L’idée de donner la vedette d’un comics à un « sidekick », le jeune partenaire d’un super-héros, est vraiment bonne car il souffre en général de problème que son mentor ne connaît pas. Notamment le fait d’être considéré au mieux comme un faire-valoir, au pire comme un « giton » (sic). Dans “Sidekick”, Joe Michael Straczynski nous plonge dans le quotidien d’un Flyboy tourmenté, boudé par les habitants et les médias qui font et défont les héros au gré de leurs envies.

Graphiquement, cet ouvrage est plutôt beau. Fort en contraste, le travail des ombres sert une histoire sombre et les moments de solitude dépressive du héros ne sont pas sans rappeler les films noirs des années cinquante. On notera d’ailleurs, chez Tom Mandrake, un très bon sens du cadrage qui donne au récit une dimension très dynamique.
“Sidekick” est un histoire de personnages, c’est à dire que l’intérêt premier de l’ouvrage ne se trouve pas dans les situations, péripéties ou twist final. Bien que présents, ils sont relégués au second plan pour laisser place à la psychologie complexe des héros ou, pour le cas présent, des anti-héros. L’angle choisit par Straczynski est intéressant : qu’est ce qui fait un héros et quelles sont leurs motivations réelles ? Hormis bien sûr quand ils ont une tragique histoire avec leur parents, qu’est-ce qui, à un moment donné, pousse un homme à devenir un super-héros ? La gloire ? La richesse ? L’orgueil ? Et au-delà de ces raisons, qu’est-ce qui fait l’amour de la population pour un héros ? Ses succès ? Sa personnalité ? Ses pouvoirs ?
Comme toujours dans les bons comics, l’auteur nous renvoie une image de notre société et au travers de héros et de luttes de pouvoir, c’est de notre société dont il est question. Ainsi dans “Sidekick”, ce sont les médias qui font et défont les héros, ils n’existent qu’à travers la vision que les gens ont de lui et leur vision est décidée à travers les médias. Les héros sont également soutenus financièrement par certaines grandes compagnies qui ressemblent à s’y méprendre à des lobbies. Si les superhéros étaient financés par des sociétés, quelles seraient les contreparties exigées par celles-ci pour maintenir leur soutien ? Ou bien est-ce qu’il s’agit d’une image comme ces sportifs ou acteurs qui incarnent l’esprit d’une marque ?
La thématique est intéressante et très riche et pour ce premier tome, Straczynski aborde toutes ces questions alors qu’il aurait pu les disséminer au fil des opus. Le bon côté est que cet ouvrage est fourni et fourmille d’idées, il faudra attendre les prochains pour savoir s’il y a un mauvais côté. Espérons donc que l’auteur n’ait pas dit tout ce qu’il avait à dire dans ce tome.
(T1) Descente aux enfers
Série : Sidekick
Scénario : Joe Michael Straczynski
Dessins : Tom Mandrake
Couleurs : Hifi
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande]
Format : 17,5 x 26,5 cm
Pagination : 160 pages couleur
Dépôt légal : 21 janvier 2015
Numéro ISBN : 978-2-7560-4783-6
Prix public : 15,95 €
Illustrations © Tom Mandrake et Éditions Delcourt (2015)