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Histoires Assassines
Bernard Quiriny
Rivages, nouvelles (Belgique), fantastique, 227 pages, février 2015, 18€

Bleuir de faire l’amour. Tuer les auteurs incompétents. Rencontrer et raconter des peuples différents. Analyser des cas médicaux défiant la science. Ne pas écrire. Engrosser par la pensée. Corriger. Gouverner de loin.
Toutes choses contées avec humour noir et ironie par Bernard Quiriniy. Et d’autres encore.



Peut-être ne connaissez-vous pas le Belge Bernard Quiriniy. Comme nombre de ses compatriotes, il a un grand talent pour le fantastique. Édité « hors genre » par Rivages, sans étiquette, le Grand Prix de l’Imaginaire couronne en 2013 son recueil « Une collection très particulière ». « Histoires assassines » est son dernier volume en date.

Le format de l’article, notamment scientifique, semble avoir ses faveurs. C’est sous cette forme que sont écrites “Bleuir d’amour”, relatant un phénomène étrange qui faire bleuir la peau après un rapport sexuel, et ses conséquences sur la société. “Mon corps me quitte” est le journal d’un médecin de bord dont le patient se délite jour après jour. Un autre médecin relate, cliniquement, ses cas les plus étranges. Enfin, malgré une liberté de ton peu universitaire, trois récits décrivent des peuples croisés lors d’une expédition anthropologique.

C’est toujours l’inattendu, le saugrenu, qui naît dans les textes de Bernard Quiriny. Dans leur correspondance, “deux conférenciers” s’échangent la plus étrange mésaventure qui leur soit arrivée : l’un a vu sa présentation démontée par une pseudo-sommité locale, s’attirant les huées d’un public tout acquis à son détracteur, quand l’autre participait à un colloque surréaliste où les connaissances de chaque intervenant n’avaient aucun écho chez ses confrères, les poussant tous à douter de leur savoir.

Quelques textes sont beaucoup plus sombres, retrouvant les racines fantastiques héritées de Jean Ray et d’autres : “Histoire sans tête”, où un condamné harcelé par le directeur de la prison se voit décapité deux fois, “Le grand collier argenté”, et une passion dévorante pour les papillons, ou “Le Buveur”, et son mystérieux auteur qui, buvant verre sur verre dans un café, rédige des scènes effrayantes sur de petites fiches, presque mécaniquement, tout aussi mécaniquement qu’il boit.

Mais c’est l’humour, noir, qui prédomine, dans des textes parfois très courts, comme “Remède miracle”, notice de médicament ou l’énumération de “Sévère mais juste”, où un critique littéraire décide d’élaguer un peu de paysage des best-sellers navrants et des écrivaillons qui ne se découragent pas. “Le Nouveau Landru”, narrant le malheur d’un homme qui, en fantasmant sur une femme, acte innocent, la fait tomber enceinte, ne peut que nous faire rire. Mais ce rire meurt lorsque ce pouvoir somme toute amusant devient une véritable malédiction, empêchant le moindre regard vers une femme sous peine de voir son imagination s’emballer.

Partant de peu, d’un rien, absurde, surprenant, Bernard Quiriniy tisse à chaque fois avec brio des textes saisissants, qui questionnent notre société et notre propre perception de la normalité. « Histoires assassines » se dévore trop vite, pressés que nous sommes à la fin de chaque histoire de découvrir où l’auteur nous emportera ensuite.


Titre : Histoires assassines
Auteur : Bernard Quiriny
Éditeur : Payot et Rivages
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 227
Format (en cm) : 20,5 x 14 x1,5
Dépôt légal : février 2015
ISBN : 9782743631680
Prix : 18 €



Nicolas Soffray
11 octobre 2015


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