Genre : historique, politique
Durée : 1h33
Avec David Strathairn (Ed Murrow), Robert Downey Jr. (Joe Wershba), George Clooney (Fred Friendly), Jeff Daniels (Sig Mickelson), Patricia Clarkson (Sherry), Frank Magella (Paley)
En pleine Guerre Froide, le sénateur McCarthy engage contre les communistes une chasse aux sorcières. De nombreuses personnes passent devant la commission, leurs droits les plus élémentaires étant au passage bafoués... au nom d’une pensée unique puritaine et moralement contestable.
« Good Night et Good Luck » évoque une période sombre de l’histoire du maccarthysme par le biais du journaliste-phare de CBS, Murrow. Engagé contre le sénateur, il est soutenu par le patron de la chaîne, son équipe et une partie de l’opinion.
Le film est d’une sobriété surprenante, son absence de rythme pouvant déstabiliser un spectateur habitué au traitement en forme de clip que propose la majorité des films contemporains. L’impression de huis-clos est très présente puisque l’essentiel de l’action se déroule dans les studios de la chaîne. On assiste à l’élaboration complète d’une émission finalement diffusée en direct. Du choix des reportages à l’écriture des interventions de Murrow, tous les processus de la fabrication sont présents. Les détails ne sont pas occultés et donnent au film un ton documentaire, accentué par les images d’époque lors des interventions du sénateur. L’atmosphère de réalisme -l’image est en noir et blanc- rend encore plus réelle l’histoire évoquée.
« Good Night and Good Luck » n’est pas qu’une simple reconstitution du maccarthysme, c’est aussi un film miroir sur la situation actuelle des Etats-Unis, menés par un gouvernement qui n’hésite pas à utiliser le mensonge pour justifier ses actes, pays dominé par la peur depuis le 11 septembre 2001 et les difficultés depuis l’invasion de l’Irak en 2003.
George Clooney, à qui on pardonne complètement son départ d’« Urgences », démontre ici toute l’étendue de son talent de cinéaste en s’attaquant à une période peu reluisante de l’histoire américaine. Farouchement opposé à George W. Bush, il a su se faire une place sur la scène mondiale en travaillant dans des films tels que « Les Rois du désert », ou plus légèrement, avec Steven Soderbergh. Acteur comique ou réalisateur politiquement engagé, son pouvoir dépasse aujourd’hui largement les limites de l’industrie cinématographique. Car Clooney est un des rares acteurs actuels à pouvoir exprimer ses idées dans ses interprétations ou ses réalisations. Comme leader d’une contestation politique, ses prochaines interprétations et réalisations sont attendues....
Si l’on devait reprocher quelque chose au film de Clooney, ce serait le manque d’épaisseur de ses personnages, qui restent liés à une réalité historique et qui ne savent s’en dégager pour entrer dans la fiction. De même, le film est assez bavard. Sans une connaissance minimale de l’histoire, la compréhension peut s’avérer difficile : ce récit s’adresse à un public ciblé.
Le regard désenchanté de l’acteur David Strathairn donne une présence incroyable au personnage de Ed Murrow. Décidé à déstabiliser MacCarthy, ce journaliste engagé saura se montrer convaincant auprès de l’opinion et des instances gouvernementales puisque le sénateur sera condamné en 1953. Les paroles de Ed Murrow sont autant de vérités passées et actuelles sur la télévision, l’information et la manipulation de la vérité.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : George Clooney
Scénario : George Clooney & Grant Heslov
Producteur : Grant Heslov
Production : Section Eight,Warner Independant Pictures
Producteur exécutif : Steven Soderbergh
Photo : Robert Elswitt
Costumes : Louise Frogley
Montage : Stephen Mirrione
Chef décorateur : James D. Bissel
Distribution Internationale : 2929 Entertainment, Metropolitain FilmExport, Warner Bros.