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Autoroute Sauvage (L’) (T1/3) Kilomètre 666
Mathieu Masmondet et Zhang Xiaoyu d’après Julia Verlanger
Les Humanoides associés

Adaptation très réussie du roman de Julia Verlanger, “L’Autoroute Sauvage”, cet album du même nom nous entraîne depuis l’île de Porquerolles vers Paris dans un « roadtrip » hallucinant, sur une autoroute du soleil en ruine et parsemée d’épaves, hantée par des « groupés » dégénérés et agressifs quand ce ne sont pas par des bandes d’errants cannibales !



Le roman de Julia Verlanger donnait le ton, en enchaînant sans discontinuer les scènes d’action et en les plantant dans un décor post-apocalyptique. Ce livre est très visuel, sa déclinaison sous forme de BD s’imposait comme une évidence. Mais le défi à relever était à la hauteur de la réputation de l’ouvrage car celui-ci tient le lecteur en haleine du début à la fin. C’est donc un rythme effréné qu’il convient de transposer par le dessin, et dirais-je que nos auteurs, Mathieu Masmondet au stylo et Zhang Xiaoyu au pinceau ont brillamment rempli ce contrat ?

Quelques libertés sont prises par rapport au modèle initial : les héros portent un autre nom, et Mo (Gérald dans le livre) a dans l’album un comportement taciturne qu’il n’a pas à l’origine. Les auteurs en ont fait une armoire à glace, je l’aurai pour ma part imaginé plus nerveux, plus sec quelque part, mais cet aspect des choses n’altère pas l’ambiance générale et le déroulé du récit. L’héroïne, (Hélène ici, Annie dans le livre) est une petite emmerdeuse obsédée par la destination qu’elle doit atteindre à tout prix, Paris, et qui s’éprend peu à peu de Mo. Les décors dans lesquels évoluent nos personnages sont tout simplement magnifiques. Zhang Xiaoyu, dessinateur de Crusades également aux Humanoïdes, a un talent fou. Ses paysages sont terriblement évocateurs avec une économie surprenante d’effets. De grands pans de ciel évoquent à merveille l’horizon sans borne qui s’offre à nos marcheurs sur l’asphalte de l’A7. On y est, on avance avec eux… A travers les physionomies de ses personnages, Zhang Xiaoyu exprime toute une palette de sentiments complexes, mais aussi la douleur, la brutalité, l’indifférence feinte, la joie, l’attente et… l’amour.

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Car le livre de Julia Verlanger est une romance qui n’avoue pas son nom, une belle histoire d’amitié et d’amour dans un monde dément où la vie n’a aucune valeur, où les dangers sont légion et où le mot survivre prend tout son sens. L’évolution psychologique du héros principal, Gérald alias Mo, depuis la sauvagerie de sa condition de solitaire à celle d’un futur rédempteur est aussi une ligne de force de l’ouvrage. Adapter donc “L’Autoroute Sauvage” n’était pas si facile qu’il y paraissait, aussi le scénario et le découpage de Mathieu Masmondet sont-ils à la hauteur de la tâche : l’auteur s’en est acquitté avec beaucoup de bonheur.

Cet album est le premier d’une série de trois qui devrait donc couvrir l’ensemble du roman, lui même tome 1 d’une trilogie. Le départ de Porquerolles n’est pas anodin : Julia y passait ses vacances et envisageait avec son mari de s’y retirer l’heure de la retraite venue. Hélas le destin ne l’entendit pas de cette oreille. Pour l’avoir connue, je suis sûr qu’elle aurait aimé cette adaptation de son œuvre.


(T1/3) kilomètre 666
- Série : L’Autoroute Sauvage
- Scénario : Mathieu Masmondet
- D’après l’oeuvre de : Julia Verlanger
- Dessin et couleurs : Zhang Xiaoyu
- Editeur : Les Humanoïdes Associés
- Format : 24 x 32 cm
- Pagination : 56 pages couleur
- Dépot légal : 27 mai 2015
- ISBN : 9 783731 682588
- Prix public : 14,20 €


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illustrations © Zhang Xiaoyu et éditions Les Humanoides Associés - tous droits réservés



Didier Reboussin
26 août 2015




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