Comme dans “De Charybde en Scylla”, on débute par un monologue interne, celui de Kadir qui revient sur son passé pour expliquer ce qui le pousse à prendre des risques énormes pour sauver les prisonniers de sortes de lézards rouges sanguinaires. Le personnage apparaît tout de suite plus sympathique, d’autant qu’il révèle tout du long un visage plus humain.

Plus d’une fois, Rick Remender use du subterfuge pour donner plus d’épaisseur aux protagonistes de “Black Science”. La plupart ont vécu des expériences douloureuses qui les ont façonnés. C’est ainsi que Nate et Pia veulent revoir leur mère Sara, mais ne regrettent pas Grant, leur père qui les a tous délaissés, entretenant une liaison avec son assistante Rebecca, aussi entraînée dans la course chaotique du Pilier.
Cette animosité permet d’ailleurs de nous offrir une fin dramatique à souhait. Le scénariste ne néglige aucune piste et exploite aussi bien les adultes que les deux enfants de l’histoire, lui donnant alors un côté initiatique quand les deux se retrouvent livrés à eux-mêmes.
Cette fois-ci, le récit proprement dit se déroule dans le même univers, mais la richesse de cette création aux allures d’oignon multicouche offre bien des potentialités dans lesquelles Remender s’engouffre, nous proposant notamment une impressionnante poursuite de voitures dans une civilisation d’inspiration égyptienne première moitié du 20e siècle, mettant quelques incarnations des membres de l’équipe aux prises. Même Grant McKay ne peut pas se saquer !

Aux crayons, Matteo Scalera nous régale à nouveau de ses dessins, rehaussés par la colorisation de Dean White qui nous éblouit par des ambiances qui claquent et attirent les regards.
Le mélange des genres lui permet de laisser libre court à son imagination pour l’esthétique générale. Kadir combat en armure du Moyen-âge aux côtés du chamane indien, devenu un allié de circonstance, en armure futuriste. La cité du Caire décalée s’avère somptueuse. Les autochtones des mondes visités couvrent bien des aspects différents. Des poissons avec des pattes comme montures... L’intérêt de “La boîte de Pandore” qui porte également très bien son titre se situe aussi bien dans son histoire que dans son visuel, tous deux très réussis.
L’action est omniprésente, les développements de l’histoire sont alambiqués mais bien trouvés, l’exécution graphique est addictive.

Si on devait faire la fine bouche, ce serait de constater que le prix a augmenté pour une pagination moindre. De 10 euros les 176 pages, on est passé à 15 euros les 136 pages ! Pas une broutille, mais après lecture de “La boîte de Pandore”, pas de regret, “Black Science” c’est du tout bon !
Le Pilier autorise le voyage à travers les dimensions de l’Infinivers et ils sont nombreux à le savoir. Chacun rêve d’en détenir une des nombreuses versions en circulation pour en faire... Attendons patiemment la suite pour le découvrir !
(T2) La boîte de Pandore
Série : Black Science
Scénario : Rick Remender
Dessin : Matteo Scalera
Couleurs : Dean White
Traduction : Benjamin Rivière
Éditeur : Urban Comics
Collection : Indies
Dépôt légal : 7 mai 2015
Format : 17 x 26,3 cm
Pagination : 136 pages couleurs
Numéro ISBN : 978-2-3657-7592-2
Prix public : 15 €
A lire sur la Yozone :
Black Science (T1) De Charybde en Scylla
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