-titre : Serial killer aux fêtes de Bayonne
Auteur : Philippe Ward
Couverture : © Picture alliance/Bildagentur-online
Éditeur : Éditions Wartberg
Collection : Zones Noires
Site Internet : Roman (site éditeur) 
Pages : 168
Format (en cm) : 12 x 20
Dépôt légal : septembre 2015
ISBN : 9783831327980
Prix : 10,90 €


Autres romans de Philippe Ward chroniqués sur la Yozone :
- « Artahe »
- « Lasser, Détective des Dieux, tome 1 : Un Privé sur le Nil » (en collaboration avec Sylvie Miller)
- « La Fontaine de jouvence »
- « Saga de Xavi El Valent (la), tome 1 : Le Glaive de Justice » (en collaboration avec François Darnaudet et Gildas Girodeau)

Autres romans de la collection chroniqués sur la Yozone :
- « Marionnettes » de Hervé Mestron
- « Autopsie d’un bouquiniste » de François Darnaudet

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François Schnebelen
5 octobre 2015


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