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Roy des Ribauds (Le) (Livre 1)
Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat
Akileos

Depuis le choc “Block 109” (janvier 2010 - Akileos), le duo Brugeas/Toulhoat ne m’avait pas entièrement convaincu. Je n’arrivais pas à entrer totalement dans leurs univers, encore moins dans celui de “Chaos Team”. J’en avais discuté avec Ronan lors d’une dédicace chez Critic à Rennes, et ce dernier m’avait annoncé une aventure moyenâgeuse pouvant mieux me correspondre. C’était “Le Roy des Ribauds”, qu’il avait commencé à dessiner. Incontestablement, leur meilleure BD à ce jour.



Les Rois Maudits de Maurice Druon

Dans ce polar historique, Vincent Brugeas s’intéresse à un personnage dont il a découvert l’origine en lisant “Les Rois Maudits” de Maurice Druon.
Serviteur obscur des premiers capétiens, roturier au service du roi (ici, Philippe Auguste), il assurait sa sécurité. Mais ce garde du corps avait beaucoup d’intérêts liés à sa charge, certes périlleuse. Il gagne gros et gère les bas-quartiers de Paris, avec tous les bouges accueillant trafics, jeux et autres bordels. Il a l’œil sur tous les mauvais endroits de la capitale, là où il peut s’enrichir, mais aussi récolter multitudes de renseignements. Il pare aux dangers concernant le roi, ou peut faire chanter quelques hauts personnages aux vices un peu trop visibles. Intéressant en ces temps de grandes manipulations politiques.

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Ce premier tome du “Roy des Ribauds” voit celui qu’on nomme aussi Tristan ou « le Triste Sire » commettre une énorme erreur. Par vengeance, il assassine un commerçant bordelais, Guilhem de Poudevignes, qui a eu le malheur de trop boire, en un bordel où il s’est trompé de.... fille. Il a violé Sybille, la fille de l’homme le plus puissant des bas-fonds de Paris. L’affaire est vite réglée, sauf que l’homme est aussi un espion du roi, qui venait lui rendre compte des négociations entreprises par la duchesse d’Aquitaine pour faire libérer son fils, Richard Cœur de Lion, emprisonné en Germanie et ennemi de Philippe Auguste. Et pire encore, il devait donner au roi le nom d’un assassin envoyé en ce mois de janvier 1194 alors que Philippe Auguste accueille en sa capitale l’émissaire du Saint-Empereur Henri dit le Cruel, roi de Germanie.
Chargé de trouver les coupables de l’assassinat de l’espion royal, le Roy des Ribauds se retrouve dans une passe bien délicate, cerné de périls.

Il lance ses meilleures troupes, Michel, au passé de Chevalier, Saïf, le Maure épris de culture, la Rumeur qui ne parle que pour délivrer des renseignements. Et cela va cogner et éparpiller en morceaux bien saignants, au sein de la véritable cour des miracles de l’épouvantable Glaber.

Une enquête dans les bas-fonds de Paris

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Autour de ce délicat exercice des pouvoirs, des manipulations et des complots, Brugeas nous délivre un récit nerveux, violent, sans concessions et tout à fait passionnant. Saïf conduit la voix off, et donne au récit sa stature de polar moyenâgeux, situant chaque situations dans le fil du temps.
Avec cette galerie de personnages taillés pour tuer, Ronan Toulhoat exprime son dessin musculeux sur un terrain de jeu glauque à souhait, les bas-fonds sombres et inquiétants d’une capitale où se bâtit encore Notre-Dame (le scénariste a fait avancer de 30 ans sa construction pour nous en offrir la façade et Toulhoat a réalisé quelques cases saisissantes et spectaculaires !!).

Et si cette aventure se forge dans la force et la puissance (marque de fabrique de ses auteurs), Toulhoat démontre une réelle maîtrise pour sa première tentative d’encrage de ses planches (réalisées en numérique), gérant magnifiquement les décors poisseux et s’enfonçant avec envie dans les sombres venelles de la capitale. Son dessin a gagné en maturité, avec un découpage fait pour l’action, qui renforce les ambiances de coupe-gorges où se déroule la majorité des scènes. Là où se joue le sort de l’Histoire, Toulhoat s’appuie sur des décors de salles noyées dans des ombres que font vaciller le rougeoiement des grands feux de cheminée.
C’est visible, il s’est éclaté dans ses jeux d’ombres et de lumière.
Ses noirs sont profonds, s’enfonçant dans une part de ténèbres effrayants, magnifiant les architectures. Ses oranges donnent vie aux salles obscures, danse du feu venant lécher les ombres projetés sur les murs. Les verts sont bien glauques, avec ces hallebardes de pluie qui s’abattent dans les rues de Paris pendant que des crimes odieux y sont commis...

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Sur l’ordre du Triste Sire, on tue...

Une série faite pour durer...

Oui, “Le Roy des Ribauds” m’a amplement convaincu, dans son format de comic book bien renflé, et je vous invite à lui faire fête. Pour son second tome, j’attends un peu plus de présence féminine, encore des jeux politiques sournois entre le machiavélique Philippe Auguste et son ennemie, Aliénaor d’Aquitaine. Et l’arrivée dans cette danse de mort de Richard Cœur de Lion...

Messieurs Brugeas et Toulhoat, à vous de jouer, nous y prendrons grand plaisir... Quelque chose me dit que nous n’avons pas fini de voir la mine froide du Triste Sire, et c’est tant mieux ! (lisez le très intéressant dossier de Vincent Brugeas en fin d’album).


Le Roy des Ribauds (livre 1)
- Scénario : Vincent Brugeas
- Dessins et couleurs : Ronan Toulhoat
- Éditeur : [Akileos]
- Format : 24 x 32 cm
- Pagination : 160 pages couleur
- Dépôt légal : 5 février 2015
- Numéro ISBN : 978-2-35574-180-7
- Prix public : 19 €


Illustrations © Ronan Toulhoat et Éditions Akileos (2015)



Fabrice Leduc
17 août 2015




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