Alors Delos va payer pour tous les siens. Il devra affronter dans une arène leur meilleur guerrier, Ogun. Et pour montrer sa supériorité, il offre même à son adversaire la possibilité de le combattre avec une lance. Il faut dire que la peau d’Ogun est aussi dur que la cuirasse d’un coléoptère. Mais Delos n’est pas du genre à refuser le combat et ce sera à mains nues qu’il luttera. Toutefois, le début du combat et entièrement à l’avantage d’Ogun, ses coups de poings étant dévastateur. Mais Delos est un lutteur et il accepte de subir les assauts de Ogun afin de trouver l’ouverture qui lui permettra de passer une prise de lutte. Ogun n’est pas habitué à voir un humain lui résister et encore moins lui tenir tête et le projeter au sol avec une incroyable souplesse arrière. Delos ne va pas s’arrêter là et il va jusqu’à porter une prise de soumission qui aurait brisé le dos de n’importe quel homme, mais pas celui d’un fier guerrier Karabos. Toutefois, alors que la foule hurlait sa haine en début de match, le courage et la résistance de Delos a retourné le public en sa faveur.
Dans la mythologie grecque, la Gigantomachie raconte la guerre que les dieux de l’Olympe menèrent contre les Géants, frères des Titans. Cette guerre fut déclenchée par Gaïa, la mère nourricière, pour venger ses enfants, les Titans, emprisonnés par les dieux. Kentaro Miura est un vrai connaisseur de nombreuses mythologies, qu’il utilise en se les appropriant dans sa série phare, “Berserk”. Et il faut avouer que le mangaka n’avait pas beaucoup de temps pour écrire autre chose que les tragiques aventures de Guts. Pourtant après vingt ans de fidélité à son héros extropié, porteur d’une armure maudite, Kentaro Miura se permet une petite infidélité, une incartade dans un univers pas si éloigné du monde de “Berserk”. Kentaro Miura oublie quelque temps l’heroic fantasy pour s’attaquer à un one shot avec un contexte plutôt dans un mode de science fiction.
Le scénario de “Gigantomachia” peut paraitre très léger, mais les fans du mangaka savent que ce dernier aime faire dans le grandiloquent et n’amène son histoire principale que lentement, préférant laisser la place à des combats dantesques où le mangaka peut laisser libre cours à son imagination débordante. Donc Kentaro Miura nous invente une terre, non pas post-apocalyptique mais sortant d’une ère glaciaire ayant décimé l’espèce humaine et qui a permis aux géants de revenir à la surface. Les espèces ont évolué et deux peuples s’opposent dans ce tome : les humains, les Hu, et les Karabos, les Mu. La présentation de Delos, le héros, et son étrange amie, Promé, permet de poser le contexte et surtout introduire les Karabos. Difficile de ne pas voir en Promé, Prométhée, le Titan ayant créé les hommes. Encore une fois, les références à la mythologie seront nombreuses.
Comme toujours, Kentaro Miura prendra plaisir à nous offrir des combats grandioses, dont un duel de catch assez surréaliste entre Delos et Ogun. Les amateurs retrouveront des prises classiques, et Kentaro Miura ira jusqu’à nous en offrir avec son choc des géants. Evidemment, le design de ses créatures titanesques fera remonter des souvenirs chez les fans de “Berserk”. Evidemment, il faut aimer ce style graphique foisonnant de détails, pour ne pas dire surchargé. Oui, ce style ne plait pas toujours mais il faut reconnaître le talent de dessinateur de Kentaro Miura et ses peronnages s’avèrent moins raides que d’habitude. Certes, avec un one shot, l’histoire est un peu frustrante car le mangaka n’a pas choisi une fin aux aventures de Promé et Delos, bien au contraire, on sent que le mangaka pouvait commencer en réalité une nouvelle série. Mais “Berserk” est loin d’être fini et vu les délais de plus en plus longs entre les tomes, les fans s’impatientent.
Allez, ceux qui n’apprécient pas le style de Kentaro Miura seront certainement très critiques avec ce one shot servant plus de vitrine sur ce que fait le mangaka qu’une histoire complexe et se suffisant par elle-même. Mais dans ce cas, pourquoi lire du Miura. Pour les autres et les fans de “Berserk”, ce “Gigantomachia” permet de patienter en attendant le tome 38 de “Berserk”.
Gigantomachia
Auteur : Kentaro Miura
Traducteur : Anne-Sophie Thévenon
Éditeur français : Glénat
Collection : Seinen
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 240 pages
Date de parution : 15 juillet 2015
Numéro ISBN : 9782344007662
Prix : 6,90 €
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